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Chaos politique : les Français oscillent entre apathie et inquiétude

Dissolution, alliances improbables, discorde : le chaos politique qui secoue la France depuis des semaines laisse les citoyens partagés entre lassitude et crainte. Comment réagissent-ils face à ce grand chambardement ? Nous sommes allés à leur rencontre pour prendre le pouls d'une nation déboussolée, en quête de nouveaux repères.

Dissolution surprise, recomposition politique express, alliances improbables : depuis plusieurs semaines, un vent de chaos balaie le paysage politique français, laissant les citoyens abasourdis et inquiets. Aux quatre coins du pays, Le Figaro est allé prendre le pouls d’une opinion publique déboussolée par cet intense séisme. De Paris à Marseille en passant par Lyon, des Français de tous âges et de tous horizons racontent leur désarroi face à ce grand chambardement.

Apathie et anxiety

Gabriel, enseignant lyonnais de 31 ans, espérait secrètement une secousse salvatrice pour « rebâtir le pays sur des bases saines. » Le choc est là, mais il le laisse amer : « Tout s’effondre, mais rien ne se reconstruit. On est juste dans le chaos pour le chaos, sans vision ni cap », déplore-t-il. Même désenchantement chez Alma, 26 ans, qui se dit pourtant « de droite sur l’identité et de gauche sur le social ». Elle aussi attendait un électrochoc, « l’opportunité de retrouver du sens ». Résultat ? « Je suis complètement paumée. Plus personne ne se parle ni ne s’écoute ».

Un constat partagé par de nombreux Français. Selon un récent sondage de la Fondation Jean Jaurès, 47% se disent « moins sereins » et 34% « carrément moins heureux » depuis la dissolution. En cause, pêle-mêle, « l’image catastrophique » renvoyée par le pays, « l’irresponsabilité » du président ou encore « le saut dans l’inconnu » que représentent ces élections anticipées.

On a l’impression que plus rien n’a de sens, que le pays part à vau-l’eau. C’est très angoissant.

Stéphane, 42 ans, cadre parisien

Fractures et tensions

Sur le terrain, les Français décrivent une nation fracturée, minée par les Gilets Jaunes puis la crise sanitaire, où le dialogue semble rompu, y compris au sein des familles et entre amis. « Je ne parle plus politique avec mes proches, c’est devenu trop clivant », confie Sophie, artiste de 37 ans. Un repli que beaucoup jugent d’autant plus préoccupant à l’approche d’un scrutin crucial.

Chacun est dans son camp, avec ses certitudes. On ne cherche plus à se comprendre mais juste à avoir raison.

Mathieu, étudiant toulousain de 22 ans

Les tensions montent aussi à mesure que la campagne s’intensifie, attisées par des alliances jugées « contre-nature » à droite comme à gauche. « On marche sur la tête, plus rien n’a de logique », s’agace Éric, retraité niçois, pour qui « le jeu politique devient complètement illisible ».

Un chaos transitoire ?

Malgré ce climat anxiogène, certains veulent croire que ce grand chamboulement n’est qu’un mal nécessaire pour accoucher d’un nouveau paysage politique. Pour Karim, chef d’entreprise marseillais de 45 ans, « le chaos n’est pas une fin en soi, mais une étape pour construire autre chose. » Un avis loin d’être majoritaire.

Beaucoup redoutent plutôt une instabilité durable, sur fond de défiance et de consumérisme politique. « Les gens en ont marre, ils ne croient plus en rien », observe Monique, commerçante rennaise de 58 ans. « S’il n’y a pas de majorité claire, ça va être cinq ans de galère et de blocages, prédit-elle. Je ne vois pas comment on va s’en sortir. »

Au fond, le plus inquiétant, c’est peut-être la tentation du rejet des urnes. Si les gens se mettent à croire que voter ne sert plus à rien…

David, syndicaliste bordelais de 51 ans

En quête de repères

Face à cette période incertaine, comment les citoyens tentent-ils de garder le cap ? Si certains se réfugient dans la dérision ou le désengagement, d’autres cherchent à renouer le dialogue, localement.

Je crois qu’on a besoin de se parler, de réapprendre à s’écouter au-delà de nos divergences. C’est en partant du terrain qu’on recréera du commun.

Camille, infirmière strasbourgeoise de 33 ans

Un constat partagé par nombre d’élus et d’associations, qui multiplient les initiatives pour « recoudre le tissu démocratique ». Des initiatives encore marginales, mais qui dessinent peut-être les contours d’un après. Car pour beaucoup, si l’issue des législatives reste incertaine, une chose est sûre : il faudra reconstruire, sur des bases nouvelles, une société à bout de souffle. La mère de toutes les batailles ne fait sans doute que commencer.

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