Au cœur du quartier en pleine mutation de l’Arénas à Nice, le titanesque chantier de “L’Avant-Scène” est à l’arrêt depuis maintenant deux longues années. Ce projet ambitieux de 36.000 mètres carrés, porté par le promoteur Quartus, devait initialement accueillir logements, bureaux, commerces et équipements publics. Mais c’était sans compter sur de sérieux problèmes de fondations qui ont mis un coup d’arrêt brutal aux travaux.
Un Chantier Enlisé par des Fondations Défaillantes
Tout avait pourtant bien commencé pour “L’Avant-Scène” dont la construction avait débuté courant 2022. Mais deux ans plus tard, le constat est sans appel : une aile entière du bâtiment s’est enfoncée de 16 centimètres dans le sol, forçant l’arrêt immédiat des travaux. Depuis, le chantier est au point mort, dans l’attente des résultats définitifs d’une expertise judiciaire chargée de déterminer les causes exactes du sinistre.
Selon une source proche du dossier, “il y a eu des erreurs commises au niveau des bureaux d’études et dans la réalisation du gros œuvre par les entreprises sous-traitantes, ce qui a provoqué un tassement différentiel.” Une thèse que réfute Quartus, le promoteur, qui pointe du doigt “un accident, quelque chose d’assez rare” sans lien avec les spécificités du terrain de la plaine du Var souvent décriées par les opposants au projet.
Le Casse-Tête des Solutions de Réparation
Alors que faire pour relancer ce chantier enlisé ? En novembre dernier, une solution semblait avoir été trouvée avec l’implantation d’une ceinture de micropieux sous le bâtiment pour stabiliser les fondations. Emmanuel Launiau, le PDG de Quartus, tablait alors sur une reprise des travaux pour le printemps 2025.
Mais c’était sans compter sur un nouveau rebondissement en juillet dernier. Albingia, l’assureur du promoteur, a remis sur la table l’hypothèse radicale d’une démolition totale ou partielle de la structure. Un scénario cauchemardesque pour Quartus qui estime cette solution “drastique et aberrante sur le plan de l’environnement” et suspecte son assureur de vouloir “réduire le montant de sa garantie”.
La solution existe, elle est chiffrée, viable et validée par un bureau d’études.
– Un proche de Quartus
Du côté du promoteur, on assure qu’“un dossier technique finalisé sera remis le 9 décembre à l’expert judiciaire pour une reprise du chantier au plus vite, en début d’année prochaine si tout va bien.”
Un Bras de Fer aux Enjeux Colossaux
Au-delà des considérations techniques, c’est un véritable bras de fer qui se joue entre Quartus et Albingia, avec en toile de fond des enjeux financiers et politiques colossaux. Pour la mairie de Nice, ce contretemps tombe au plus mal à moins de 18 mois des municipales.
“Quartus nous a mis dans la m***, il va falloir qu’ils assument et qu’ils aillent au bout de leur projet”, tempête un proche du maire Christian Estrosi qui craint que ce fiasco ne ternisse son bilan. La ville a d’ailleurs fait savoir à toutes les parties qu’en cas de démolition, elle ne délivrerait pas de nouveau permis de construire.
Quant à Quartus, le préjudice est énorme, tant sur le plan de l’image que financier, avec une facture de réparation estimée entre 30 et 40 millions d’euros. “Le promoteur n’aura pas les moyens de se substituer à l’assureur, tous deux ont plutôt intérêt à s’entendre” souligne un observateur.
Une chose est sûre, “L’Avant-Scène” ne verra pas le jour avant 2027 au mieux. Un délai qui laisse le temps aux différents acteurs de ce dossier complexe de trouver un terrain d’entente. Mais à quel prix pour ce projet censé incarner le renouveau urbain de l’ouest niçois ?