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Chute d’Assad : Les Mères Syriennes Expriment Leur Amertume

Dans les villages syriens près de Tartous, les mères de soldats tombés au combat pour défendre Assad expriment leur amertume face à sa chute. Elles craignent aussi l'arrivée au pouvoir des islamistes de HTS. Découvrez leurs témoignages bouleversants...

Dans les paisibles villages alaouites surplombant la ville côtière syrienne de Tartous, l’amertume des mères ayant perdu leurs fils au combat pour défendre le régime de Bachar al-Assad est à son comble. Après la chute de Damas aux mains d’une coalition menée par des combattants islamistes sunnites et la fuite du dictateur en Russie, ces femmes remettent en question les sacrifices consentis.

Des mères endeuillées expriment leur déception

Jamila Jabr, 60 ans, a perdu son fils Houmam, un conscrit de 22 ans dont le service militaire avait été prolongé, lors de combats contre les rebelles en 2012. Malgré sa fierté, elle confie son amertume envers le président déchu :

C’est vrai que mon fils est mort, mais l’important, c’est que Bachar al-Assad soit parti. Il nous a détruits, a détruit l’avenir de nos enfants et nous a affamés.

– Jamila Jabr, mère d’un soldat syrien tué au combat

Comme beaucoup de foyers de cette région, bastion de la minorité alaouite à laquelle appartenait Assad, celui de Jamila a payé un lourd tribut. Selon le politologue Fabrice Balanche, au sein de cette communauté surreprésentée dans l’armée, un homme sur trois entre 20 et 45 ans est mort pendant le conflit déclenché en 2011.

Les conscrits alaouites remplis d’amertume

Même les conscrits alaouites ayant survécu nourrissent aujourd’hui un profond ressentiment. À Tartous, où une garnison navale russe soutenait autrefois Assad, l’heure est à la régularisation administrative auprès des nouvelles autorités issues de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), le groupe islamiste qui contrôle désormais le pays.

Mohammad Badr, un alaouite de 30 ans, témoigne :

La vie des jeunes a été sacrifiée pour une personne qui ne méritait pas de gouverner ce pays. Depuis le début de la crise, nous avons vu comment des soldats étaient tués inutilement. Mais nous ne pouvions rien dire.

– Mohammad Badr, ancien conscrit alaouite

Craintes pour l’avenir sous HTS

Si les habitants ne regrettent pas la chute d’Assad, ils redoutent néanmoins que les nouveaux dirigeants de HTS, en majorité des sunnites originaires d’Idleb, n’imposent la charia. Aïda Ali, une ex-soldate alaouite de 41 ans, se dit déçue d’avoir perdu son poste, le nouveau pouvoir n’employant pas de femmes dans des rôles militaires.

Dans l’attente d’un nouveau gouvernement, les soldats démobilisés font la queue pour obtenir des cartes d’identité temporaires auprès de HTS afin de pouvoir se déplacer et chercher du travail. Beaucoup espèrent être embauchés par le gouvernement intérimaire, dirigé par le même groupe qu’ils combattaient il y a peu.

Au-delà de l’amertume, c’est le sentiment d’avoir versé son sang en vain qui domine chez ces Syriens sacrifiés sur l’autel d’un régime finalement balayé. L’avenir de la Syrie post-Assad, entre craintes communautaires et espoirs de reconstruction, reste plus que jamais incertain.

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