Rebondissement inattendu dans le parcours de Christophe Castaner. Selon des informations révélées récemment, l’ancien ministre de l’Intérieur vient de rejoindre le comité stratégique régional Europe-Afrique-Moyen-Orient du géant chinois de la mode Shein. Une reconversion qui soulève bien des interrogations, alors que l’entreprise ultra-controversée est régulièrement pointée du doigt pour ses pratiques.
Shein, mastodonte de la fast fashion mis en cause
Fondé en 2012, le groupe Shein a connu une ascension fulgurante pour devenir en quelques années l’un des leaders mondiaux du prêt-à-porter à petits prix. Son modèle repose sur un renouvellement ultrarapide des collections, des coûts de production tirés au maximum et une stratégie marketing redoutable sur les réseaux sociaux. Une recette payante, mais qui fait l’objet de vives critiques :
- Conditions de travail déplorables dans les usines sous-traitantes
- Impact environnemental désastreux d’une mode jetable
- Produits de piètre qualité, voire dangereux
- Accusations de plagiat envers des créateurs
Face à ces attaques, Shein tente de redorer son blason en affichant des engagements RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Mais pour beaucoup, il s’agit surtout d’un rideau de fumée pour continuer à prospérer.
Castaner, une caution politique pour Shein ?
C’est dans ce contexte qu’intervient le recrutement de Christophe Castaner. Cerise sur le gâteau, l’ancien locataire de Beauvau doit justement siéger au sein du comité dédié à la politique RSE de Shein. Une nomination qui ressemble fort à une opération de greenwashing et de légitimation, comme l’analysent plusieurs observateurs :
Shein cherche clairement à se payer une caution politique et une respectabilité en attirant d’anciens décideurs dans ses filets. C’est une vieille stratégie pour tenter de désamorcer les critiques.
Un fin connaisseur des arcanes du pouvoir
Du côté de Christophe Castaner, on met en avant son « expertise » sur les questions de gouvernance et de régulation. Lui qui fut un temps porte-parole du gouvernement affirme vouloir faire progresser Shein de l’intérieur. Mais difficile de ne pas voir aussi une forme d’opportunisme, voire de pantouflage, derrière ce nouveau costume de conseiller.
Mode low-cost et politique, un mélange explosif
Plus largement, ce rapprochement entre un mastodonte controversé de la mode discount et une figure de la Macronie interroge. Alors que le gouvernement affiche des ambitions sur la consommation responsable et la relocalisation, le message envoyé apparaît pour le moins contradictoire. Un hiatus qu’épingle un député écologiste :
Comment prétendre réguler la fast fashion et vouloir réindustrialiser la France d’un côté, tout en adoubant un de ses champions les plus sulfureux de l’autre ? C’est un double discours assez consternant.
Un élu de la majorité sous couvert d’anonymat
Un sentiment partagé par plusieurs associations engagées sur les enjeux de mode éthique. Pour elles, la reconversion de Christophe Castaner chez Shein envoie un très mauvais signal et risque de compromettre les timides avancées obtenues ces dernières années en matière d’encadrement du secteur.
Vers une inflexion du modèle Shein ?
Face à la polémique naissante, certains prennent toutefois le pari que l’arrivée d’une personnalité comme Christophe Castaner peut contribuer à faire évoluer Shein de l’intérieur. C’est le cas d’un consultant spécialisé dans la mode, qui tempère :
Shein a compris qu’il devait changer s’il voulait perdurer et conquérir de nouveaux marchés. Recruter des pointures au fait des rouages politiques et réglementaires peut l’y aider. Mais pour que cela soit crédible, il faudra des actes, pas seulement des paroles.
Un expert du secteur textile
Parmi les pistes évoquées pour incarner ce changement : relocaliser une partie de la production, utiliser plus de matières écoresponsables, ralentir le rythme des collections, améliorer la transparence… Autant de chantiers qui nécessiteront de revoir en profondeur le modèle économique de Shein.
L’avenir dira si le géant chinois est prêt à opérer une telle mue et si ses nouveaux conseillers seront réellement écoutés. Une chose est sûre : l’arrivée de Christophe Castaner chez Shein ne laissera personne indifférent. Au-delà du cas personnel, c’est tout le système de la fast fashion et ses connexions avec le monde politique qui se retrouvent sous le feu des projecteurs. Une équation complexe à l’heure où la question d’une mode plus soutenable s’impose comme un enjeu sociétal majeur.