Dans la nuit de jeudi à vendredi, le site de la tristement célèbre centrale nucléaire de Tchernobyl a été la cible d’une attaque de drone, qui a provoqué d’importants dégâts sur la structure de protection du réacteur n°4. Une vidéo de l’incident, relayée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky lui-même, dévoile l’ampleur de la détonation et la zone d’impact.
Sur les images de vidéosurveillance, on peut clairement voir et entendre l’explosion causée par ce que le chef d’État qualifie de « drone d’attaque russe équipé d’une ogive hautement explosive ». La structure métallique recouvrant les ruines radioactives du réacteur qui a explosé en 1986 a subi des dommages importants, comme le montrent les images tournées au petit matin.
La Russie pointée du doigt malgré les démentis
Si le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a assuré que l’armée russe ne visait pas les installations nucléaires, les experts militaires jugent pourtant hautement probable que des forces russes soient derrière cette frappe, étant donné le contexte de guerre qui oppose les deux pays depuis près de 3 ans maintenant dans la région.
Sur place, une équipe de journalistes a pu approcher au plus près de la centrale et constater par elle-même les dégâts. Si les responsables de la sécurité ne négligent pas la gravité de l’attaque, ils se veulent toutefois rassurants :
Une catastrophe a été évitée. Les niveaux de radiations restent normaux et stables pour le moment.
Le « sarcophage » de Tchernobyl endommagé
La structure métallique touchée par le drone avait été inaugurée en 2019 pour recouvrir et protéger le réacteur n°4 qui avait explosé lors de la catastrophe d’avril 1986, considérée comme le pire accident nucléaire de l’histoire. Ce « sarcophage » géant avait pour objectif de confiner la radioactivité et les débris encore présents.
Même si aucune hausse de radiation n’a été constatée suite à cette attaque, les dégâts infligés à cette enceinte de confinement ravivent les inquiétudes concernant les risques liés à ce site toujours extrêmement sensible, en particulier dans un contexte de conflit armé.
L’Ukraine appelle la communauté internationale à réagir
Face à ce qu’il considère comme un acte de provocation inacceptable, Volodymyr Zelensky a exhorté les pays occidentaux et les instances internationales, dont l’ONU et l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), à condamner fermement cette attaque contre une installation nucléaire.
Cette agression contre la centrale de Tchernobyl démontre une fois de plus que la Russie se moque des normes de sûreté nucléaire et du droit international. La communauté mondiale doit réagir !
– Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine
Les conséquences à long terme de cette frappe restent à évaluer, mais une chose est sûre : près de 40 ans après la catastrophe originelle, Tchernobyl se retrouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs, rappelant au monde entier les dangers liés à ce site maudit.
Un symbole fort dans la guerre russo-ukrainienne
Au-delà des aspects purement sécuritaires et environnementaux, cette attaque de drone revêt également une valeur hautement symbolique dans le conflit qui déchire la région. Tchernobyl, situé à seulement quelques kilomètres de la frontière entre l’Ukraine et le Bélarus, allié de Moscou, est un lieu chargé d’histoire et d’émotions.
Viser ce site emblématique n’est donc pas anodin et participe à l’escalade des tensions entre Kiev et le Kremlin. Face à ce nouvel acte d’agression, l’Ukraine entend bien mobiliser ses soutiens occidentaux pour faire pression sur la Russie et l’obliger à respecter l’intégrité de son territoire et de ses infrastructures, même les plus sensibles.
Vers un regain d’intérêt pour la sécurité des centrales nucléaires en zone de conflit ?
Cette frappe de drone sur Tchernobyl met en lumière les risques spécifiques auxquels sont exposées les installations nucléaires en temps de guerre. Au-delà du cas ukrainien, c’est toute la question de la protection de ces sites ultrasensibles qui se pose avec acuité.
Alors que plusieurs centrales se trouvent dans des zones de tensions à travers le monde, de l’Iran au Cachemire en passant par la péninsule coréenne, il apparaît urgent de renforcer les mécanismes internationaux visant à prévenir toute attaque ou accident aux conséquences potentiellement dévastatrices.
À n’en pas douter, l’incident de Tchernobyl, aussi spectaculaire que préoccupant, relancera le débat sur ces enjeux cruciaux et pourrait déboucher sur de nouvelles initiatives en matière de sécurité nucléaire. Une chose est sûre : près de 40 ans après la catastrophe originelle, l’ombre de Tchernobyl continue de planer sur l’Ukraine et le monde.