Le destin d’un des principaux chefs de la rébellion birmane en Chine est au coeur d’un imbroglio. Selon Pékin, Peng Deren, à la tête de l’Armée de l’Alliance nationale démocratique de Birmanie (MNDAA), se serait rendu en Chine pour recevoir des “soins médicaux”. Une version qui contraste avec celle relayée par des médias birmans locaux, qui affirment pour leur part que le leader rebelle aurait été arrêté par les autorités chinoises.
Cette divergence met en lumière les relations complexes qu’entretient la Chine, allié et fournisseur d’armes de la junte au pouvoir en Birmanie, avec les nombreux groupes ethniques armés qui contrôlent une partie des territoires frontaliers. Des liens que Pékin est soupçonné de maintenir malgré son soutien officiel au régime birman.
Un conflit qui s’enracine dans la lutte pour l’autonomie et les ressources
Le MNDAA de Peng Deren fait partie de la myriade de groupes rebelles qui combattent depuis des décennies l’armée birmane. Leur objectif : obtenir une plus grande autonomie et le contrôle de ressources lucratives telles que le jade, le bois ou encore l’opium, dans une région riche en matières premières.
Le chef actuel de la junte birmane, Min Aung Hlaing, est d’ailleurs célèbre pour avoir chassé en 2009 la MNDAA de la ville stratégique de Laukkai, située près de la frontière chinoise. Mais en janvier dernier, le groupe rebelle a repris le contrôle de la cité après la reddition de plus de 2000 soldats gouvernementaux, infligeant à l’armée régulière l’une de ses plus cuisantes défaites depuis des décennies.
Une nouvelle victoire rebelle qui inquiète la Chine
Un revers encore plus cinglant a été essuyé par la junte en août, lorsque la MNDAA a capturé la ville de Lashio, plus grand centre urbain à tomber entre les mains d’un groupe armé ethnique depuis la prise du pouvoir par l’armée en 1962. Un développement qui n’est pas sans inquiéter la Chine voisine.
Selon des analystes, Pékin redoute un effondrement de la junte birmane, et se méfie de l’influence occidentale sur certains groupes rebelles pro-démocratie. En réaction à la prise de Lashio, la Chine a coupé l’électricité, l’eau et internet dans les territoires contrôlés par la MNDAA près de sa frontière, selon un proche du groupe rebelle.
Vers des négociations de paix sous l’égide de la Chine ?
Début novembre, le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing a rencontré le Premier ministre chinois Li Qiang. Il se serait dit prêt à entamer des négociations de paix avec les groupes rebelles, selon les médias officiels birmans. Un dialogue qui pourrait avoir lieu sous les auspices de la Chine, soucieuse de stabiliser sa frontière.
Mais le sort de Peng Deren, dont l’état de santé réel comme les conditions de détention éventuelles restent flous, pourrait constituer un point d’achoppement. Soigne-t-il de réelles pathologies en Chine ou est-il entre les mains de Pékin, qui chercherait ainsi à faire pression sur la rébellion ? L’ambiguïté demeure, à l’image de la position chinoise dans ce conflit multiforme qui continue d’embraser la Birmanie.