En marge du sommet de l’Apec au Pérou, le président américain sortant Joe Biden s’est exprimé sur l’avenir du monde, prédisant une période de “changements politiques importants”. Une déclaration qui sonne comme un avertissement alors que se profile le retour au pouvoir de Donald Trump, dont le programme “America First” avait bousculé les alliances internationales lors de son premier mandat.
Lors d’une rencontre avec les dirigeants du Japon et de la Corée du Sud, deux alliés-clés des États-Unis en Asie, M. Biden a souligné que leur partenariat tripartite, présenté comme un contrepoids face à la Chine, était “construit pour durer”. Une affirmation qui sonne comme un vœu pieux à l’heure où l’élection de Donald Trump fait planer le doute sur la pérennité de cette alliance.
L’ombre de Trump et de la Corée du Nord
Au-delà des relations sino-américaines, c’est aussi la question nord-coréenne qui préoccupe Washington. Le président Biden a mis en garde contre la “coopération dangereuse et déstabilisatrice” entre Pyongyang et Moscou, notamment en Ukraine, ainsi que la multiplication des essais de missiles du régime de Kim Jong-un.
Selon Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, la Corée du Nord pourrait chercher à profiter de la transition présidentielle aux États-Unis en janvier prochain. “Nous ne pouvons pas compter sur une période de calme”, a-t-il prévenu, tout en assurant que l’alliance tripartite avec Tokyo et Séoul se poursuivrait sous la prochaine administration, “même si, bien sûr, elle prendra ses propres décisions”.
Institutionnaliser l’alliance avant le départ de Biden
Pour tenter de pérenniser ce partenariat stratégique initié en 2023, les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud doivent annoncer la création d’un secrétariat chargé d’officialiser leur alliance trilatérale. Une manière pour l’administration Biden de graver dans le marbre cette coopération avant son départ de la Maison Blanche.
“Nous nous efforcerons de nous assurer que nous avons institutionnalisé l’alliance trilatérale afin qu’elle devienne un élément durable de la politique américaine.”
Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden
Un avenir géopolitique incertain
Mais au-delà des effets d’annonce, c’est bien l’avenir des relations internationales et des équilibres géopolitiques mondiaux qui est en jeu. Avec le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche, c’est toute l’architecture des alliances forgées ces dernières années qui pourrait vaciller.
Déjà, lors de son premier mandat, le milliardaire républicain avait bousculé le multilatéralisme et les partenariats historiques des États-Unis, au profit d’une approche plus unilatérale et transactionnelle. Son slogan “America First” avait fait trembler nombre de chancelleries à travers le monde.
Aujourd’hui, à l’heure où les tensions s’accroissent, que ce soit en Europe avec la guerre en Ukraine ou en Asie avec les ambitions chinoises et la menace nord-coréenne, le spectre d’une Amérique repliée sur elle-même fait craindre une déstabilisation généralisée. Les propos de Joe Biden sur l’imminence de “changements politiques importants” résonnent comme un ultime avertissement avant la tempête.
Des conséquences pour l’Europe et le monde
Au-delà de l’Asie-Pacifique, c’est l’ensemble des équilibres mondiaux qui pourraient être chamboulés par le grand retour de “Trump l’imprévisible”. De l’accord sur le nucléaire iranien au dossier israélo-palestinien en passant par les relations transatlantiques, nombreux sont les sujets sur lesquels l’ex-président républicain pourrait remettre en cause le fragile statu quo actuel.
L’Europe, déjà fragilisée par le Brexit et les divisions internes, pourrait faire les frais d’un rapprochement entre Washington et Moscou. Lors de son premier mandat, Donald Trump n’avait pas caché sa fascination pour Vladimir Poutine, allant jusqu’à remettre en cause l’utilité de l’Otan. Une proximité qui, dans le contexte actuel de guerre en Ukraine, fait frémir les capitales européennes.
Joe Biden, en mettant en garde contre des “changements politiques importants”, semble vouloir préparer le monde à un avenir incertain où les alliances d’hier pourraient voler en éclats. Si l’histoire lui donnera raison ou tort, une chose est sûre : la géopolitique mondiale est à la veille de profonds bouleversements dont nul ne peut prédire l’issue. Le monde retient son souffle.