En cette fin juin 2024, à une semaine d’élections législatives anticipées qui pourraient voir une nouvelle poussée de l’extrême droite, les habitants de Seine-Saint-Denis ont décidé de lancer un message fort. Ce dimanche, répondant à l’appel du conseil départemental, ils étaient des milliers à former une chaîne humaine de 9,3 km le long des canaux reliant Bobigny à Saint-Denis. Main dans la main, des citoyens de tous âges et de tous horizons ont ainsi affirmé leur attachement aux valeurs de tolérance et de diversité qui font la richesse de ce territoire.
Une mobilisation symbolique à l’approche d’un scrutin crucial
Alors que la tension monte à l’approche des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, les habitants de Seine-Saint-Denis ont choisi une façon originale et pacifique de faire entendre leur voix. En se rassemblant pour former cette immense chaîne humaine, ils ont voulu envoyer un message clair :
La France métissée est belle, le vivre ensemble n’est pas un slogan mais une réalité ici. Face aux sirènes de la haine, nous répondons par la fraternité.
Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis
Une manière aussi de briser certains clichés qui collent à la peau de ce département populaire, souvent pointé du doigt pour ses difficultés sociales et sécuritaires. En se mobilisant en nombre, les Séquano-dionysiens ont montré un tout autre visage, celui d’un territoire soudé et déterminé à défendre ses valeurs.
Un département qui ne veut pas céder à la peur
Car en Seine-Saint-Denis plus qu’ailleurs, la montée des idées d’extrême droite lors de la dernière présidentielle a été vécue comme un choc. Avec près de 30% des voix au 1er tour pour le Rassemblement National, c’est tout un modèle de société qui s’est senti menacé:
On refuse de laisser l’extrémisme gangrener notre vivre-ensemble. Ici, on prouve chaque jour que la mixité est une force, pas un problème. Alors à ceux qui voudraient nous diviser, on répond par l’unité.
Leïla, une participante à la chaîne humaine
Une unité qui s’est donc exprimée de façon spectaculaire ce dimanche. Associations, élus locaux, anonymes, tous ont joint leurs mains pour former cette chaîne de la fraternité. Un moment de communion qui restera dans les mémoires.
La Seine-Saint-Denis, laboratoire de la France de demain ?
Au-delà du symbole, cette mobilisation massive interroge aussi sur la place singulière de la Seine-Saint-Denis dans le paysage politique et social français. Département le plus jeune et le plus métissé de France, il cristallise bien des espoirs et des craintes quant à l’avenir du pays :
Ici, on vit déjà la France de demain. Une France diverse, qui doit apprendre chaque jour à faire de ses différences une richesse. Si on y arrive, alors c’est tout le pays qui en sortira grandi.
Stéphane Troussel
Un laboratoire du vivre-ensemble, donc, mais aussi un territoire bien décidé à ne pas se laisser dicter son avenir par les vieilles logiques de rejet et de repli. La chaîne humaine de ce dimanche en est le vibrant témoignage.
Une image qui restera dans l’Histoire
9,3 km de fraternité et de détermination, des milliers de mains enlacées sans distinction d’origine ou de religion… Les images de cette chaîne humaine ont fait le tour des médias et des réseaux sociaux, devenant le symbole d’une Seine-Saint-Denis debout et unie.
Un message d’espoir aussi, à l’heure où les tentations du repli identitaire n’ont jamais semblé si fortes. En réaffirmant avec force ses valeurs d’ouverture et de tolérance, ce territoire si souvent stigmatisé a pris une revanche éclatante.
Alors que les législatives approchent, les organisateurs espèrent que cette mobilisation aura valeur d’exemple, et incitera les électeurs à faire barrage à la haine dans les urnes. Une chose est sûre : la Seine-Saint-Denis a montré ce dimanche son vrai visage. Celui d’une terre de fraternité déterminée à écrire elle-même son destin, loin des clichés et des peurs.
