La mort soudaine du président iranien Ebrahim Raissi dans un mystérieux crash d’hélicoptère a plongé la République islamique dans une crise de succession sans précédent. Alors que le pays est déjà secoué par des tensions internes et externes, cette disparition inattendue ouvre une période d’incertitude et de luttes de pouvoir au sommet de l’État. Qui pour succéder à Raissi et quel avenir pour l’Iran ?
Une mort qui ébranle le régime
C’est un véritable coup de tonnerre qui s’est abattu sur l’Iran dimanche dernier. En quelques heures, l’annonce de la mort tragique d’Ebrahim Raissi, 62 ans, dans un accident d’hélicoptère dans les montagnes du nord-ouest du pays, a fait l’effet d’une bombe. Président depuis août 2021, cet ultraconservateur était un fidèle parmi les fidèles du Guide suprême Ali Khamenei. Sa disparition laisse un grand vide et de nombreuses questions en suspens.
Cette perte est un choc immense pour notre Nation et ouvre une période de grands défis et de choix cruciaux pour notre avenir.
– Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution
Qui pour prendre les rênes ?
Alors qu’Ebrahim Raissi avait été élu avec 62% des voix en juin 2021, tous les regards se tournent désormais vers la prochaine élection présidentielle qui devrait se tenir dans moins de deux mois, selon la Constitution. Mais dans un contexte de tensions et de répression des opposants sous l’ère Raissi, la marge de manoeuvre semble étroite. Plusieurs noms circulent déjà pour lui succéder :
- Mohammad Mokhber, 1er vice-président, homme de confiance de Khamenei
- Hossein Amir-Abdollahian, ministre des Affaires étrangères, tenant d’une ligne dure
- Ezzatollah Zarghami, ex-chef de l’audiovisuel d’État, proche des Gardiens de la révolution
Mais pour beaucoup d’analystes, le véritable homme fort du régime reste Ali Khamenei. A 83 ans, le Guide suprême, au pouvoir depuis 1989, conserve la haute main sur les dossiers stratégiques. Son aval sera indispensable pour valider le futur président, qui devra se montrer suffisamment docile à son égard.
Ouvrir le jeu ou resserrer les rangs ?
Face aux lourds défis qui s’annoncent, notamment sur le plan économique avec le maintien des sanctions américaines, le régime est face à un dilemme. Doit-il jouer l’ouverture en laissant concourir des candidats modérés, au risque de voir émerger des critiques ? Ou au contraire verrouiller le scrutin autour de prétendants sûrs, mais peu enthousiasmants ?
Le taux de participation sera scruté de près. Une nouvelle abstention massive serait vécue comme un désaveu cinglant par les autorités.
– Thierry Coville, spécialiste de l’Iran
Alors que l’issue de la crise semble très incertaine, une chose est sûre : la disparition brutale d’Ebrahim Raissi marque un tournant majeur pour la République islamique. Entre crispation et tentative d’apaisement, les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir d’un Iran plus que jamais sous tension. Le monde entier aura les yeux rivés sur Téhéran.