Un drame. Un choc. Et des tensions qui montent. Depuis le décès tragique dimanche soir du jeune Sulivan, 19 ans, touché par un tir de policière alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle routier, la ville de Cherbourg-en-Cotentin est sous pression. Nuit après nuit, les violences urbaines se multiplient, malgré les appels au calme. Retour sur les faits et les derniers développements.
Sulivan, 19 ans, tué par un tir de police
Tout a basculé dimanche 9 juin en début de soirée. Vers 20h30, Sulivan, 19 ans, est repéré par une patrouille de police alors qu’il circule à vive allure en voiture dans le quartier des Provinces, sur les hauteurs de Cherbourg. Les fonctionnaires décident de procéder à un contrôle mais le jeune homme refuse d’obtempérer. S’engage alors une course-poursuite qui s’achève tragiquement quelques minutes plus tard.
D’après les premiers éléments, le véhicule de Sulivan aurait foncé sur les policiers. L’un d’eux aurait alors fait usage de son arme, touchant mortellement le jeune homme. Transporté en urgence à l’hôpital, il succombera à ses blessures peu après minuit. Une enquête est ouverte, confiée à l’IGPN, la police des polices.
La colère gronde dans les quartiers
Dès le lendemain, la tension est palpable dans la ville. La famille de la victime, «connue défavorablement des services de police» selon une source proche du dossier, dénonce «une bavure» et appelle à un rassemblement devant le tribunal. Sur les réseaux sociaux, les messages de colère se multiplient.
La situation s’envenime nuit après nuit. Des face-à-face tendus opposent forces de l’ordre et jeunes des quartiers, notamment aux Provinces, fief de Sulivan. Jets de projectiles contre tirs de gaz lacrymogènes. Des voitures sont incendiées, du mobilier urbain dégradé. Dans la nuit de samedi à dimanche, les violences atteignent un nouveau pic.
Le couvercle de la cocotte-minute était sous pression depuis le début de la semaine. Il fallait bien s’attendre à ce que ça explose un bon coup…
Un habitant de Cherbourg
Nuit d’émeutes aux Provinces
Peu après minuit, une trentaine de jeunes s’en prennent violemment aux forces de l’ordre. Quinze véhicules sont incendiés, ainsi qu’une agence France Travail. Trois policiers sont blessés dans ces affrontements qui durent plus de trois heures. Deux «fauteurs de troubles» sont interpellés. Au total, plus de 70 fonctionnaires sont mobilisés pour tenter de ramener le calme.
Au petit matin, c’est un quartier des Provinces meurtri qui se réveille. Les stigmates de cette nuit de chaos sont visibles partout. «Une sale affaire», résume un passant, fataliste.
Un contexte national tendu
Le drame de Cherbourg s’inscrit dans un contexte de tensions récurrentes ces derniers mois entre police et populations. Il y a près d’un an, la mort de Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle à Nanterre, avait entraîné plusieurs semaines d’émeutes urbaines dans tout le pays.
À Cherbourg, élus et représentants de l’État tentent de reprendre la main, conscients du risque d’embrasement. Le préfet de la Manche appelle au calme et promet «la plus grande fermeté» face aux fauteurs de troubles. Mais sur le terrain, la situation reste inflammable. Tous redoutent une nouvelle nuit de violences.