Imaginez un instant : un grand cheval bai, les yeux alertes, hésite devant la rampe d’un van. Des employés lui offrent du foin, claquent doucement de la langue pour le rassurer, et poussent avec fermeté mais douceur. Cette scène, banale en temps de paix, prend une tout autre dimension quand elle se déroule sous la menace permanente des bombardements.
Un Haras Ukrainien Sous la Menace Constante
Dans la région de Zaporijjia, au sud-est de l’Ukraine, un haras doit aujourd’hui organiser le transfert de certains de ses pensionnaires vers des lieux plus sûrs. Cette décision douloureuse n’est pas la première pour bon nombre d’entre eux.
Parmi les 130 chevaux hébergés, plusieurs sont déjà des réfugiés. Ils ont fui d’autres zones de la même région ou même de celle de Dnipropetrovsk, plus à l’est. Le conflit, déclenché en février 2022, n’épargne ni les humains ni les animaux.
Les Traumatismes Indélébiles des Explosions
Un missile russe a déjà frappé les lieux en 2022. Un cheval a été blessé, et ses compagnons ont vécu un choc profond. Pendant deux semaines, ils ont refusé d’entrer dans les écuries.
Ils s’approchaient, puis faisaient demi-tour, pris de panique. Ce comportement illustre à quel point le bruit et la violence des explosions marquent durablement ces animaux sensibles.
Même si, avec le temps, certains semblent s’habituer aux détonations lointaines, le danger reste omniprésent. Les employés constatent des conséquences graves sur la santé reproductive des juments.
Nous avons des cas de juments qui ont fait des fausses couches à cause du stress.
Cette phrase, prononcée par un employé, résume la brutalité invisible que subissent ces êtres vivants.
Une Évacuation Méticuleusement Organisée
Le directeur de l’entreprise explique calmement le processus en cours : les chevaux sont transférés vers d’autres haras situés dans des zones moins exposées en Ukraine. Chaque départ demande patience et savoir-faire.
Le foin généreusement distribué, les gestes doux, les encouragements vocaux : tout est mis en œuvre pour limiter le stress supplémentaire. Car ces animaux ont déjà vécu trop d’épreuves.
Plus d’une dizaine d’opérations similaires ont déjà été menées depuis le début du conflit. Chaque fois, c’est une logistique complexe qui se met en place pour garantir la sécurité des équidés.
Le Conflit N’Épargne Aucun Être Vivant
Les exemples d’animaux touchés par les hostilités se multiplient à travers le pays. En octobre, une attaque de drones a provoqué un incendie mortel dans une ferme du nord-est, tuant près de 13 000 cochons.
Plus tôt dans l’année, un bélier du zoo d’Odessa a péri sous les frappes. Et en septembre, sept chevaux d’un club équestre près de Kiev ont perdu la vie lors d’une attaque massive.
Ces drames, bien que moins médiatisés que les pertes humaines, rappellent que la guerre s’étend à tous les aspects de la vie. Les animaux domestiques ou d’élevage paient aussi un lourd tribut.
Une Résilience Fragile Dans un Paysage Hivernal
Dans les prés recouverts d’une fine couche de neige, les chevaux continuent de paître tant que possible. Leur silhouette majestueuse contraste avec la tension ambiante.
Les employés veillent sur eux jour après jour, conscients que la situation peut basculer à tout moment. La menace plane, invisible mais constante.
Si les bombardements s’intensifient, le directeur n’hésite pas à l’affirmer : l’ensemble du haras sera évacué. Cette perspective, bien que lourde, représente l’ultime option pour préserver ces vies.
Les Conséquences Invisibles du Stress Chronic
Le stress chronique chez les chevaux n’est pas anodin. Au-delà des fausses couches observées, d’autres signes apparaissent : perte d’appétit, comportements répétitifs, hypervigilance.
Ces animaux, habitués à une vie rythmée par les soins humains et la quiétude des prés, se retrouvent projetés dans un environnement hostile. Leur adaptation forcée témoigne de leur résilience, mais à quel prix ?
Les vétérinaires et soigneurs redoublent d’efforts pour atténuer ces effets. Chaque geste compte, chaque moment de calme devient précieux.
Une Mobilisation Pour Sauver les Pensionnaires
Le transfert vers d’autres structures équestres à travers l’Ukraine demande une coordination sans faille. Les destinations doivent offrir sécurité, espace et soins adéquats.
Certaines installations accueillent déjà des chevaux déplacés plusieurs fois. Cette chaîne de solidarité entre haras illustre une forme de résistance face à l’adversité.
Derrière chaque évacuation se cachent des heures de préparation, des nuits courtes, des inquiétudes constantes. Pourtant, l’équipe reste déterminée.
Points clés de l’évacuation en cours :
- 130 chevaux concernés au total
- Plusieurs déjà réfugiés d’autres régions
- Transferts vers des haras plus sûrs en Ukraine
- Plus d’une dizaine d’opérations déjà réalisées
- Possibilité d’évacuer l’ensemble du site si nécessaire
Un Témoignage de la Brutalité du Conflit
Ces évacuations ne sont pas seulement des opérations logistiques. Elles incarnent la réalité quotidienne d’un pays en guerre, où même les activités les plus paisibles sont bouleversées.
Les chevaux, symboles de liberté et de puissance, se retrouvent réduits à fuir pour survivre. Leur sort touche particulièrement ceux qui connaissent la sensibilité de ces animaux.
Chaque van qui s’éloigne emporte non seulement un cheval, mais aussi une part d’espoir que ces êtres puissent un jour retrouver la sérénité.
Le conflit continue d’imposer ses lois impitoyables. Mais tant que des femmes et des hommes se mobilisent pour protéger les plus vulnérables, même animaux, une forme d’humanité persiste.
Dans ce haras de Zaporijjia, sous la neige légère et le ciel lourd, l’histoire se poursuit. Une histoire de peur, de courage et d’acharnement à préserver la vie sous toutes ses formes.
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