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Coca-Cola accusé de capter l’eau en période de sécheresse en Colombie

Un nouveau scandale pour Coca-Cola en Colombie. Le géant américain est accusé de capter des milliers de litres d'eau sans restriction pendant une sévère sécheresse. Les autorités ouvrent une enquête tandis que la polémique enfle sur les priorités entre consommation humaine et activités industrielles en période de crise hydrique. Coca-Cola va-t-il devoir rendre des comptes ?

Coca-Cola se retrouve une nouvelle fois sous le feu des critiques, cette fois en Colombie. Les autorités du pays ont annoncé l’ouverture d’une enquête administrative contre une société d’embouteillage de la multinationale américaine. En cause : des prélèvements d’eau massifs effectués en pleine période de sécheresse et de rationnement.

La marque Manantial de Coca-Cola visée

Selon une enquête du portail d’information Voragine, la marque d’eau en bouteille Manantial, détenue par Coca-Cola, aurait extrait plus de 279 000 litres d’eau par jour d’une rivière à La Calera, une localité située à proximité de la capitale Bogotá. Des prélèvements effectués sans restriction malgré la situation d’urgence liée à la sécheresse qui sévit dans la région.

Des millions d’habitants de Bogotá et de ses environs subissent en effet des coupures d’eau périodiques depuis le mois d’avril en raison du faible niveau des réserves et de l’absence de précipitations. Une situation critique qui n’aurait pas empêché la firme de continuer ses opérations.

Le règlement indique clairement que l’utilisation prioritaire doit être la consommation humaine et non les activités industrielles.

– Alfred Ballesteros, directeur de la CAR

Vers une étude hydrologique

Face à cette polémique, l’autorité environnementale régionale, la Corporation autonome de Cundinamarca (CAR), a annoncé l’ouverture d’une enquête pour vérifier ces informations. Son directeur, Alfred Ballesteros, a souligné que la priorité devait être donnée à l’approvisionnement des populations :

Une “étude hydrologique” va être réalisée pour “comprendre l’approvisionnement en eau, la demande et déterminer s’il y a suffisamment d’eau, d’abord pour les communautés et ensuite pour d’autres usages”, a-t-il précisé. Les autorités vont donc devoir trancher entre les besoins vitaux des habitants et les intérêts économiques d’une multinationale.

Une licence d’extraction depuis 1981

Manantial dispose en réalité d’une licence l’autorisant à extraire 3,23 litres d’eau par seconde à La Calera depuis 1981. Mais dans le contexte actuel de stress hydrique aigu, le caractère prioritaire d’une telle utilisation industrielle de la ressource est remis en cause.

En tant qu’autorité environnementale, notre priorité est que les gens aient accès à l’eau potable et nous ne pouvons pas privilégier l’utilisation privée au détriment d’une utilisation pour les communautés.

– Alfred Ballesteros, directeur de la CAR

Silence radio du côté de Coca-Cola

Pour l’instant, Coca-Cola n’a pas réagi publiquement aux accusations portées par l’article de Voragine, qui citait notamment le témoignage d’agriculteurs locaux touchés par la sécheresse. La multinationale va-t-elle revoir ses pratiques et faire primer l’intérêt général sur ses profits dans cette région du monde durement impactée par le changement climatique ? L’enquête des autorités colombiennes permettra peut-être d’y voir plus clair et de fixer de nouvelles règles.

Cette polémique rappelle en tout cas que la gestion de l’eau est un enjeu crucial à l’heure du réchauffement climatique et que des arbitrages douloureux seront nécessaires. Entre besoins humains fondamentaux et appétits des industriels, le curseur devra être placé. Et pas seulement en Colombie.

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