C’est un nouveau drame de l’immigration qui vient d’avoir lieu au large des îles Canaries. Mercredi 19 juin, les corps sans vie de cinq migrants ont été découverts à bord d’une embarcation de fortune dérivant à environ 800 km au sud de Tenerife. Un terrible bilan humain qui rappelle, une fois de plus, les dangers de cette route migratoire extrêmement périlleuse empruntée par des milliers de personnes chaque année pour tenter de rejoindre l’Europe.
Une pirogue à la dérive repérée trop tard
C’est un bateau qui a donné l’alerte mercredi après-midi, signalant une pirogue en perdition avec de nombreux migrants à son bord. Malgré l’intervention rapide des services de secours espagnols, cinq personnes avaient déjà perdu la vie lorsque les sauveteurs sont arrivés sur place. 68 autres migrants ont pu être secourus, dans un état de santé précaire après de longues heures passées en mer.
En raison des mauvaises conditions météorologiques, les corps de deux des cinq victimes ont dû être laissés sur l’embarcation à la dérive. Un crève-cœur pour les équipes de secours, contraintes d’abandonner les dépouilles de ces hommes et femmes partis pour un voyage sans retour.
Les traversées reprennent, plus risquées que jamais
Après une accalmie l’an dernier, les arrivées de migrants aux Canaries sont reparties à la hausse ces dernières semaines. Selon les autorités espagnoles, près de 19 000 personnes ont déjà débarqué sur l’archipel depuis le début de l’année 2024, contre un peu moins de 6 000 sur la même période en 2023. Un bond notable, qui s’accompagne hélas d’une recrudescence des drames.
Car la route des Canaries est l’une des plus dangereuses pour les candidats à l’exil. Moins surveillée que la Méditerranée, cette voie est empruntée par des pateras et autres embarcations de fortune en provenance du Maroc, du Sahara Occidental ou encore du Sénégal. Des traversées interminables, souvent dans des conditions déplorables, qui se soldent régulièrement par des naufrages meurtriers.
Selon l’ONG Caminando Fronteras, plus de 5 000 migrants auraient péri en tentant de gagner les côtes espagnoles au cours des cinq premiers mois de 2024. Un bilan effroyable.
Caminando Fronteras
L’Espagne, porte d’entrée de l’immigration clandestine en Europe
Avec l’Italie et la Grèce, l’Espagne fait partie des trois principaux points d’entrée de l’immigration illégale sur le Vieux Continent. Si les flux ont fortement baissé vers la Péninsule ces derniers mois, les Canaries voient au contraire affluer toujours plus de migrants, prêts à tout pour fuir la misère et les conflits.
Face à cette pression migratoire, Madrid appelle régulièrement à une réponse européenne coordonnée. Le gouvernement espagnol plaide notamment pour un renforcement de la coopération avec les pays de départ et de transit, afin de tarir les flux à la source. Mais aussi pour une meilleure répartition de l’accueil des demandeurs d’asile entre les États membres de l’UE.
En attendant, l’Espagne doit gérer seule l’afflux de migrants sur son territoire. Un défi immense, humain avant tout, comme le rappelle tragiquement le drame survenu cette semaine au large des Canaries. Cinq morts de plus, cinq destins brisés, venus allonger la longue liste des victimes de cette route migratoire impitoyable.
