L’économie française traverse une zone de turbulences. Selon le dernier pointage de l’Insee, le climat des affaires s’est fortement dégradé en juillet, tombant à son plus bas niveau depuis février 2021. Cet indicateur synthétisant la confiance des chefs d’entreprise dans les principaux secteurs a perdu 5 points en un mois, s’établissant désormais bien en-deçà de sa moyenne de long terme. Un coup de froid en plein cœur de l’été qui en dit long sur l’état de santé de l’économie hexagonale.
Services et industrie, principales victimes
Premier constat alarmant : la dégringolade de l’indicateur dans le secteur des services. De 101 points en juin, il a chuté à 95 points en juillet. La faute à des chefs d’entreprise nettement plus pessimistes quant à la demande prévue dans les mois à venir. Autrement dit, les carnets de commandes risquent de se dégarnir, mettant en péril l’activité et l’emploi du secteur.
L’industrie n’est pas en reste. L’indicateur y a reculé de 4 points, passant sous la barre symbolique des 100 points. Les industriels s’inquiètent particulièrement de la baisse des commandes en provenance de l’étranger. Une mauvaise nouvelle pour nos exportations et plus globalement pour notre balance commerciale, déjà précaire.
Commerce de détail et de gros dans le rouge
Dans la distribution aussi, la confiance se lézarde. L’indicateur a reculé de 5 points dans le commerce de détail, les professionnels jugeant moins favorablement leurs intentions de commandes et leurs perspectives générales d’activité. De quoi craindre un ralentissement de la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance française.
Même son de cloche du côté du commerce de gros, avec une baisse de 3 points de l’indicateur en juillet comparé à mai. Un reflet des difficultés d’approvisionnement et d’écoulement des stocks rencontrées par les grossistes.
Climat de l’emploi : le ciel s’assombrit
Autre sujet d’inquiétude majeur : la nette dégradation du climat de l’emploi. L’indicateur a perdu 4 points, retombant à 96, principalement à cause des perspectives moroses d’embauche dans les services pour les mois à venir. Le spectre du chômage pourrait donc refaire surface après plusieurs mois d’embellie sur le front de l’emploi.
Seule lueur d’espoir dans ce tableau bien sombre : la construction limite la casse avec un recul d’un petit point de son indicateur. Pas de quoi pavoiser pour autant, celui-ci passant sous sa moyenne de long terme.
Un été sous haute tension
Comment interpréter ce coup de blues estival du climat des affaires ? Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer :
- Les tensions inflationnistes qui rognent les marges des entreprises et le pouvoir d’achat des consommateurs
- Les difficultés d’approvisionnement et les pénuries de main-d’œuvre qui pénalisent la production
- L’atonie persistante de la demande intérieure et le tassement des carnets de commande à l’export
- Les incertitudes géopolitiques et sanitaires qui assombrissent l’horizon économique mondial
Autant de vents contraires qui fragilisent la reprise et font craindre un coup de frein brutal de l’activité dans les prochains mois. Le gouvernement, qui tablait jusqu’ici sur une croissance de 4% cette année, devra sans doute revoir ses prévisions à la baisse. Et les entreprises, qui espéraient souffler après la crise Covid, vont devoir resserrer leurs ceintures et se préparer à des temps difficiles.
Certes, il ne faut pas noircir le tableau outre mesure. La situation n’est pas aussi catastrophique qu’au pic de la crise sanitaire. Les fondamentaux de l’économie française restent solides et des motifs d’espoir subsistent, comme la bonne tenue de l’investissement ou le dynamisme de certains secteurs innovants.
Mais ces derniers indicateurs sonnent clairement comme un avertissement. Si rien n’est fait pour restaurer la confiance et soutenir l’activité, le spectre d’une récession pourrait vite resurgir. L’exécutif va devoir muscler son plan de relance et accélérer les réformes pour redonner des perspectives aux acteurs économiques. Sinon, l’été indien de l’économie française pourrait virer à l’automne glacial.
Rendez-vous dans un mois pour le prochain baromètre de l’Insee. En espérant que d’ici là, le climat se sera quelque peu réchauffé…