Dans la nuit du 15 juin 2024, le quartier des Provinces à Cherbourg a été le théâtre de violents incidents. Incendies de voitures et de poubelles, dégradations, tirs de mortiers… Les forces de l’ordre et les pompiers ont dû intervenir face à un groupe d’plusieurs dizaines de personnes, déterminées à en découdre. Au cœur de ce déchainement, un drame : la mort quelques jours plus tôt de Sulivan, un jeune homme de 19 ans, abattu par une policière lors d’un contrôle routier qui a mal tourné. Un évènement qui a mis le feu aux poudres dans ce quartier sensible, déjà marqué par les tensions.
Sulivan, 19 ans, tué par une policière
Tout a basculé le soir du 9 juin. Sulivan circule avec deux autres personnes à bord d’un véhicule volé quand une patrouille de police tente de les contrôler. Le jeune homme de 19 ans, passager avant, sort alors du véhicule et prend la fuite à pied. Une policière tire, le touchant mortellement à la poitrine. Un geste qui soulève de nombreuses questions et suscite une vive émotion.
Rapidement, une marche blanche est organisée pour rendre hommage à Sulivan. Environ 600 personnes y participent, famille et proches en tête. Ils réclament “justice” et la mise en détention provisoire de la fonctionnaire impliquée. Celle-ci a été mise en examen pour “homicide volontaire” mais laissée libre sous contrôle judiciaire, ce qui ne manque pas de faire réagir…
Une nouvelle nuit d’émeutes
C’est dans ce contexte de tensions que les violences ont éclaté dans la nuit du 15 juin. Entre minuit et 3h30 du matin, des dizaines d’individus s’en sont pris aux forces de l’ordre et aux pompiers, les visant avec des tirs de mortiers d’artifice. Plusieurs incendies ont été allumés, brûlant une quinzaine de véhicules. Mais c’est surtout une agence France Travail (ex-Pôle Emploi) qui a été prise pour cible, subissant d’importantes dégradations.
Le bilan de ces événements fait état de 3 blessés pour la police nationale et 2 interpellations.
– La préfecture de la Manche
Ce n’est malheureusement pas la première fois que le quartier des Provinces s’enflamme. Déjà, dans la nuit du 12 au 13 juin, quelques scènes de “violences urbaines” avaient été rapportées par les autorités. Mais cette fois, la situation semble avoir pris une toute autre ampleur, laissant craindre une escalade.
Les autorités condamnent fermement
Face à ces débordements, le préfet “réprouve avec la plus grande fermeté ces actes de violence et de vandalisme” dans un communiqué. Un centre opérationnel départemental a été activé pour suivre l’évolution de la situation.
De son côté, la policière mise en cause reste pour l’heure sous contrôle judiciaire strict. Une décision qui ne convainc pas la famille de Sulivan, bien décidée à se battre pour obtenir son placement en détention. Une bataille judiciaire qui ne fait sans doute que commencer, sur fond de vives tensions sociales.
Car au-delà du drame humain, c’est bien la question des violences policières et des relations police-population qui se trouve à nouveau posée. Un sujet inflammable, dans un quartier et une ville sous pression. Les jours et semaines à venir s’annoncent déterminants pour éviter que Cherbourg ne s’embrase durablement, à l’image d’autres villes confrontées à des situations similaires ces dernières années. Un défi majeur pour les autorités.
