C’est un séisme politique qui a secoué l’Assemblée nationale ce mercredi 4 décembre 2024. Pour la première fois depuis 1962, les députés ont adopté une motion de censure, provoquant la chute du gouvernement dirigé par Michel Barnier. Un évènement historique sous la Ve République qui ouvre une période d’incertitude politique.
Retour sur une journée pas comme les autres
Dès le début de l’après-midi, une ambiance électrique régnait au Palais Bourbon. Les travées étaient bondées, les couloirs bruissaient de rumeurs et de tractations de dernière minute. Tous avaient conscience d’assister à un moment historique.
La cause de cette effervescence ? Le dépôt la veille par les députés du Nouveau Front populaire (NFP) d’une motion de censure contre le gouvernement, en réponse à l’utilisation par ce dernier de l’article 49-3 pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale. Un passage en force qui a mis le feu aux poudres.
Une alliance de circonstance entre le NFP et le RN
Malgré leurs profondes divergences, le Nouveau Front populaire (gauche radicale) et le Rassemblement national ont décidé d’unir leurs voix pour faire tomber le gouvernement. Un coup de force rendu possible par l’absence de majorité absolue pour le camp présidentiel à l’Assemblée.
Nous avons saisi l’occasion historique de sanctionner un gouvernement qui bafoue le Parlement et méprise le peuple.
Un député NFP
Côté RN, on assume aussi ce vote « d’opposition », tout en se défendant de toute « compromission » avec la gauche radicale. L’objectif était avant tout de « mettre fin à la dérive autoritaire » du gouvernement selon un cadre du parti lepéniste.
La chute du gouvernement actée
Malgré une intense campagne de dernière minute de l’exécutif pour tenter de rallier des voix, notamment chez Les Républicains, le sort du gouvernement était scellé. À 20h47 précisément, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a annoncé solennellement le résultat du vote :
La motion de censure est adoptée. En conséquence, le gouvernement est renversé.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale
331 députés ont voté pour la censure, bien au-delà de la majorité absolue requise de 289 voix. Du jamais vu sous la Ve République. Le gouvernement de Michel Barnier n’aura tenu que 3 mois, devenant le plus éphémère de l’histoire récente.
Et maintenant ? Démission et consultations
Conformément à la Constitution, le Premier ministre censuré doit remettre sans délai la démission de son gouvernement au Président de la République. C’est désormais chose faite. Emmanuel Macron, qui s’est exprimé dans la soirée, a pris « acte de cette décision souveraine de l’Assemblée » et annoncé l’ouverture de « consultations » en vue de nommer un nouveau gouvernement.
Mais la tâche s’annonce ardue en l’absence de majorité claire au Parlement. Plusieurs scénarios sont sur la table : un gouvernement d’union nationale, un exécutif resserré autour de la majorité présidentielle ou encore un cabinet de techniciens. Une dissolution de l’Assemblée suivie de législatives anticipées n’est pas non plus exclue si le blocage persiste.
Une seule certitude dans ce paysage politique mouvant : la France est entrée dans une zone de turbulences. Les prochains jours seront déterminants pour l’avenir du quinquennat Macron, déjà très affaibli. Les marchés financiers scruteront avec anxiété l’issue de cette crise politique inédite.
En bref
- Pour la 1ère fois depuis 1962, une motion de censure renverse le gouvernement
- Une alliance de circonstance NFP-RN à l’origine de ce séisme politique
- Le gouvernement Barnier n’aura tenu que 3 mois, un record sous la Ve République
- Emmanuel Macron promet des « consultations » pour former un nouveau gouvernement
- Plusieurs scénarios possibles, jusqu’à une dissolution de l’Assemblée
Une page de l’histoire politique française vient de se tourner. Dans quel sens ? Avec quelles conséquences pour le pays ? Les jours à venir nous le diront. Une seule certitude : le paysage politique français a changé de visage ce 4 décembre 2024. Et rien ne sera plus comme avant.