Imaginez un monde où les investisseurs institutionnels peuvent acheter, vendre et retirer des fonds tokenisés aussi facilement qu’un virement bancaire. Ce futur est plus proche que jamais grâce à une avancée majeure réalisée par Chainlink, UBS Asset Management et Swift. Ces trois acteurs viennent en effet de boucler avec succès un projet pilote démontrant la faisabilité de connecter des fonds tokenisés aux rails de paiement traditionnels. Une percée qui pourrait bien ouvrir la voie à une adoption massive de la tokenisation par les géants de la finance.
Marier la finance décentralisée et les paiements traditionnels
L’enjeu du projet pilote était de taille : permettre à des investisseurs institutionnels d’acheter des jetons représentant des parts de fonds d’investissement en passant par le réseau Swift, l’infrastructure de messagerie financière utilisée par plus de 11 500 institutions bancaires à travers le monde. Mais aussi de pouvoir faire le chemin inverse, c’est-à-dire convertir ces jetons en monnaie fiduciaire et la retirer sur un compte bancaire classique.
Pour y parvenir, les équipes de Chainlink, spécialiste des oracles décentralisés, ont travaillé main dans la main avec celles d’UBS Asset Management et de Swift. L’objectif : intégrer de façon transparente la blockchain et les contrats intelligents à l’écosystème Swift. Un défi technique relevé haut la main si l’on en croit Sergey Nazarov, cofondateur de Chainlink :
Ce projet pilote démontre comment notre travail avec Swift peut être utile à différentes parties de l’industrie des services financiers. Il permet au vaste marché des investisseurs institutionnels de souscrire à des fonds tokenisés via un virement Swift auquel ils sont déjà habitués, et non une stablecoin, une CBDC ou un autre actif numérique.
Sergey Nazarov, cofondateur de Chainlink
Des retraits et des achats facilités
Concrètement, la plateforme mise au point dans le cadre de ce projet pilote a permis d’automatiser entièrement :
- La création de jetons (minting) représentant des parts des fonds tokenisés proposés par UBS lorsqu’un investisseur institutionnel effectue un virement d’achat via Swift
- La destruction de ces mêmes jetons (burning) lorsque l’investisseur décide de revendre ses parts et de récupérer son investissement en monnaie fiduciaire sur son compte bancaire
Le tout de façon fluide, sécurisée et surtout familière pour des investisseurs rompus aux transferts Swift mais pas forcément à l’utilisation de wallets crypto ou d’applications décentralisées. De quoi abaisser considérablement la barrière à l’entrée pour les institutionnels souhaitant diversifier leur portefeuille avec des actifs tokenisés.
Une étape clé pour la finance décentralisée
Si cette expérimentation est si importante, c’est qu’elle s’attaque à l’un des principaux freins à l’essor de la finance décentralisée et des security tokens : le manque de liquidité et de passerelles avec le système financier traditionnel. Pouvoir injecter et retirer facilement des fonds en monnaie fiduciaire est en effet crucial pour attirer les investisseurs institutionnels et leurs immenses réserves de capitaux.
Avec ce projet pilote, Chainlink, UBS et Swift prouvent qu’il est possible de réconcilier le meilleur des deux mondes : l’innovation et la souplesse de la tokenisation d’une part, la robustesse et l’universalité des infrastructures de paiement traditionnelles d’autre part. Une complémentarité gagnante qui pourrait bien booster l’adoption des actifs tokenisés et, in fine, financer la croissance de l’économie décentralisée.
Des cas d’usage prometteurs
Au-delà des fonds d’investissement, de nombreux autres actifs pourraient bénéficier de cette avancée et voir leur liquidité décuplée grâce à une tokenisation facilitée :
- Les obligations et autres titres de créance
- Les parts de private equity et de capital-risque
- Les droits sur des actifs réels (immobilier, œuvres d’art, matières premières…)
- Les crédits carbone et autres instruments financiers environnementaux
Autant de marchés aujourd’hui peu liquides et accessibles aux seuls investisseurs accrédités qui pourraient s’ouvrir à un plus large public grâce à la fluidité apportée par la tokenisation. Reste désormais à transformer l’essai de ce projet pilote en implémentant ces nouvelles capacités à grande échelle. Nul doute que Chainlink, UBS, Swift et leurs pairs planchent déjà sur la question pour ne pas laisser passer le train de la finance décentralisée. L’avenir nous dira s’ils arrivent à embarquer l’écosystème traditionnel dans cette révolution.