L’accord pour un cessez-le-feu à Gaza et la libération d’otages israéliens constitue un tournant majeur pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Bien que cet accord risque d’ébranler sa coalition gouvernementale, des analystes estiment qu’il pourrait aussi redéfinir son héritage politique. Décryptage des enjeux pour celui qu’on surnomme le « magicien » de la politique israélienne.
Netanyahu sous pression après 15 mois de guerre
Depuis le début de l’offensive du Hamas contre Israël en octobre 2023, Netanyahu a été la cible de vives critiques dans son pays. On lui a reproché de ne pas avoir su prévenir l’attaque et de ne pas avoir agi assez rapidement pour libérer les otages israéliens. Certains l’ont même accusé de prolonger volontairement le conflit pour se maintenir au pouvoir et échapper à son procès pour corruption, une première pour un chef de gouvernement en exercice en Israël.
La pression est montée d’un cran lorsque 800 parents de soldats lui ont écrit début janvier, affirmant ne plus pouvoir lui « permettre de continuer à sacrifier » leurs enfants. Le lourd bilan de plus de 400 militaires israéliens tués à Gaza en 15 mois a profondément marqué l’opinion.
L’extrême droite menace de lâcher « Bibi »
Mais le Premier ministre a dû composer avec une autre menace : celle de ses alliés d’extrême droite, fermement opposés à un cessez-le-feu et réclamant une riposte encore plus dure dans le territoire palestinien. Des ministres comme Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir n’ont pas hésité à brandir la menace d’une défection si un accord était conclu.
Vers une normalisation avec l’Arabie saoudite ?
Malgré ces pressions, la plupart des analystes estiment que Netanyahu saura retourner la situation à son avantage. L’accord sur Gaza pourrait même lui ouvrir la voie à une normalisation tant espérée des relations avec l’Arabie saoudite, avec le soutien du futur président américain Donald Trump.
Selon des sources diplomatiques, Washington était sur le point de sceller un accord en ce sens juste avant le déclenchement de la guerre en octobre 2023. Le secrétaire d’État américain sortant Antony Blinken a récemment confirmé qu’une telle normalisation pourrait avoir lieu « demain » sur la base du travail déjà effectué.
La normalisation avec l’Arabie saoudite peut avoir lieu demain sur la base du travail que nous avons effectué.
Antony Blinken, secrétaire d’État américain sortant
Un tel accord constituerait un succès diplomatique majeur pour Netanyahu, même si le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a posé comme condition la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël, une option à laquelle le dirigeant israélien s’oppose.
Quel héritage pour « Bibi » ?
Au-delà du cessez-le-feu à Gaza, l’enjeu pour Netanyahu est donc de savoir ce qu’il peut retirer de cet accord pour consolider son bilan. Selon le journaliste et biographe Anshel Pfeffer, le Premier ministre espère qu’un rapprochement avec les Saoudiens fera oublier aux Israéliens les morts et les otages de cette guerre, et à la communauté internationale les événements à Gaza.
Mais certains doutent que cela suffise à gommer les zones d’ombre. Pour Aviv Bushinsky, ancien chef de cabinet de Netanyahu, le 7 octobre 2023 et le sort des otages dont certains pourraient ne jamais être retrouvés resteront des taches indélébiles dans l’héritage de « Bibi ».
Il voudra que les gens se souviennent de ceux qu’il a réussi à ramener, mais pas de ceux qu’il n’a pas pu ramener. Cela va continuer à le hanter.
Aviv Bushinsky, ancien chef de cabinet de Benjamin Netanyahu
Des bouleversements politiques à prévoir
Sur le plan politique, l’accord de cessez-le-feu pourrait rebattre les cartes pour le Premier ministre israélien. Selon la politologue Gayil Talshir, Netanyahu a suffisamment consolidé sa coalition avec des renforts de centre-droit pour ne plus dépendre de ses alliés d’extrême droite Smotrich et Ben Gvir.
Plusieurs figures de l’opposition, dont son chef Yair Lapid, se sont dites prêtes à voter la confiance au gouvernement pour permettre la mise en œuvre de l’accord, en cas de défection de l’extrême droite. Autant de signaux qui laissent penser que « Bibi » a encore plus d’un tour dans son sac pour se maintenir aux commandes malgré les turbulences.
Une chose est sûre : ce cessez-le-feu à Gaza est un moment charnière pour Benjamin Netanyahu. Il pourrait fragiliser sa coalition à court terme mais aussi transformer durablement la donne régionale et, in fine, l’héritage politique de ce dirigeant qui a marqué Israël de son empreinte depuis plus d’une décennie. Les prochaines semaines s’annoncent décisives.
Selon des sources diplomatiques, Washington était sur le point de sceller un accord en ce sens juste avant le déclenchement de la guerre en octobre 2023. Le secrétaire d’État américain sortant Antony Blinken a récemment confirmé qu’une telle normalisation pourrait avoir lieu « demain » sur la base du travail déjà effectué.
La normalisation avec l’Arabie saoudite peut avoir lieu demain sur la base du travail que nous avons effectué.
Antony Blinken, secrétaire d’État américain sortant
Un tel accord constituerait un succès diplomatique majeur pour Netanyahu, même si le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a posé comme condition la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël, une option à laquelle le dirigeant israélien s’oppose.
Quel héritage pour « Bibi » ?
Au-delà du cessez-le-feu à Gaza, l’enjeu pour Netanyahu est donc de savoir ce qu’il peut retirer de cet accord pour consolider son bilan. Selon le journaliste et biographe Anshel Pfeffer, le Premier ministre espère qu’un rapprochement avec les Saoudiens fera oublier aux Israéliens les morts et les otages de cette guerre, et à la communauté internationale les événements à Gaza.
Mais certains doutent que cela suffise à gommer les zones d’ombre. Pour Aviv Bushinsky, ancien chef de cabinet de Netanyahu, le 7 octobre 2023 et le sort des otages dont certains pourraient ne jamais être retrouvés resteront des taches indélébiles dans l’héritage de « Bibi ».
Il voudra que les gens se souviennent de ceux qu’il a réussi à ramener, mais pas de ceux qu’il n’a pas pu ramener. Cela va continuer à le hanter.
Aviv Bushinsky, ancien chef de cabinet de Benjamin Netanyahu
Des bouleversements politiques à prévoir
Sur le plan politique, l’accord de cessez-le-feu pourrait rebattre les cartes pour le Premier ministre israélien. Selon la politologue Gayil Talshir, Netanyahu a suffisamment consolidé sa coalition avec des renforts de centre-droit pour ne plus dépendre de ses alliés d’extrême droite Smotrich et Ben Gvir.
Plusieurs figures de l’opposition, dont son chef Yair Lapid, se sont dites prêtes à voter la confiance au gouvernement pour permettre la mise en œuvre de l’accord, en cas de défection de l’extrême droite. Autant de signaux qui laissent penser que « Bibi » a encore plus d’un tour dans son sac pour se maintenir aux commandes malgré les turbulences.
Une chose est sûre : ce cessez-le-feu à Gaza est un moment charnière pour Benjamin Netanyahu. Il pourrait fragiliser sa coalition à court terme mais aussi transformer durablement la donne régionale et, in fine, l’héritage politique de ce dirigeant qui a marqué Israël de son empreinte depuis plus d’une décennie. Les prochaines semaines s’annoncent décisives.