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Centre médical fermé à Marseille : quand les dealers font la loi

Depuis près d'un an, un centre médical de Marseille est désert. En cause : la présence de dealers violents terrorisant patients et soignants. Une situation intenable qui pousse ces derniers à l'exil, laissant des centaines de patients démunis. Plongée dans un quartier où règne la loi du plus fort.

Imaginez devoir vous rendre à l’hôpital, dans un état de fragilité, et être accueilli par des dealers armés et menaçants. C’est le calvaire qu’ont vécu pendant des mois les patients du centre médico-psychologique (CMP) Pressensé, dans le centre-ville de Marseille, avant que l’établissement ne ferme ses portes en juillet dernier. Un triste record : cela fait désormais près d’un an que ce CMP, essentiel pour de nombreux marseillais souffrant de troubles psychiques, est totalement à l’abandon.

Quand les dealers font la loi aux abords des hôpitaux

Le trafic de drogue gangrène depuis des années ce quartier du 1er arrondissement. Mais ces derniers temps, les dealers, de plus en plus nombreux et violents, ont littéralement pris possession des rues adjacentes au CMP. Lâchant leurs chiens sur les véhicules des soignants, rackettant certains patients vulnérables, les trafiquants ont peu à peu transformé les abords de l’hôpital de jour en zone de non-droit.

Pour Pascale, infirmière au CMP Pressensé depuis plusieurs années, cette montée de l’insécurité a rendu le quotidien des équipes médicales invivable :

On ne se rendait pas compte de la violence qui y régnait quand on y était. Nous étions pris dedans et il fallait protéger nos patients.

Pascale, infirmière au CMP Pressensé

Mais le point de rupture a été atteint en juillet 2023. Ce jour-là, un individu s’introduit dans les locaux et menace de mort plusieurs soignants. Choqués, ces derniers exercent dès le lendemain leur droit de retrait. Le CMP est alors relocalisé en urgence dans le 15ème arrondissement de Marseille, loin de ses patients habituels.

Des patients livrés à eux-mêmes

Car les premières victimes de cette fermeture restent les quelques 1000 patients suivis chaque année par le CMP. Pour beaucoup d’entre eux, se rendre dans les nouveaux locaux au nord de la ville est impossible. Certains ont ainsi dû renoncer à leurs soins.

Ce sont des gens fragilisés. Ils ont été soulagés de ce départ, mais ils continuent de vivre ici.

Pascale, infirmière au CMP Pressensé

Une situation intenable pour Kader Benayed, secrétaire général SUD Santé :

C’est comme si on mettait un bâtiment public au sein d’une zone de guerre. Les patients étaient vulnérables à côté de gens qui vendaient des stupéfiants aux yeux de tous.

Kader Benayed, secrétaire général SUD Santé

Les pouvoirs publics dépassés

Face à ce fléau, les tentatives des pouvoirs publics pour endiguer le trafic se sont pour l’instant soldées par des échecs. Une caméra de surveillance a bien été installée devant le CMP, mais son poteau a été rapidement scié par les dealers. Quant à l’éclairage public, il reste insuffisant une fois la nuit tombée, facilitant les trafics.

En attendant une hypothétique réouverture du centre et un retour de l’état de droit dans le quartier, ce sont donc les patients les plus fragiles qui paient le plus lourd tribut. Eux qui avaient tant besoin d’être accompagnés et rassurés se retrouvent finalement les grands perdants de cette bataille entre soignants et dealers. Une bien triste réalité qui en dit long sur l’état de certains quartiers marseillais gangrénés par la violence et les trafics…

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