Chaque année en France, 100 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme ni qualification. Un chiffre alarmant qui ne cesse d’interpeller la société. Face à ce constat, des entreprises ont décidé de s’engager pour offrir une seconde chance à ces jeunes décrocheurs. Convaincues que le travail peut être un formidable levier d’insertion et de révélation des talents, elles multiplient les initiatives pour leur tendre la main.
Entreprendre pour réinsérer les jeunes sans diplôme
Si l’État a lancé en 2022 le contrat d’engagement jeune (CEJ) pour accompagner les décrocheurs vers l’emploi, les entreprises ont un rôle clé à jouer dans leur réinsertion. C’est le credo de Matthieu Turin, traiteur parisien engagé. « C’est à nous, chefs d’entreprise, de lutter contre ce phénomène. Si on ne le fait pas, c’est le drame », martèle-t-il. Un combat partagé par de nombreuses sociétés qui, au-delà du financement de formations via leur fondation, vont chercher ces jeunes cabossés par la vie pour leur donner une chance de rebondir.
Révéler les talents par le travail
Car pour ces entreprises engagées, chacun a un potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer. « Les gens peuvent se révéler dans le travail, hors du système scolaire », assure ainsi le dirigeant d’une PME lyonnaise qui accueille régulièrement des jeunes en rupture pour des stages ou des CDI. L’entreprise leur assigne un tuteur et les forme à un métier, leur permettant de prendre confiance et de trouver leur voie. Une démarche bienveillante et exigeante qui porte ses fruits, avec un taux de réussite supérieur à 70%.
On leur donne un cadre, des règles, mais surtout une opportunité de montrer ce dont ils sont capables. C’est bluffant de voir leur métamorphose en quelques mois !
témoigne le DRH
Construire des parcours sur-mesure
Conscientes que chaque jeune décrocheur a un parcours et des aspirations uniques, les entreprises misent sur un accompagnement personnalisé. Du CAP en alternance au CDD tremplin en passant par des formations internes qualifiantes, tous les moyens sont bons pour construire des parcours adaptés à chacun.
- Détection des compétences et appétences
- Définition d’un projet professionnel
- Formation et montée en compétences
- Accompagnement personnel et professionnel
Avec en filigrane, la volonté de leur redonner confiance et fierté. Car au-delà des compétences techniques, c’est bien l’épanouissement de ces jeunes qui est visé.
Pari gagnant pour l’entreprise et la société
En pariant sur ces jeunes en difficulté, les entreprises ne font pas seulement preuve d’altruisme. C’est aussi un pari gagnant en termes de ressources humaines. Dans un contexte de pénurie de talents, ouvrir son recrutement à des profils atypiques est un levier de compétitivité. Certains y ont même trouvé un moyen de fidéliser leurs équipes, tant les jeunes formés se montrent reconnaissants et investis.
Mais au-delà de l’intérêt bien compris des entreprises, c’est toute la société qui sort gagnante de cet engagement en faveur des décrocheurs. En leur offrant une seconde chance, elles participent à la lutte contre l’exclusion et la précarité. Un enjeu majeur quand on sait que les jeunes sans diplôme sont surreprésentés parmi les chômeurs et les bénéficiaires de minima sociaux. Réinsérer ne serait-ce qu’une partie d’entre eux, c’est construire une société plus inclusive et harmonieuse.
On ne peut pas se contenter de dire que l’école de la deuxième chance, c’est l’entreprise. Il faut s’en donner les moyens, et ça passe par l’engagement de chacun, à son niveau.
conclut Matthieu Turin
Alors que le nombre de jeunes décrocheurs ne faiblit pas, souhaitons que ces entreprises inspirantes fassent des émules. Pour que chaque jeune, même cabossé par la vie, puisse trouver sa voie et sa place dans notre société. L’avenir de notre jeunesse, et celui de notre pays, en dépendent.