C’est un véritable séisme politique qui secoue actuellement Ottawa. Chrystia Freeland, vice-Première ministre et ministre des Finances du Canada, vient d’annoncer sa démission du gouvernement. Cette décision surprise intervient sur fond de profond désaccord avec le Premier ministre Justin Trudeau concernant la réponse à apporter aux menaces de Donald Trump d’imposer des droits de douane de 25% sur l’ensemble des produits canadiens.
Dans une lettre de démission publiée sur le réseau social X, l’ancienne numéro deux de l’exécutif explique : « Nous nous trouvions en désaccord sur la meilleure voie à suivre pour le Canada. Aujourd’hui notre pays est confronté à un grand défi. La nouvelle administration américaine poursuit une politique de nationalisme économique agressif. » Des propos qui témoignent de la gravité de la situation et des tensions au plus haut sommet de l’État.
Une perte de confiance irrémédiable
Au cœur de cette crise gouvernementale, la question de la confiance semble avoir été déterminante. Chrystia Freeland le reconnaît sans détour dans sa missive : « Pour être efficace, un ministre doit parler au nom du Premier ministre et avec toute sa confiance (…) Vous avez clairement indiqué que je ne possède plus cette confiance de façon crédible et que je ne possède plus l’autorité qui l’accompagne ». Un constat amer pour celle qui a longtemps fait partie de la garde rapprochée de Justin Trudeau.
Malgré une proposition de réaffectation à un autre poste ministériel, l’intéressée a préféré jeter l’éponge, estimant qu’il s’agissait là de « la seule voie honnête et viable ». Une décision courageuse mais qui affaiblit indéniablement le gouvernement Trudeau, déjà ébranlé par les pressions économiques américaines.
Un parcours ministériel remarquable
Chrystia Freeland quitte ainsi le navire après un parcours gouvernemental riche et varié. Depuis l’arrivée au pouvoir des Libéraux en 2015, elle a occupé plusieurs portefeuilles stratégiques :
- Ministre du Commerce international de 2015 à 2017, supervisant avec succès la négociation de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (CETA).
- Ministre des Affaires étrangères de 2017 à 2019, un poste exposé et exigeant.
- Vice-Première ministre et ministre des Finances depuis 2019, devenant ainsi la numéro deux de l’exécutif et un pilier du gouvernement Trudeau.
Son départ laisse assurément un grand vide, tant son expérience et son engagement étaient précieux dans un contexte international tendu.
Le Canada sous le choc des menaces de Trump
Car depuis deux semaines, c’est tout le pays qui est sous le choc. L’annonce par le président élu américain Donald Trump de son intention de taxer lourdement tous les produits canadiens a provoqué une véritable onde de stupeur. Et pour cause, les États-Unis sont de loin le premier partenaire commercial du Canada, absorbant près de 75% de ses exportations.
Face à cette épée de Damoclès, Justin Trudeau se retrouve dos au mur. Quel cap choisir pour défendre au mieux les intérêts économiques du pays sans envenimer les relations avec le puissant voisin américain ? Un dilemme cornélien sur lequel le Premier ministre et sa vice-Première ministre n’ont visiblement pas réussi à s’accorder, précipitant cette démission fracassante.
Un remaniement ministériel en perspective
Après ce départ, c’est donc un remaniement d’ampleur qui se profile à Ottawa. Justin Trudeau va devoir rapidement trouver un ou une remplaçante à ce poste clé des Finances, mais aussi rebâtir une équipe soudée et unie face aux défis qui s’annoncent. Car au-delà de la crise actuelle, c’est toute la stratégie canadienne vis-à-vis de Washington qui est à repenser.
Cette démission est indéniablement un coup dur pour le Premier ministre, qui perd une alliée de poids et une ministre d’expérience. Mais c’est aussi un électrochoc qui impose de clarifier urgemment la ligne canadienne dans ce bras de fer commercial et diplomatique qui s’engage avec les États-Unis de Donald Trump. Justin Trudeau saura-t-il relever ce défi et rassembler une équipe à la hauteur ? L’avenir du pays en dépend largement.
Quoi qu’il en soit, cette démission surprise de Chrystia Freeland marque une nouvelle étape dans la vie politique canadienne. Elle met en lumière les profondes divergences qui traversent la classe dirigeante face à ce qui s’apparente à une véritable crise économique et diplomatique. Reste à savoir quelle direction prendra finalement le gouvernement Trudeau pour y faire face et défendre la prospérité et les intérêts du Canada dans cette période incertaine. Les prochaines semaines s’annoncent décisives et riches en rebondissements à Ottawa.