Le tabac, éternel sujet de discorde entre les défenseurs de la santé publique et les partisans de la liberté individuelle. Et si l’Europe venait mettre son grain de sel dans ce débat déjà brûlant ? C’est ce que laisse présager les dernières recommandations de la Commission européenne, qui préconise notamment l’interdiction pure et simple de la cigarette sur les terrasses des bars et restaurants. Une mesure choc qui pourrait bien s’avérer liberticide selon l’essayiste Nathan Devers.
L’Europe part en croisade contre le tabac
Mardi dernier, la Commission européenne a dévoilé ses nouvelles directives antitabac, avec en tête de liste l’extension de l’interdiction de fumer dans certains espaces extérieurs comme les terrasses, les arrêts de bus ou encore les lieux de travail en plein air. Une volonté affichée de lutter contre le tabagisme passif, mais qui pourrait rapidement dériver vers une stigmatisation des fumeurs selon Nathan Devers :
Le problème de ces recommandations ne tient pas à leur volonté de limiter des libertés individuelles, qui n’est pas en soi « liberticide ». Qu’on doive, au seuil de la vie collective, troquer sa liberté naturelle contre une liberté civile, tel est le cœur de toutes les théories du pacte social.
– Nathan Devers, essayiste
Pour le philosophe, le véritable danger réside dans la criminalisation des fumeurs que pourraient entraîner de telles mesures. Car en bannissant la cigarette de la plupart des espaces publics, c’est toute une frange de la population que l’on risque de marginaliser.
Vers une société sans tabac ?
Si l’objectif affiché de ces recommandations est avant tout sanitaire, il n’en demeure pas moins qu’elles s’inscrivent dans une tendance de fond visant à éradiquer progressivement le tabac de nos sociétés. Une utopie d’un monde sans fumée qui soulève de nombreuses questions :
- Faut-il sacrifier les libertés individuelles sur l’autel de la santé publique ?
- Peut-on réellement espérer une société 100% non-fumeuse ?
- Quelles alternatives pour les fumeurs si le tabac venait à être banni ?
Autant d’interrogations qui divisent l’opinion et que les autorités européennes devront trancher si elles veulent aller au bout de leur logique prohibitionniste. Mais gare à ne pas tomber dans l’excès inverse en diabolisant les fumeurs et en les reléguant au ban de la société.
Vers un compromis entre fumeurs et non-fumeurs ?
Face à cette situation délicate, certains prônent un compromis entre le droit des fumeurs et celui des non-fumeurs. C’était notamment le cas par le passé avec l’instauration de wagons fumeurs dans les trains ou d’espaces réservés dans les restaurants. Une solution qui pourrait s’appliquer aux terrasses selon Nathan Devers :
Plutôt que d’interdire purement et simplement le tabac en extérieur, pourquoi ne pas imaginer des terrasses fumeurs et non-fumeurs comme cela se faisait dans les trains à une certaine époque ? Cela permettrait de concilier la liberté des uns et la santé des autres.
– Nathan Devers, essayiste
Une piste intéressante, qui nécessiterait cependant une certaine bonne volonté des deux côtés ainsi qu’une réglementation adaptée. Car le risque est grand de voir se multiplier les conflits entre pro et anti-tabac si aucun terrain d’entente n’est trouvé.
L’avenir du tabac en question
Au-delà du cas spécifique des terrasses, c’est bien l’avenir du tabac dans nos sociétés qui est en jeu à travers ces nouvelles directives européennes. Entre volonté de protection de la santé publique et préservation des libertés individuelles, l’équation s’annonce complexe à résoudre pour les décideurs politiques des 27 pays membres.
Une chose est sûre cependant : le débat est loin d’être clos et risque de faire rage dans les mois à venir, tant la question du tabac déchaîne les passions. Aux fumeurs et non-fumeurs désormais de faire entendre leurs voix pour tenter d’influencer le cours des choses. La bataille ne fait que commencer !
