La colère gronde chez les agriculteurs français et belges. Depuis mercredi soir, ils bloquent l’autoroute A2 qui relie Lille à Bruxelles au niveau de la frontière franco-belge pour protester contre l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Selon la Coordination rurale, syndicat agricole qui a lancé le mouvement, une cinquantaine de tracteurs sont encore mobilisés ce jeudi matin, empêchant toute circulation sur cet axe majeur.
Une « concurrence déloyale » dénoncée
Les agriculteurs dénoncent les termes de cet accord de libre-échange qui, selon eux, va exposer les filières agricoles européennes à une « concurrence déloyale » de pays où les normes sanitaires, environnementales et sociales sont bien moins strictes. « On ne peut pas mettre en concurrence nos agriculteurs avec ceux d’Amérique du Sud qui n’ont pas du tout les mêmes contraintes », s’indigne Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale.
Des contrôles sur les importations exigés
Outre le blocage autoroutier, les manifestants mènent aussi des opérations de contrôle sur les routes du Nord et de l’Est pour examiner les camions venant de l’étranger. « On se concentre sur la viande importée, pour vérifier qu’elle correspond bien aux normes françaises », précise le porte-parole syndical. Les agriculteurs réclament un renforcement des contrôles sur les produits venant des pays du Mercosur.
Le principal sujet, c’est d’avoir une rémunération correcte, sans avoir besoin de toujours demander soit des subventions ou des aides.
Stéphane Bleuzé, président de la Coordination rurale du Nord
Une rémunération « correcte » au cœur des revendications
Au-delà de la contestation de l’accord avec le Mercosur, les agriculteurs entendent profiter de cette action pour mettre en lumière les difficultés persistantes de leur profession. « Le principal sujet, c’est d’avoir une rémunération correcte, sans avoir besoin de toujours demander soit des subventions ou des aides », résume Stéphane Bleuzé, président de la Coordination rurale du Nord, présent sur le barrage filtrant.
Les manifestants interpellent le gouvernement et le président de la République, l’exhortant à prendre des mesures concrètes pour soutenir l’agriculture française face à la mondialisation. Malgré la démission d’Elisabeth Borne et la crise politique actuelle, ils estiment que l’exécutif ne peut ignorer plus longtemps la souffrance du monde paysan.
Appels à éviter le secteur
Face à ce mouvement qui perturbe fortement le trafic, la préfecture du Nord a mis en place des déviations et appelle les automobilistes à éviter le secteur. L’autoroute A2 est coupée dans le sens Paris-Bruxelles au niveau de la commune de Hensies, indique-t-elle dans un communiqué. La durée du blocage reste pour l’heure indéterminée, les agriculteurs se disant déterminés à maintenir la pression.
Cette action transfrontalière témoigne de l’inquiétude grandissante des agriculteurs européens face à la libéralisation des échanges commerciaux. Selon des sources syndicales, d’autres mobilisations pourraient avoir lieu dans les prochains jours en France et chez nos voisins si le gouvernement et l’UE ne donnent pas de gages concrets aux filières agricoles.