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Colère des agriculteurs : la ministre met en garde contre les blocages

La colère des agriculteurs gronde face à l'accord UE-Mercosur. La ministre de l'Agriculture Annie Genevard met en garde contre les blocages, appelant au dialogue. Mais la grogne ne faiblit pas, les agriculteurs se sentant abandonnés par le gouvernement...

Le vent de la colère souffle sur les campagnes françaises. Alors que la grogne des agriculteurs ne cesse de s’amplifier face à l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, le gouvernement tente tant bien que mal de calmer le jeu. Mais la partie s’annonce difficile.

La ministre de l’Agriculture appelle au dialogue mais prévient

Invitée ce mercredi matin sur France 2, la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard a tenté de désamorcer la crise. Tout en reconnaissant la légitimité des revendications des agriculteurs, elle a néanmoins mis en garde contre les actions coup de poing.

Exprimer ses inquiétudes, revendiquer des avancées dans certains domaines est légitime, mais bloquer le pays, ce n’est pas acceptable.

Annie Genevard, ministre de l’Agriculture

Des propos fermes qui font écho aux menaces brandies par certains syndicats, dont la Coordination rurale, de « bloquer l’A9, les dépôts de carburants, les ports, les centrales d’achat » pour « provoquer un chaos et une pénurie alimentaire ».

« Vous avez une responsabilité vis-à-vis de vos agriculteurs »

Pour la ministre, de telles actions seraient « inacceptables » et desserviraient la cause des agriculteurs qui bénéficient encore d’un large capital sympathie auprès des Français :

Si demain, à la veille de Noël, certains empêchent les Français de préparer les fêtes, les artisans de travailler, ce sentiment de sympathie se dissipera.

Annie Genevard, ministre de l’Agriculture

Un avertissement à peine voilé aux syndicats tentés par la surenchère, la ministre les appelants à la « responsabilité vis-à-vis de leurs agriculteurs ».

Des promesses en attente de réalisation

Annie Genevard a néanmoins voulu rassurer en réaffirmant l’engagement du gouvernement à tenir les promesses faites lors de la précédente crise agricole en début d’année, assurant que les indemnisations pour pertes d’animaux seraient versées « avant la fin de l’année ».

Reste à savoir si ces engagements suffiront à calmer la colère qui couve. Car pour beaucoup d’agriculteurs, les mots ne suffisent plus. Ils attendent des actes forts pour préserver un modèle agricole français qu’ils jugent menacé.

Le spectre du Mercosur

Au cœur des inquiétudes, le fameux accord de libre-échange entre l’UE et les pays d’Amérique du Sud. Un texte sur lequel la France fait front commun avec plusieurs pays européens pour en bloquer la ratification, la jugeant néfaste pour l’agriculture européenne.

Annie Genevard a d’ailleurs rappelé les raisons de cette opposition, citant les « substances chimiques interdites depuis 20 ans en France » ou les « hormones de croissance » qui pourraient ainsi se retrouver dans nos assiettes. Et de marteler :

Aujourd’hui, un poulet sur deux consommé en France vient de l’extérieur. Ces filières ont besoin de vivre !

Annie Genevard, ministre de l’Agriculture

Un plaidoyer pour la souveraineté alimentaire et la défense d’une « agriculture familiale aux équilibres fragiles ». Mais face aux puissants intérêts économiques en jeu, le combat s’annonce âpre.

Un monde agricole au bord de la rupture

Car au-delà de cet accord controversé, c’est tout un modèle agricole qui vacille. Étranglés par des coûts de production toujours plus élevés et des prix d’achat en berne, de nombreux agriculteurs peinent à joindre les deux bouts.

La crise sanitaire, puis la guerre en Ukraine, sont venues fragiliser un peu plus un secteur déjà à bout de souffle. Les plans de soutien successifs n’ont été que des pansements sur une jambe de bois.

Résultat : un sentiment d’abandon et de colère qui monte dans les campagnes. La peur aussi de voir disparaître un savoir-faire et une excellence agricole qui font la fierté de la France.

L’agriculture, grande oubliée du quinquennat ?

Face à ce désarroi, beaucoup pointent la responsabilité des pouvoirs publics, accusés d’avoir délaissé l’agriculture au profit d’autres priorités. Un constat partagé par de nombreux syndicats agricoles qui dénoncent le manque d’ambition de la politique gouvernementale en la matière.

La nomination d’Annie Genevard, novice en la matière, à la tête d’un grand ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, n’a pas vraiment rassuré. Beaucoup y voient un signal inquiétant sur la place que compte réellement accorder l’exécutif aux enjeux agricoles lors de ce second quinquennat.

Reconstruire la confiance, un défi majeur

Pour la ministre, l’urgence est donc de recréer un lien de confiance avec un monde agricole qui se sent incompris et déconsidéré. Une gageure tant le fossé s’est creusé ces dernières années.

Il faudra des actes forts et des engagements tenus pour convaincre des agriculteurs échaudés par des années de promesses non tenues. Le chantier de la loi d’orientation agricole, annoncée pour 2024, sera un test majeur.

D’ici là, Annie Genevard va devoir naviguer en eaux troubles, entre la colère de la rue et les arbitrages budgétaires serrés. Avec le risque de se retrouver prise en étau et de finir broyée, comme ses prédécesseurs.

Une chose est sûre : la partie s’annonce serrée pour la ministre et le gouvernement. Car après des années de grogne, les agriculteurs semblent bien décidés cette fois-ci à aller jusqu’au bout. Quitte à passer à l’épreuve de force si nécessaire.

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