Trois ans déjà que Cédric Jubillar est derrière les barreaux. Mis en examen pour “meurtre sur conjoint” suite à la mystérieuse disparition de son épouse Delphine dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, le peintre-plaquiste clame son innocence. Mais la justice estime qu’il existe des “indices graves et concordants” justifiant son maintien en détention provisoire. Une situation qui pourrait perdurer jusqu’à son procès, malgré ses multiples demandes de remise en liberté.
Une détention provisoire qui s’éternise
Selon le Code pénal, la détention provisoire ne peut normalement excéder 3 ans lorsque la peine encourue est la perpétuité, comme c’est le cas pour “meurtre sur conjoint”. Mais des exceptions existent, notamment lorsque le justiciable est poursuivi pour certains crimes graves. Cédric Jubillar pourrait donc rester incarcéré bien au-delà de cette durée, en attendant d’être jugé.
L’instruction s’est achevée en octobre 2022, débouchant sur une ordonnance de mise en accusation en novembre. Mais en février 2023, la cour d’appel de Toulouse a ordonné un supplément d’information, repoussant encore l’échéance d’un procès. Ce complément d’enquête s’est terminé fin mai. Une nouvelle ordonnance de renvoi devant la cour d’assises devrait donc être prochainement rendue.
Un procès pas avant 2025 ?
Mais même une fois l’instruction définitivement close, Cédric Jubillar ne sera pas jugé immédiatement. Selon la loi, l’accusé doit être audiencé dans l’année suivant son renvoi devant les assises. Mais ce délai peut exceptionnellement être prolongé de 6 mois, renouvelable deux fois. Autrement dit, le procès de l’affaire Jubillar pourrait n’intervenir qu’en 2025, voire 2026 !
En attendant, Cédric Jubillar multiplie les demandes de remise en liberté, toutes rejetées jusqu’à présent. Son argumentation n’a pas varié : pas d’aveux, pas de mobile établi, pas de scène de crime, pas de corps… Ses avocats dénoncent une “détention abusive”. Mais pour les magistrats, les charges sont suffisantes pour justifier son maintien en détention.
Il y a une différence entre les délais de détention provisoire pendant l’instruction et après la clôture de l’instruction.
Une magistrate, ancienne juge d’instruction
Le cauchemar d’une détention sans fin ?
Pour les proches de Delphine Jubillar, la prolongation de la détention de Cédric est un soulagement. Ils restent convaincus de sa culpabilité et redoutent sa libération. Mais pour les soutiens du suspect n°1, c’est un véritable cauchemar qui se profile. Un homme présumé innocent, privé de liberté pendant des années, sans même avoir été jugé…
L’affaire Jubillar illustre la complexité de l’équilibre entre les droits de la défense et les impératifs de l’enquête. Une chose est sûre : ce dossier hors norme est loin d’avoir livré tous ses secrets. Et en attendant son procès, Cédric Jubillar risque de voir les portes de la prison rester closes pour lui pendant encore de longs mois.