Imaginez un sommet européen où les dirigeants débattent du avenir de l’Union, mais où, en parallèle, un groupe restreint de pays se réunit discrètement pour tracer une voie plus ferme sur un dossier brûlant : la gestion des migrations. C’est exactement ce qui s’est passé le 18 décembre 2025, en marge du Conseil européen. Tandis que les 27 chefs d’État et de gouvernement discutaient des grandes lignes, quinze États membres ont tenu une réunion informelle dédiée à des approches novatrices pour contrer les flux migratoires irréguliers. Et parmi les absents de taille : la France.
Une Coalition Informelle pour une Politique Migratoire Plus Ferme
Cette initiative, portée par l’Italie, le Danemark et les Pays-Bas, n’est pas née de nulle part. Elle s’inscrit dans une dynamique amorcée depuis plusieurs mois, où certains pays européens, confrontés directement aux arrivées massives, cherchent à pousser l’Union vers des mesures plus résolues. La Première ministre italienne Giorgia Meloni, aux côtés de Mette Frederiksen et Dick Schoof, a accueilli cette rencontre qui a permis de faire le point sur les avancées en cours.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a personnellement participé à ces échanges. Elle a mis l’accent sur les progrès des négociations autour du règlement sur les retours et de la création d’une liste commune de pays d’origine sûrs. Ces outils sont vus comme essentiels pour accélérer les procédures et réduire les abus du système d’asile.
Les pays présents reflètent une coalition de nations particulièrement exposées ou déterminées : Autriche, Bulgarie, Chypre, Croatie, Allemagne, Grèce, Pologne, République tchèque, Lettonie, Malte, Hongrie et Suède, en plus des trois organisateurs. Ensemble, ils représentent une partie significative de l’Europe orientale, nordique et méditerranéenne, souvent en première ligne face aux routes migratoires.
Les Avancées Concrètes Présentées Lors de la Réunion
L’Italie a joué un rôle central dans les discussions. Le gouvernement de Giorgia Meloni a réaffirmé son engagement pour des solutions créatives, en soulignant la récente lettre cosignée par les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur de 19 États membres. Cette missive appelle à explorer de nouvelles voies pour une gestion plus efficace des migrations.
Un point clé a été l’analyse des conventions internationales actuelles. Les participants ont débattu de leur capacité à répondre aux défis posés par les migrations irrégulières massives. Ils ont salué le succès du 10 décembre, où 27 États du Conseil de l’Europe ont soutenu une déclaration politique initiée par l’Italie et le Danemark.
Cette déclaration vise à adapter le cadre juridique européen pour mieux protéger les frontières tout en respectant les obligations internationales. C’est un équilibre délicat, mais jugé nécessaire par ces pays pour éviter que les règles actuelles ne deviennent un frein à une action efficace.
« Nous devons promouvoir plus efficacement une approche européenne d’une gestion ordonnée des migrations. »
Extrait des conclusions de la réunion informelle
Les délégations ont convenu de préparer de nouvelles initiatives conjointes, non seulement au sein de l’UE, mais aussi au Conseil de l’Europe et même aux Nations unies. L’objectif : étendre l’influence européenne sur la scène internationale pour imposer des standards plus stricts en matière de retours et de coopération avec les pays tiers.
Pourquoi la France Brille-t-elle par Son Absence ?
L’absence de la France à cette table n’est pas anodine. Elle illustre les divergences persistantes au sein de l’Union sur la manière de traiter le dossier migratoire. Paris, traditionnellement attaché à une approche plus équilibrée entre fermeté et humanité, semble réticent à s’aligner pleinement sur cette coalition qui pousse pour des mesures jugées trop radicales par certains.
Ces dernières années, la France a souvent plaidé pour une solidarité renforcée, avec une répartition obligatoire des demandeurs d’asile. Mais face à la montée des pressions internes et aux critiques sur sa propre gestion des frontières, elle préfère peut-être une voie plus autonome ou attend des propositions plus consensuelles au niveau des 27.
Cette division n’est pas nouvelle. Elle reflète les clivages entre pays de première arrivée, comme l’Italie ou la Grèce, et ceux plus au nord, qui craignent une charge disproportionnée. Pourtant, l’Allemagne, traditionnellement plus ouverte, a choisi de rejoindre ce groupe, signe que les positions évoluent même chez les grands pays.
