Alors que les rebelles, menés par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham, poursuivent leur offensive en Syrie, l’ambassade de Chine a lancé un appel à ses ressortissants. Face à la dégradation de la sécurité, elle leur conseille de quitter le pays dès que possible, en utilisant les vols commerciaux disponibles.
Une situation qui s’aggrave de jour en jour
D’après une source diplomatique, la situation dans le nord-ouest de la Syrie s’intensifie, avec un climat sécuritaire qui se détériore quotidiennement. Les rebelles enchaînent les conquêtes, s’emparant jeudi de la ville de Hama, dans le centre du pays, quelques jours seulement après avoir pris le contrôle d’Alep, la deuxième ville de Syrie.
Hama est un verrou stratégique qui commande l’accès à Homs et à la capitale Damas, désormais les deux derniers grands bastions du régime. Les forces gouvernementales semblent en difficulté face à cette offensive de grande ampleur.
Appel à l’évacuation immédiate
Devant l’urgence de la situation, l’ambassade chinoise a publié un message sur son compte WeChat enjoignant à ses citoyens présents en Syrie de partir sans délai. Elle les exhorte à prendre les vols commerciaux encore disponibles pour rentrer en Chine ou quitter le territoire syrien au plus vite.
Pour ceux qui décideraient malgré tout de rester, l’ambassade prévient des « risques de sécurité extrêmement élevés » auxquels ils s’exposent. Elle souligne aussi les potentiels « retards pour recevoir de l’aide » en cas de besoin.
Les citoyens chinois en Syrie sont instamment priés d’évaluer de toute urgence la situation et de prendre leurs dispositions pour quitter le pays, afin d’assurer leur sécurité.
– Extrait du message de l’ambassade de Chine
La Chine, alliée de longue date du régime syrien
Si la Russie et l’Iran sont les soutiens les plus en vue de Bachar el-Assad depuis le début de la guerre civile en 2011, la Chine entretient aussi des liens étroits avec le pouvoir syrien. Damas fait partie des rares capitales hors du Moyen-Orient où le président syrien s’est rendu ces dernières années.
Lors de sa visite à Pékin en 2023, Bachar el-Assad et son homologue chinois Xi Jinping ont même annoncé un « partenariat stratégique » entre leurs deux pays. Un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères avait alors assuré que la Chine, « en tant que pays ami de la Syrie, était prête à contribuer positivement pour empêcher la détérioration de la situation ».
Pékin pris de court par l’évolution du conflit
L’appel pressant de l’ambassade à évacuer ses ressortissants montre toutefois que Pékin semble pris de court par la rapidité et l’ampleur de l’offensive rebelle. Ce revirement témoigne de son inquiétude face aux développements récents, voyant fondre les positions gouvernementales.
La Chine, qui a toujours affiché son soutien à la « stabilité » de la Syrie, paraît désormais douter de la capacité du régime à contenir cette nouvelle menace. Rester aux côtés de Damas devient un pari de plus en plus risqué.
Un signal de la gravité de la situation
L’appel à l’évacuation des Chinois présents en Syrie est aussi un signal envoyé à la communauté internationale. Il souligne la gravité de la situation et l’urgence d’agir pour éviter un effondrement total du régime, aux conséquences potentiellement dévastatrices pour toute la région.
Cette décision de la Chine, acteur majeur et allié de longue date de Damas, pourrait préfigurer un désengagement plus large si le rapport de force continue de basculer en faveur des rebelles. Un scénario qui changerait radicalement la donne dans un conflit qui dure depuis plus de dix ans.