Ce mercredi 27 novembre, le cessez-le-feu négocié entre Israël et le Hezbollah est entré en vigueur, mettant ainsi un terme à plus de deux mois d’intenses combats au sud du Liban. Si le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a salué « une victoire », son homologue libanais s’est lui aussi félicité de « la victoire de la Résistance », laissant planer le doute sur le véritable rapport de force établi. Car malgré les coups très durs portés par l’armée israélienne, le « Parti de Dieu » chiite est loin d’avoir été anéanti.
Une organisation militaire affaiblie mais pas détruite
D’après des sources proches du dossier, l’opération terrestre lancée par Tsahal au Liban-Sud aurait infligé de lourdes pertes au Hezbollah, tuant plusieurs de ses commandants de haut rang et détruisant certaines de ses infrastructures clés. Le mouvement chiite aurait perdu entre 500 et 800 combattants selon les estimations, soit 15 à 20% de ses effectifs engagés.
Pour autant, le Hezbollah disposerait encore de milliers d’hommes entraînés et équipés, prêts à en découdre. Son arsenal resterait conséquent, avec des dizaines de milliers de roquettes de divers calibres, dont des missiles à longue portée pouvant atteindre les grandes villes israéliennes.
Un dense réseau souterrain intact
Malgré les frappes intensives de l’aviation israélienne, le dédale de tunnels et de bunkers creusé par le Hezbollah au fil des années sous la frontière aurait peu souffert. Ce réseau permettait d’acheminer en toute discrétion armes et combattants, constituant un atout stratégique majeur.
Ces tunnels sont notre bouclier et notre épée. Tant qu’ils existeront, la Résistance vivra.
Un cadre du Hezbollah
La « société du Hezbollah » intacte
Au-delà de sa branche armée, le Hezbollah s’appuie sur un dense tissu associatif, caritatif, économique et politique, profondément implanté au sein de la communauté chiite. Cette « société du Hezbollah » n’a pas été directement ciblée par les opérations israéliennes.
- Un réseau d’écoles, d’hôpitaux, d’associations très développé
- Un parti politique dominant au Parlement libanais
- Des relais économiques via un système de compagnies
Autant de leviers d’influence qui restent intacts et permettront au Hezbollah de perdurer au-delà des combats.
Le soutien inconditionnel de l’Iran et de la Syrie
Téhéran et Damas constituent les deux parrains historiques et stratégiques du Hezbollah. Malgré la guerre, leur soutien financier, matériel et politique ne s’est jamais démenti. De source bien informée, des livraisons d’armes iraniennes auraient régulièrement franchi la frontière syro-libanaise durant le conflit.
L’axe de la Résistance ne laissera jamais tomber le Hezbollah, quoi qu’il en coûte.
Un diplomate iranien
Un cessez-le-feu en demi-teinte
Si les armes se sont tues, aucun des points de contentieux de fond entre Israël et le Hezbollah n’a été réglé. Le mouvement chiite réclame toujours la fin de « l’occupation » du Sud-Liban, tandis qu’Israël exige un retrait total des forces du Hezbollah de la zone frontalière.
Pour de nombreux analystes, ce cessez-le-feu pourrait n’être qu’une « pause » permettant aux belligérants de soigner leurs plaies avant un prochain round. Le Hezbollah défait militairement pourrait aussi être tenté de recourir à des actions terroristes.
Quel avenir pour le Liban ?
En dépit de sa « victoire », Israël sort politiquement affaibli de cette guerre, son image écornée par les pertes subies et les destructions massives infligées aux civils libanais. Le Hezbollah en revanche, même militairement touché, apparaît auréolé d’un certain prestige pour avoir « résisté » deux mois à la superpuissance israélienne.
Sur le plan intérieur libanais, le mouvement chiite pourrait capitaliser sur ce succès politique pour accroître encore son emprise, au détriment des institutions étatiques. Un scénario qui fait craindre à certains une « Hezbollahisation » rampante du pays du Cèdre. L’avenir du Liban, comme souvent, apparaît des plus incertains au lendemain de cette énième guerre.