La France traverse une zone de turbulences politiques et économiques. Mercredi soir, le gouvernement de Michel Barnier a été renversé par l’Assemblée nationale, une première depuis 1962. Un séisme dont les répliques se font déjà sentir sur les finances publiques du pays, selon l’agence de notation financière Moody’s.
Un déficit public qui s’envole
Dans un communiqué publié dans la foulée de la chute du gouvernement, Moody’s tire la sonnette d’alarme. Pour l’agence, cet événement « aggrave l’impasse politique du pays » et « réduit la probabilité d’une consolidation des finances publiques ». Résultat : le déficit public de la France pourrait atteindre 6,3% du PIB en 2024, bien au-delà des 6,1% anticipés par Matignon.
Actuellement, nous nous attendons à ce que le déficit annuel du pays atteigne 6,3% du PIB en 2024, 5,3% en 2025 et 4,7% en 2026, bien au-dessus des plafonds de l’Union européenne.
Moody’s
Des chiffres préoccupants quand on sait que la France est déjà épinglée par Bruxelles pour son déficit excessif. Le gouvernement Barnier visait un retour sous la barre des 3% en 2027. Un objectif qui semble désormais compromis.
Un budget 2025 dans l’impasse
Mais les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là. Avec la censure, c’est tout le budget 2025 qui se retrouve gelé, le gouvernement ne pouvant plus venir défendre ses textes devant le Parlement. Un coup d’arrêt brutal pour des finances publiques déjà mal en point.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) a ainsi été rejeté en même temps que l’exécutif. De quoi faire craindre un trou béant dans les caisses de l’État. D’autant que les recettes s’annoncent bien moindres qu’anticipé.
Le spectre d’une dégradation de la note française
Face à cette situation explosive, Moody’s brandit la menace d’une dégradation de la note française. En octobre dernier, l’agence avait déjà abaissé la perspective du pays à « négative », tout comme sa consœur Fitch. De son côté, S&P maintient pour l’heure sa notation « AA- » assortie d’une perspective stable.
Mais ce répit pourrait être de courte durée. Car pour Moody’s, la crise politique actuelle est un cocktail « négatif » qui risque de se traduire par « des déficits plus élevés, un poids de la dette alourdi et des coûts de financements plus hauts, avec des besoins annuels d’emprunts significatifs ».
Un avenir politique et économique incertain
Reste à savoir quelle sera la réponse de l’exécutif face à cette crise. Michel Barnier doit présenter sa démission ce jeudi matin au président Emmanuel Macron. Charge ensuite au chef de l’État de nommer un nouveau Premier ministre.
Mais selon Moody’s, le nouveau locataire de Matignon risque de se heurter aux mêmes écueils que son prédécesseur. « La défaite du gouvernement sur le budget complique la prise de décisions politiques. Un nouveau Premier ministre a des chances de faire face aux mêmes difficultés que Michel Barnier a rencontrées lors de son court mandat », prévient l’agence.
Autant dire que l’avenir politique et économique du pays s’annonce des plus incertains. Entre impasse budgétaire, déficit qui s’envole et menace sur la note souveraine, la France n’en a pas fini avec les zones de turbulences. De quoi donner des sueurs froides aux marchés et aux investisseurs.
- La chute du gouvernement Barnier crée un choc politique et économique en France
- Le déficit public pourrait atteindre 6,3% du PIB en 2024 selon Moody’s, bien au-delà des prévisions
- Le budget 2025 est gelé par la censure, aggravant la situation des finances publiques
- La note française est sous pression, avec un risque de dégradation à la clé
- Un nouveau Premier ministre devra naviguer un environnement politique fracturé pour redresser le pays