La décision choc du gouvernement Barnier de recourir à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter sans vote son projet de loi contesté provoque une onde de choc sur l’échiquier politique. Face à ce qui est dénoncé comme un « passage en force » et un « déni de démocratie » par les oppositions, les réactions s’organisent. Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National, et Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, montent au créneau.
Le Pen et Mélenchon à l’offensive dans les médias
Pour riposter et porter la contradiction, les deux figures de proue de l’opposition ont choisi le terrain médiatique. Selon nos informations, Marine Le Pen sera l’invitée du 20h de TF1 ce mercredi soir, soit 24h après l’intervention du Premier ministre Barnier au même journal télévisé. Un choix stratégique pour toucher une large audience et faire entendre sa voix.
De son côté, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon a annoncé sur Twitter qu’il serait l’invité du 20h de TF1 jeudi soir. Une prise de parole très attendue alors que la gauche apparaît divisée sur la conduite à tenir en cas de motion de censure déposée par la droite nationaliste.
Le Maillon faible s’appelle l’Assemblée nationale. Nous allons abroger cette loi inique.
– Jean-Luc Mélenchon sur Twitter
Édouard Philippe s’inquiète d’une « crise politique majeure »
Face à la bronca, le camp présidentiel tente de justifier le recours au 49.3 par la nécessité d’avancer sur les réformes. L’ancien Premier ministre Édouard Philippe, soutien d’Emmanuel Macron, a néanmoins choisi de prendre ses distances. Conscient de la colère qui monte, il s’exprimera demain à 19h sur BFMTV.
Si ce texte est rejeté, nous allons au devant de grosses difficultés et potentiellement d’une crise politique majeure.
– Édouard Philippe cité par Politico
Mobilisation dans la rue dès ce week-end?
Au delà des prises de parole, les oppositions fourbissent leurs armes pour s’opposer par tous les moyens au projet de loi. Selon plusieurs sources, des manifestations pourraient être organisées dans toute la France dès ce week-end pour montrer le rejet populaire de la réforme et mettre la pression sur le gouvernement.
Les syndicats, déjà vent debout contre le texte, pourraient également durcir le ton et annoncer de nouvelles journées de grève et de mobilisation, menaçant de bloquer le pays. Le gouvernement joue gros et risque une contestation sociale d’ampleur couplée à une crise politique qui fragiliserait encore plus son assise déjà chancelante.
Vers une dissolution de l’Assemblée cet été?
Pour sortir de l’impasse, certains évoquent déjà l’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée nationale. Un pari risqué pour le président Macron mais qui lui permettrait de rebattre les cartes en cas de majorité introuvable. Des élections législatives anticipées pourraient alors avoir lieu courant juillet.
En attendant, tous les regards sont braqués sur les chefs de l’opposition qui vont jouer une partition décisive ces prochains jours. Leurs interventions médiatiques et leurs choix stratégiques sont scrutés et commentés par tous les observateurs. La séquence politique qui s’ouvre s’annonce inflammable et lourde de conséquences pour l’avenir du quinquennat et du pays.