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Citoyenneté au Qatar : Un parcours semé d’embûches

La nationalité qatarienne, un rêve presque inaccessible ? Seules 50 naturalisations par an, des droits inégaux entre citoyens, des conditions draconiennes...

Imaginez un pays où même après 25 ans de résidence légale, votre naturalisation n’est pas garantie. Bienvenue au Qatar, l’un des endroits les plus restrictifs au monde en matière de citoyenneté. Ce petit émirat du Golfe, connu pour sa richesse pétrolière et son influence grandissante, est aussi le théâtre d’une réalité méconnue : l’obtention de la nationalité qatarienne relève presque de l’impossible.

Une naturalisation au compte-gouttes

Chaque année, seule une poignée d’étrangers, environ 50 selon le Doha News, parvient à franchir le seuil de la citoyenneté qatarienne. Les conditions sont draconiennes : il faut avoir résidé légalement au Qatar pendant au moins 25 ans, sans s’absenter plus de deux mois consécutifs. Et même ainsi, rien n’est garanti.

Cette politique restrictive s’explique en partie par les généreux avantages offerts par l’État qatarien à ses citoyens. Étendre ces privilèges à un trop grand nombre représenterait un coût considérable pour le pays. Mais au-delà des considérations économiques, c’est toute une conception de la nation et de l’identité qui se dessine.

L’ascendance, clé de la citoyenneté

Au Qatar, l’ascendance prime sur le lieu de naissance. Être né sur le sol qatarien ne suffit pas à faire de vous un citoyen. Si votre père n’est pas qatarien, vous ne l’êtes pas non plus, même si votre mère détient la nationalité. Un principe qui souligne l’importance accordée aux liens du sang et à la filiation patrilinéaire.

Y’a 3 types de citoyens qatari selon leur degré d’autochtonité. Par exemple y’a des tribus bédouines qui peuvent pas prouver leur présence ancienne sur place qui sont considérées naturalisées.

– @sharozwa, Twitter

Une citoyenneté à plusieurs vitesses

Mais tous les citoyens qatariens ne sont pas logés à la même enseigne. Il existe différentes catégories de citoyens, en fonction de leur “degré d’autochtonie”. Les tribus bédouines qui peinent à prouver leur ancienneté sur le territoire sont reléguées au rang de “naturalisés”, avec des droits moindres que les Qatariens dits “de souche”.

Cette hiérarchisation de la citoyenneté crée de facto des inégalités au sein même de la population qatarienne. Certains se voient même déchus de leur nationalité, devenant ainsi apatrides, un phénomène qui touche toute la région du Golfe.

Le cas des footballeurs “naturalisés”

L’équipe nationale de football du Qatar illustre bien ces paradoxes. La majorité des joueurs sont en réalité des “naturalisés”, mais leur naturalisation est toute relative. Ils ne bénéficient que de titres de séjour temporaires, loin d’une véritable citoyenneté.

Cette politique de naturalisation à géométrie variable soulève des questions sur le sens même de la citoyenneté. Est-elle un simple outil au service des intérêts de l’État ? Ou devrait-elle refléter un véritable attachement à une nation, fondé sur des valeurs partagées ?

Le Qatar, malgré sa volonté d’ouverture et de rayonnement international, reste profondément ancré dans une conception traditionnelle et restrictive de la nationalité. Un paradoxe qui en dit long sur les défis d’un pays en pleine mutation, tiraillé entre modernité et conservatisme.

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