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Colère des agriculteurs français : un lundi de blocages

Ça chauffe dans les campagnes ! Les agriculteurs mettent le feu partout en France ce lundi, révoltés par l'accord Mercosur et les promesses en l'air du gouvernement. Des blocages qui risquent de paralyser le pays, les paysans ne décolèrent pas...

En ce lundi matin de novembre, un vent de fronde souffle sur les campagnes françaises. Des Pyrénées à la Bretagne, les agriculteurs ont décidé de passer à l’action pour exprimer leur ras-le-bol face à un gouvernement qui n’a pas tenu ses promesses et un accord de libre-échange avec le Mercosur jugé inacceptable. Feux de la colère, barrages filtrants, opérations escargot : les paysans comptent bien se faire entendre et risquent de paralyser une bonne partie du pays.

Les raisons de la colère

Déjà exaspérés cet hiver par des récoltes en berne, l’émergence de maladies animales et des prix qui ne leur permettent pas de vivre décemment, les agriculteurs considèrent l’accord UE-Mercosur comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Cet accord commercial ouvrirait grand les portes du marché européen aux produits sud-américains, avec à la clé une concurrence jugée déloyale et dévastatrice.

Mais au-delà du Mercosur, c’est l’attitude du gouvernement qui met le feu aux poudres. Après une forte mobilisation en début d’année, les paysans avaient arraché 70 engagements de l’exécutif pour soutenir le secteur. Or la concrétisation de ces promesses serait pour l’instant au point mort, souligne Pierrick Horel, le président des Jeunes Agriculteurs :

Peu de choses ont vraiment bougé depuis le début de l’année. On a l’impression d’avoir été bernés, que le gouvernement a fait des promesses en l’air pour calmer la grogne mais sans réelle volonté de changer les choses en profondeur.

Un lundi noir dans les campagnes

Pour faire entendre leur colère, les syndicats agricoles appellent à une journée d’action ce lundi dans toute la France. Au menu : des “feux de la colère” allumés à la tombée de la nuit sur de nombreux ronds-points, des barrages filtrants pour ralentir la circulation, et même des « zones à défendre » (ZAD) contre les projets d’artificialisation des terres.

85 points de mobilisation seraient prévus à travers le pays selon la FNSEA. En Île-de-France, le trafic a été fortement perturbé en début de matinée sur la N118 à hauteur de Vélizy-Villacoublay (Yvelines) à cause d’un barrage de tracteurs.

En Bretagne, les préfectures des Côtes d’Armor s’attendent à des perturbations à Guingamp, Dinan et Lamballe. Dans le Grand Est, les paysans prévoient d’allumer des braseros à Troyes et de se rassembler massivement devant la préfecture à Châlons-en-Champagne.

Des cortèges de tracteurs devraient également défiler un peu partout, que ce soit à Cahors, Albi, Montauban ou encore Auch dans le sud-ouest. Partout, les agriculteurs entendent “mettre la pression” sur le gouvernement avec ces coups d’éclat.

Des actions symboliques mais des revendications de fond

Si le scénario rappelle les grandes mobilisations des “gilets jaunes”, avec ses points de blocage et ses feux symboliques, la comparaison s’arrête là selon les leaders agricoles. Loin d’être un mouvement anti-fiscal, la fronde paysanne porte des revendications précises :

  • Un revenu décent permettant aux agriculteurs de vivre de leur travail
  • Une protection face à la concurrence déloyale et aux aléas climatiques
  • Le respect des engagements pris par le gouvernement pour la filière

Des revendications que le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a promis d’examiner attentivement. Reste à savoir si cela suffira à calmer la colère qui gronde au cœur des campagnes. Car derrière les feux de ce lundi soir et les coups de klaxon dans les champs, c’est un malaise profond qui s’exprime, celui d’une profession qui se sent malmenée, incomprise, et en voie de paupérisation.

Un nouveau round de négociations s’annonce entre le gouvernement et les représentants agricoles. Mais d’ores et déjà, les paysans préviennent : si rien ne change, le feu qui brûle dans les campagnes risque de se propager et d’embraser tout le pays. La balle est dans le camp de l’exécutif.

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