Après plus d’un an d’hostilités transfrontalières et deux mois de guerre ouverte, un fragile cessez-le-feu est entré en vigueur mercredi entre Israël et le mouvement chiite libanais Hezbollah. Cette trêve, effective depuis 4 heures du matin, vise à mettre un terme à un conflit qui a contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir leur foyer de part et d’autre de la frontière. Si le calme semble revenu, la situation demeure néanmoins précaire dans la région.
Retour sur un an de tensions israélo-libanaises
Les affrontements entre Israël et le Hezbollah, soutenu par l’Iran, avaient débuté le 8 octobre 2023, au lendemain d’une attaque sans précédent du Hamas contre l’État hébreu. Le mouvement islamiste palestinien, allié du Hezbollah, avait alors ouvert un nouveau front dans la bande de Gaza, déclenchant une riposte massive de l’armée israélienne. En soutien au Hamas, le Hezbollah avait rapidement intensifié ses tirs de roquettes depuis le sud du Liban, forçant Israël à riposter.
Pendant près d’un an, la situation est restée très tendue à la frontière libano-israélienne, émaillée de bombardements sporadiques et d’incursions israéliennes en territoire libanais. Mais le conflit a pris une nouvelle dimension il y a deux mois, lorsque l’armée israélienne a lancé une vaste offensive terrestre au sud du Liban pour tenter de déloger les combattants du Hezbollah.
Une trêve fragile après des semaines de bombardements intenses
Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés avec des bombardements israéliens massifs sur Beyrouth et sa banlieue sud, fief du Hezbollah. En représailles, le mouvement chiite a multiplié les tirs de drones armés vers Tel-Aviv et d’autres villes israéliennes. Cette escalade meurtrière a poussé des centaines de milliers de Libanais et des dizaines de milliers d’Israéliens à fuir les zones frontalières.
Malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, des tirs ont encore été signalés moins d’une heure avant la trêve, témoignant de la grande fragilité de l’accalmie. Selon les termes de l’accord, l’armée israélienne dispose de 60 jours pour se retirer progressivement du Liban, tandis que le Hezbollah doit lui aussi s’éloigner de la frontière.
La communauté internationale salue une « lueur d’espoir »
Si la prudence reste de mise, cet accord de cessez-le-feu a été salué comme « un nouveau départ » pour le Liban par le président américain Joe Biden. La France, par la voix d’Emmanuel Macron, y voit aussi « une lueur d’espoir », tout en soulignant « l’urgence d’élire un nouveau président libanais » pour restaurer la souveraineté du pays.
Cet accord doit ouvrir la voie à un cessez-le-feu trop longtemps attendu face aux souffrances sans commune mesure de la population de Gaza.
Emmanuel Macron, Président de la République française
Côté israélien, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a toutefois prévenu que son pays se réservait « une totale liberté d’action militaire » si le Hezbollah venait à violer l’accord. Quant au Hamas, il s’est dit à son tour « prêt » à une trêve, laissant espérer une désescalade plus large au Proche-Orient.
Les défis de l’après-conflit au Liban
Au-delà du soulagement, ce cessez-le-feu pose la question de la reconstruction du Liban, déjà fragilisé par une crise économique sans précédent avant le conflit. D’après des sources proches du gouvernement, les dégâts matériels se chiffrent en milliards de dollars, avec de nombreuses infrastructures détruites, notamment à Beyrouth et dans le sud du pays.
L’autre enjeu majeur sera le retour des réfugiés dans leurs foyers, alors que le conflit a provoqué d’importants mouvements de populations. L’armée libanaise a d’ailleurs appelé les habitants à patienter avant de regagner les zones frontalières, le temps que les soldats israéliens se retirent.
Si ce cessez-le-feu offre un répit bienvenu, la route vers une paix durable au Proche-Orient reste semée d’embûches. Entre tensions régionales et crises internes, Liban et Israël devront s’engager dans un difficile processus de dialogue pour espérer tourner la page de ce conflit dévastateur.
