Imaginez partir couvrir un simple match de football et vous retrouver, quelques mois plus tard, condamné à sept ans de prison dans un pays étranger. C’est l’histoire incroyable, et profondément choquante, que vit actuellement Christophe Gleizes, journaliste français indépendant.
Ce mercredi, la cour d’appel de Tizi Ouzou a confirmé la peine prononcée en première instance. Sept années derrière les barreaux pour « apologie du terrorisme ». Une décision qui laisse la famille du journaliste abasourdie et la France entière consternée.
Une peine confirmée qui soulève l’indignation
Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères n’a pas mâché ses mots. Paris « regrette vivement » cette confirmation de verdict et appelle sans détour à la libération du journaliste. Les autorités françaises espèrent une issue favorable rapide pour qu’il puisse enfin retrouver ses proches.
Dans la salle d’audience, l’annonce du jugement a provoqué des scènes déchirantes. Le frère de Christophe Gleizes s’est dit « abasourdi ». Ses parents, présents en Algérie, sont apparus complètement effondés. Une douleur palpable, presque insoutenable.
« Nous appelons à sa libération et espérons une issue favorable afin qu’il puisse rapidement retrouver ses proches »
Porte-parole du ministère français des Affaires étrangères
Un reportage footballistique qui tourne au cauchemar
Tout avait pourtant commencé comme une mission classique pour ce collaborateur régulier de magazines sportifs et sociétaux français. En mai 2024, Christophe Gleizes se rend en Algérie pour réaliser un grand reportage sur la Jeunesse Sportive de Kabylie, le club le plus titré du pays, véritable institution basée à Tizi Ouzou.
Mais un détail administratif va tout faire basculer : il entre dans le pays avec un visa de touriste et non un visa de presse. Une erreur qu’il reconnaîtra lui-même à la barre, présentant ses excuses les plus sincères lors de l’audience en appel.
Arrêté en juin, il est depuis détenu et accusé d’apologie du terrorisme. Une qualification qui semble démesurée au regard du sujet initial de son travail : le football et la passion populaire autour de la JSK.
La France dénonce une coopération ignorée
Paris souligne que le journaliste a pourtant pleinement coopéré avec les autorités algériennes. Toutes les explications ont été fournies par sa défense. Rien n’y a fait. Le verdict reste inchangé, provoquant la stupeur côté français.
Le Quai d’Orsay rappelle avec force l’attachement de la France à la liberté de la presse, partout dans le monde. Un principe fondamental qui semble ici bafoué, selon les termes diplomatiques employés.
Une mobilisation politique tous partis confondus
L’émotion dépasse largement les cercles journalistiques. La classe politique française, toutes tendances confondues, s’est emparée de l’affaire. Bruno Retailleau, président des Républicains et ancien ministre de l’Intérieur, a été l’un des premiers à réagir publiquement.
« Sa condamnation à 7 ans de prison est une profonde injustice. Nous ne l’abandonnerons pas »
Bruno Retailleau
À gauche, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a également exigé la libération immédiate du journaliste. Il insiste : la France doit faire entendre sa voix avec fermeté.
Cette unité rare sur un sujet international montre à quel point l’affaire touche une corde sensible : celle de la protection des journalistes et du droit fondamental à informer.
Reporters sans frontières dénonce une « décision aberrante »
L’ONG de défense de la liberté de la presse n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié dès mercredi, elle qualifie le verdict de « décision aberrante ». Un terme fort qui traduit le sentiment général dans la profession.
Pour les défenseurs des journalistes, cette condamnation s’inscrit dans un contexte plus large de restrictions croissantes dans certains pays. L’Algérie, ces dernières années, a multiplié les procédures contre des reporters, locaux comme étrangers.
Les regrets exprimés à la barre par le journaliste
Devant les juges, Christophe Gleizes a choisi l’humilité. Il a présenté ses excuses, reconnaissant clairement son erreur sur le type de visa. « J’aurais dû demander un visa journaliste », a-t-il déclaré, la voix probablement tremblante.
Un geste de transparence et de respect des règles locales qui, malheureusement, n’a pas infléchi le cours de la justice. Beaucoup y voient la preuve d’une volonté politique plus que d’une réelle infraction caractérisée.
Un contexte diplomatique tendu entre Paris et Alger
Cette affaire arrive dans un contexte déjà fragile entre la France et l’Algérie. Les relations bilatérales traversent des périodes de crispation récurrentes, entre questions mémorielles, visas, et maintenant cette condamnation d’un citoyen français.
Certains observateurs n’hésitent pas à y voir une forme de message adressé à Paris. D’autres préfèrent rester prudents, attendant les prochaines étapes diplomatiques.
Ce qui est certain, c’est que la France a choisi la voie de la fermeté mesurée : regret vif, appel à libération, mais pas encore de mesures de rétorsion annoncées.
Quelle suite possible pour Christophe Gleizes ?
Plusieurs scénarios restent envisageables. Un pourvoi en cassation côté algérien. Des négociations discrètes au plus haut niveau entre les deux États. Voire, à terme, une grâce présidentielle.
En attendant, le journaliste reste incarcéré. Sa famille vit dans l’angoisse permanente. Ses proches et collègues refusent de baisser les bras.
Chaque jour qui passe renforce la mobilisation. Pétitions, communiqués, prises de parole : tout est mis en œuvre pour maintenir la pression et espérer un dénouement heureux.
La liberté de la presse, un combat universel
Cette affaire douloureuse rappelle une vérité brutale : informer reste une activité à risque dans de nombreux pays. Même lorsqu’il s’agit… de football.
Derrière le ballon rond, il y a parfois des réalités politiques complexes. Des sensibilités historiques. Des enjeux qui dépassent largement le cadre sportif.
Christophe Gleizes en paie aujourd’hui le prix fort. Son histoire nous interpelle tous : jusqu’où est-on prêt à défendre ceux qui risquent leur liberté pour raconter le monde ?
Son cas n’est hélas pas isolé. Mais il a le mérite de remettre au centre du débat une valeur essentielle : la liberté d’informer, partout, tout le temps, sans crainte de représailles.
À l’heure où ces lignes sont écrites, Christophe Gleizes est toujours derrière les barreaux. Sa famille, ses amis, ses confrères et toute une partie de l’opinion publique française retiennent leur souffle. L’espoir d’une libération rapide reste entier, mais chaque jour qui passe rend l’attente plus insoutenable.
Cette histoire nous laisse avec une question lourde de sens : quand un journaliste part couvrir un match de football et finit en prison pour sept ans, que reste-t-il de la liberté de la presse ? La réponse, espérons-le, viendra rapidement. Et elle devra être à la hauteur des principes que la France défend bec et ongles à travers le monde.