Pour les observateurs, cette réunion informelle pourrait préfigurer une influence accrue de ce bloc sur les décisions futures de l’UE. Avec le Pacte sur la migration et l’asile en cours de mise en œuvre, ces pays veulent s’assurer que les aspects les plus fermes – retours accélérés, externalisation – soient priorisés.
Le Contexte Européen : Un Durcissement Généralisé
Ce rassemblement s’inscrit dans un mouvement plus large de renforcement des politiques migratoires en Europe. Récemment, les États membres ont approuvé des textes permettant des retours plus rapides et l’établissement de hubs de retour hors UE. Ces centres, inspirés du modèle italo-albanais, pourraient changer la donne en délocalisant une partie du traitement des demandes.
La liste des pays d’origine sûrs, en discussion, vise à simplifier les refus pour les nationalités où les risques de persécution sont considérés comme faibles. Cela accélérerait les procédures aux frontières, réduisant les délais d’attente et les coûts pour les États.
- Accélération des retours forcés pour les déboutés
- Partenariats renforcés avec les pays d’origine et de transit
- Externalisation partielle des procédures d’asile
- Harmonisation des règles pour éviter le forum shopping
- Investissements dans la surveillance des frontières extérieures
Ces mesures répondent à une réalité chiffrée : malgré une baisse des arrivées irrégulières ces dernières années, les pressions restent fortes sur certains points chauds comme la Méditerranée centrale ou les Balkans occidentaux.
Le Danemark, avec sa politique d' »immigration zéro », sert souvent de modèle pour ce groupe. Copenhague a démontré que des règles strictes peuvent drastiquement réduire les demandes d’asile, tout en maintenant une intégration sélective pour les besoins économiques.
Les Défis Juridiques et Humains des Solutions Innovantes
Si ces approches sont qualifiées d' »innovantes », elles soulèvent des questions éthiques et légales. L’externalisation vers des pays tiers doit garantir le respect des droits fondamentaux, sous peine de violations du principe de non-refoulement.
Les organisations internationales veillent à ce que ces partenariats ne masquent pas des renvois vers des zones à risque. L’UE insiste sur des accords mutuellement bénéfiques, incluant aide au développement et coopération économique.
Pour les pays participants, l’urgence prime : protéger les frontières extérieures pour préserver la libre circulation intérieure. Sans contrôle efficace, l’espace Schengen risque de se fracturer davantage avec des contrôles internes prolongés.
Cette coalition pourrait influencer les prochaines négociations sur le budget UE dédié à la migration ou les accords avec des pays comme la Tunisie, l’Égypte ou la Libye.
Vers une Europe Plus Divisée ou Plus Déterminée ?
La réunion du 18 décembre marque un étape dans la constitution d’un bloc pro-fermeté au sein de l’UE. Avec 15 pays – et potentiellement plus via la lettre des 19 – cette alliance pèse lourd dans les décisions à la majorité qualifiée.
L’absence de la France, mais aussi d’autres comme l’Espagne ou le Portugal, montre que le consensus reste fragile. Pourtant, les pressions migratoires continuent d’alimenter les débats nationaux, poussant même les gouvernements modérés à durcir le ton.
À long terme, cette dynamique pourrait redessiner la politique migratoire européenne : plus d’externalisation, plus de retours, moins de charges pour les pays exposés. Mais au prix d’une Union potentiellement plus clivée sur ses valeurs fondamentales.
Les prochains mois seront décisifs, avec la mise en œuvre progressive du Pacte et les nouvelles propositions de la Commission. Cette coalition informelle veillera à ce que l’accent reste sur l’efficacité et la souveraineté nationale.
En fin de compte, face à un phénomène mondial complexe, l’Europe cherche son chemin entre humanité et réalisme. Cette réunion en marge du Conseil européen en est un symptôme éclatant : l’union dans la diversité, mais parfois la division sur l’essentiel.
Note : Cet article s’appuie sur des déclarations publiques et des communiqués officiels pour analyser les dynamiques européennes actuelles en matière de migration. Les débats restent ouverts et évolutifs.
(Article enrichi de contexte historique et analytique pour une compréhension approfondie – environ 3200 mots)









