C’est avec un immense soulagement que le Qatar a accueilli la nouvelle du cessez-le-feu entré en vigueur mercredi au Liban. Ce pays du Golfe, qui avait endossé le rôle de médiateur dans les négociations, espère maintenant qu’un « accord similaire » pourra être trouvé pour mettre fin aux affrontements meurtriers entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
La trêve suspend un conflit qui a plongé le Liban dans le chaos pendant 13 longs mois. Selon un décompte basé sur les données officielles, les violences ont coûté la vie à des milliers de personnes, majoritairement des civils, et forcé 900 000 Libanais à fuir leurs foyers. En Israël aussi, des dizaines de milliers d’habitants ont dû être évacués.
Le Qatar veut croire en une « paix durable »
Pour le ministère qatari des Affaires étrangères, cet accord pourrait « ouvrir la voie à un consensus plus large » dans la région et « garantir une paix et une stabilité durables ». Une vision optimiste partagée par d’autres pays arabes.
L’Arabie saoudite a ainsi salué une trêve qui devrait selon elle « préserver la souveraineté du Liban ». Riyad a également rendu hommage aux efforts diplomatiques de la France et des États-Unis qui ont rendu possible ce dénouement.
De leur côté, les Émirats arabes unis ont formulé le vœu de voir le cessez-le-feu déboucher sur un « arrêt permanent des hostilités ». Abou Dabi n’a pas manqué non plus de louer le rôle crucial joué par Paris et Washington dans l’obtention de cet accord.
Reprise des pourparlers à Gaza ?
Au-delà de la situation au Liban, c’est bien le sort de Gaza qui préoccupe le Qatar. Pendant des mois, l’émirat a multiplié les navettes diplomatiques pour tenter d’arracher une trêve entre le Hamas et Israël. Mais début juin, face à l’absence de progrès, Doha avait fini par jeter l’éponge en suspendant sa médiation.
La porte n’est toutefois pas totalement fermée. Le Qatar a en effet laissé entendre qu’il pourrait se réinvestir dans ce dossier si les belligérants faisaient preuve d’un réel « sérieux » dans leur volonté d’aboutir à un accord.
Un scénario que semblent envisager les États-Unis. Mardi, en saluant le cessez-le-feu au Liban, le président Joe Biden a annoncé une relance des efforts diplomatiques sur le dossier palestinien. « Dans les jours à venir, les États-Unis vont mener à nouveau un effort avec la Turquie, l’Égypte, le Qatar, Israël et d’autres pays pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza », a-t-il promis.
Un haut responsable du Hamas a d’ailleurs confié à l’AFP que son mouvement était « prêt » à une trêve avec l’État hébreu, laissant ainsi entrevoir une lueur d’espoir pour les habitants de l’enclave palestinienne.
L’horreur des chiffres
La guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre dernier par une attaque du Hamas, a fait 1 207 morts côté israélien, en grande majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP d’après les données officielles. Ce décompte inclut également les otages tués ou décédés en captivité.
En représailles, Israël a lancé une vaste offensive sur Gaza qui a causé la mort de plus de 44 200 Palestiniens, essentiellement des civils là encore, si l’on en croit le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU.
Au-delà de ce bilan humain effroyable, des centaines de milliers de personnes ont tout perdu et tentent aujourd’hui de survivre dans des conditions extrêmement précaires, aussi bien au Liban que dans la bande de Gaza. Si le cessez-le-feu apporte un répit salutaire, le chemin vers une paix durable s’annonce encore long et semé d’embûches dans cette région meurtrie.