Alors que la lutte contre le changement climatique s’intensifie, certains arguments climatosceptiques refont surface, remettant en cause l’impact réel des activités humaines. Parmi eux, l’idée que les éruptions volcaniques seraient bien plus néfastes pour le climat que nos émissions de gaz à effet de serre. Mais qu’en est-il vraiment ?
Éruptions volcaniques : un impact surestimé ?
Récemment, un message devenu viral sur les réseaux sociaux affirmait que 29 volcans actifs rejetteraient quotidiennement 120 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Face à de telles quantités, limiter les émissions issues de l’agriculture, et notamment des flatulences bovines, semblerait dérisoire. Un argumentaire trompeur qui surestime largement l’impact volcanique tout en minimisant celui des activités anthropiques.
Les volcans, réellement responsables du réchauffement ?
Précisons d’abord qu’une vache émet principalement du méthane, et ce surtout via ses rots. Selon le gouvernement canadien, chaque bovin génèrerait ainsi 400 kg de méthane par jour, soit l’équivalent de 20 000 km parcourus en voiture sur une année. Mais les volcans sont-ils pour autant responsables de rejets si massifs qu’ils rendraient vains nos efforts ?
Les experts du GIEC sont formels : les émissions volcaniques annuelles sont 100 fois inférieures à celles de la population mondiale. Elles n’auraient d’ailleurs pas d’incidence significative sur le climat à l’échelle d’un siècle. Une conclusion partagée dès 2011 par le géologue Terry Gerlach, qui estimait l’impact humain 90 fois supérieur à celui du volcanisme.
L’éruption du Pinatubo, un cas édifiant
Pour mieux saisir cette disproportion, l’Institut de Recherche Paléontologique propose de se pencher sur la fréquence à laquelle une éruption majeure devrait survenir pour égaler nos rejets annuels de CO2. Prenons l’exemple du mont Pinatubo, qui connut en 1991 l’une des 3 plus importantes éruptions du XXe siècle.
D’après les scientifiques, cet événement aurait libéré environ 50 millions de tonnes de CO2 en l’espace de 9 heures. Or, pour atteindre les émissions humaines sur une année, il faudrait qu’une telle éruption se produise toutes les 12 heures et demie. Un scénario évidemment irréaliste.
Des rejets volcaniques bien réels, mais minimes
Certes, les volcans émettent bel et bien du CO2, à la fois lors des éruptions et via le magma souterrain. Mais les quantités en jeu demeurent infimes face à celles issues des activités humaines. Près de 100 fois inférieures, elles ne peuvent être considérées comme une cause majeure du réchauffement climatique.
Rappelons qu’à l’échelle mondiale, la production d’électricité et les transports représentent les 2/3 des émissions de gaz à effet de serre. Des secteurs clés dans la lutte pour la préservation du climat, sur lesquels il est essentiel d’agir.
Lutter contre la désinformation climatique
Face aux fake news qui circulent régulièrement sur le sujet, il est crucial de s’appuyer sur des données scientifiques fiables. Les travaux du GIEC, qui compile les recherches de centaines d’experts internationaux, font ici référence.
Il est tentant de chercher des explications naturelles au réchauffement, mais les faits sont là : les activités humaines en sont la cause principale.
Valérie Masson-Delmotte, Co-présidente du GIEC
Plutôt que de minimiser notre responsabilité, concentrons-nous sur les solutions pour réduire notre empreinte carbone. Développer les énergies renouvelables, repenser nos modes de transport et de consommation… Les leviers d’action sont nombreux, à nous de les activer !
En bref
- Les éruptions volcaniques ont un impact 100 fois inférieur aux activités humaines sur le climat
- Une éruption majeure toutes les 12h serait nécessaire pour égaler nos émissions annuelles
- La production d’électricité et les transports représentent 2/3 des émissions mondiales
- Misons sur les énergies renouvelables et de nouveaux modes de vie pour inverser la tendance