C’est une nouvelle qui fait grincer des dents dans les rangs des syndicats pénitentiaires. Christophe Khider, 53 ans, braqueur multirécidiviste condamné pour meurtre et évasion, vient de bénéficier d’une libération anticipée ce mercredi 11 décembre. Malgré une peine courant initialement jusqu’en 2044, il a quitté la prison de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais où il était détenu depuis 1995.
Un lourd passé criminel
Le parcours de Christophe Khider est jalonné de faits d’armes. Condamné dès 1999 à 30 ans de prison pour le meurtre d’un homme d’affaires lors d’un braquage, il a par la suite multiplié les tentatives d’évasion :
- En 2001, il tente de s’évader de la prison de Fresnes en hélicoptère, prenant en otage des gardiens.
- En 2008, il essaie de s’échapper de la prison de Lannemezan par les conduits.
- En 2009, il parvient à s’évader du centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure, déclenchant une cavale de 30 heures émaillée d’une fusillade avec les forces de l’ordre.
Des permissions controversées
Durant l’été dernier, la décision d’accorder à Christophe Khider des permissions de sortie pour passer son permis de conduire avait déjà suscité l’émoi. Le syndicat Unsa Justice avait dénoncé un « scandale » et une « décision ubuesque » au vu de la dangerosité du détenu, classé « escorte 4 » en raison des soutiens extérieurs dont il bénéficie.
Un aménagement de peine qui passe mal
En novembre, la chambre d’application des peines de Douai a finalement validé un aménagement de la peine de Christophe Khider, permettant sa libération sous bracelet électronique. Une mesure qu’il devra porter pendant 18 mois avant de pouvoir prétendre à une libération conditionnelle.
Une décision loin de faire l’unanimité dans les rangs des surveillants pénitentiaires. Selon une source proche du dossier, cette libération anticipée d’un détenu au lourd passé criminel et carcéral est vécue comme « un camouflet » et « un très mauvais signal envoyé à la profession ».
On a du mal à comprendre la logique de ce type de décision pour un individu qui présente un tel degré de dangerosité.
Un représentant syndical
Au-delà de l’indignation suscitée, ce dossier soulève une fois de plus la question de la gestion des détenus les plus dangereux et des modalités d’aménagement de peines pour les criminels lourdement condamnés. Un débat complexe qui met en balance les impératifs de sécurité publique et les perspectives de réinsertion.
Contacté, le ministère de la Justice n’a pas souhaité commenter une décision individuelle mais assure que « chaque situation est examinée au cas par cas en fonction de critères précis et légaux ». De son côté, l’administration pénitentiaire rappelle que la libération de Christophe Khider sera strictement encadrée. Il devra respecter des obligations et pourra être réincarcéré au moindre écart.
Une vigilance de tous les instants qui ne suffira pas à apaiser les craintes des syndicats de surveillants. Pour eux, cette remise en liberté, même conditionnelle, reste un « crève-cœur » et un « désaveu » pour tous ceux qui œuvrent quotidiennement à garder sous les verrous les détenus les plus dangereux.