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Cessez-le-feu au Liban : accusations de violation contre Israël

Malgré l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, le président du Parlement libanais accuse Israël de "violation flagrante". Les tensions persistent dans la région, chaque camp s'accusant mutuellement de ne pas respecter la trêve. Un comité est chargé de superviser l'accord, mais la situation reste précaire. Retour sur ce nouveau rebondissement dans le conflit israélo-libanais qui maintient la région sous pression...

Alors qu’un cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre dernier entre le Liban et Israël après deux mois d’affrontements, les accusations de violation fusent déjà. Nabih Berri, président du Parlement libanais et allié du Hezbollah, a en effet dénoncé ce lundi une « violation flagrante » de l’accord par l’État hébreu. Une situation qui illustre la fragilité de cette trêve dans une région sous haute tension.

Un cessez-le-feu déjà remis en cause

Le chef du Parlement libanais n’a pas mâché ses mots. Dans un communiqué, Nabih Berri a appelé le comité chargé de superviser le cessez-le-feu, composé notamment des États-Unis et de la France, à « entamer urgemment son action et contraindre Israël à arrêter ses violations et se retirer » du territoire libanais. Plusieurs frappes israéliennes ont en effet visé le Liban depuis l’entrée en vigueur de la trêve, sans provoquer pour l’instant de riposte du Hezbollah.

Israël se défend et revendique « une totale liberté d’action »

De son côté, Israël rejette en bloc les accusations. Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a assuré qu’Israël respectait le cessez-le-feu et ne faisait que répondre aux « violations du Hezbollah qui appellent une action immédiate ». L’État hébreu a d’ailleurs prévenu qu’il se réservait « une totale liberté d’action militaire » au Liban en cas de non-respect de l’accord par le mouvement chiite.

La communauté internationale en médiation

Face à ces tensions, la communauté internationale tente de jouer les médiateurs. Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a ainsi insisté auprès de son homologue israélien sur « la nécessité que toutes les parties respectent le cessez-le-feu ». Un message relayé par les États-Unis qui ont participé activement aux négociations ayant abouti à cette trêve.

Les deux camps doivent saisir cette opportunité pour consolider le cessez-le-feu et oeuvrer à une désescalade durable. Tout nouveau cycle de violences serait dramatique pour les populations.

– Un diplomate occidental basé à Beyrouth.

Le Liban exsangue espère un répit

Au Liban, on espère que ce cessez-le-feu, même fragile, pourra offrir un répit salutaire au pays. Déjà étranglé par une crise économique et politique inédite, le Liban a subi de plein fouet ce nouveau conflit avec Israël cet automne.

  • Les affrontements ont fait 165 morts côté libanais, majoritairement des civils.
  • Un million de personnes ont dû fuir les combats au Sud-Liban et dans la banlieue sud de Beyrouth.
  • Les dégâts matériels sont considérables avec des milliers de logements et d’infrastructures détruits.

Si la trêve tient, l’urgence est désormais à la reconstruction et à la relance d’une économie exsangue. Mais la tâche s’annonce immense pour le gouvernement qui doit déjà composer avec une inflation galopante, une monnaie en chute libre et des pénuries en tous genres.

Une poudrière régionale

Plus largement, ces tensions israélo-libanaises s’inscrivent dans un contexte régional explosif. Outre la reprise en main par les talibans de l’Afghanistan cet été, la région reste minée par :

  • Le conflit syrien qui a fait plus de 380 000 morts depuis 2011 et jeté des millions de personnes sur les routes de l’exil.
  • Les tensions entre l’Iran et Israël, qui s’accusent mutuellement de déstabiliser la région à travers leurs alliés interposés.
  • L’absence d’horizon pour les Palestiniens dont la cause semble plus que jamais reléguée au second plan.
  • La menace jihadiste qui reste prégnante, comme l’a montré l’attaque meurtrière revendiquée par l’État islamique à Kaboul fin août.

Avec ce cessez-le-feu précaire au Liban, c’est toute une poudrière régionale qui retient son souffle. Si un espoir d’accalmie est permis, nul ne se fait d’illusion sur la fragilité de la situation. Le moindre incident ou maladresse pourrait rapidement rallumer l’étincelle. Israël et le Hezbollah, qui ont chacun clamé « victoire » à l’issue des combats, restent sur le qui-vive. Les regards sont désormais braqués sur le comité de supervision du cessez-le-feu qui aura la lourde tâche de muscler cette trêve pour éviter un énième embrasement aux conséquences potentiellement dévastatrices.

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