Un vent de panique souffle sur les patrons des grandes entreprises françaises. Alors que le pays s’apprête à retourner aux urnes pour des élections législatives anticipées, c’est vers Marine Le Pen et son parti d’extrême droite, le Rassemblement National, qu’ils se tournent. La raison ? La crainte d’un programme économique radical porté par l’alliance de gauche.
Le spectre d’une gauche anticapitaliste
Selon plusieurs dirigeants et banquiers interrogés par le Financial Times, les propositions de taxation et de dépenses de la gauche effraient encore plus le patronat que les politiques du RN, pourtant axées sur des réductions d’impôts non financées et des mesures anti-immigration.
Les politiques économiques du RN sont davantage une page vierge que les entreprises pensent pouvoir contribuer à faire avancer dans la bonne direction.
– Un dirigeant d’entreprise du CAC 40
À l’inverse, peu d’espoirs sont placés dans un éventuel adoucissement du programme de la gauche, qualifié d’“anticapitaliste pur et dur”. Un constat qui pousse les grands patrons à se rapprocher du parti de Marine Le Pen, en tête des sondages à quelques semaines du scrutin.
Un soutien impensable il y a peu
Ce ralliement du monde des affaires au RN constitue un véritable séisme politique. Jusqu’à récemment, peu auraient parié sur un tel scénario, le parti d’extrême droite étant traditionnellement perçu comme un repoussoir par les milieux économiques.
Si vous m’aviez dit il y a deux semaines que le monde des affaires soutiendrait le RN et exclurait [le président Emmanuel] Macron, je ne l’aurais pas cru.
– Un grand chef d’entreprise et investisseur en France
Le RN, un moindre mal économique ?
Malgré des réserves persistantes sur certaines propositions du Rassemblement National, notamment en matière d’immigration, les patrons semblent miser sur leur capacité à infléchir la politique économique du parti. Une page blanche sur laquelle ils espèrent pouvoir écrire, contrairement au programme de la gauche perçu comme figé.
Reste à savoir si ce pari audacieux s’avèrera payant pour les entreprises françaises. Car en se rapprochant ainsi de l’extrême droite, elles prennent le risque de se couper d’une partie de l’opinion et de ternir leur image. Sans compter qu’un ralliement trop appuyé pourrait se retourner contre elles en cas de victoire surprise de la gauche.
L’avenir du capitalisme français en jeu
Au-delà des élections législatives, c’est l’avenir même du modèle économique français qui semble en question. Entre la montée des extrêmes et la radicalisation du débat, les entreprises naviguent en eaux troubles.
Quel que soit le résultat des urnes, une chose est sûre : les relations entre le monde des affaires et le pouvoir politique risquent d’être durablement bouleversées. Un défi de taille pour les patrons, qui devront redoubler d’agilité et de diplomatie pour défendre leurs intérêts dans un contexte plus que jamais incertain.
