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Ce que la fin de la troisième classe révèle sur nos sociétés

Partez à la découverte d'un moment charnière de notre histoire sociale : la fin de la 3e classe dans les trains français en 1956 ! Une plongée fascinante au cœur des archives du Figaro qui nous en dit long sur l'évolution de la société... #histoire #société #train

Imaginez-vous, en ce 3 juin 1956, monter dans un train sans avoir le choix entre première, deuxième et troisième classe. C’est précisément ce qui s’est produit à cette date, lorsque la SNCF a officiellement supprimé les wagons de troisième classe. Plus qu’une simple réforme tarifaire, cet événement en apparence anodin est en réalité le reflet d’une profonde transformation de la société française au sortir de la guerre. Plongeons ensemble dans les archives fascinantes du Figaro pour décrypter ce que ce changement nous révèle.

Un symbole des inégalités sociales qui s’efface

Avec leurs banquettes en bois inconfortables, l’absence de chauffage et les courants d’air, les wagons de troisième classe étaient devenus au fil des décennies l’incarnation des inégalités sociales dans les transports. Les archives du Figaro regorgent de témoignages édifiants sur les conditions de voyage spartiates réservées aux voyageurs les moins aisés, contrastant avec le confort ouaté des premières classes.

Lorsqu’on prend un billet de première pour soi et surtout pour les siens, c’est souvent moins pour avoir plus chaud et être mieux assis que pour se soustraire aux inconvénients de tous genres d’un voisinage désagréable.

– Un voyageur mécontent en 1861

Cette citation extraite du Figaro de 1861 illustre bien les préjugés sociaux qui régnaient alors dans les transports ferroviaires. La suppression de la troisième classe apparaît donc comme une petite révolution, même si elle ne règle pas totalement la question des inégalités.

La démocratisation du voyage en question

En 1956, la SNCF justifie la disparition de la troisième classe par un souci de démocratisation. Le Figaro rapporte ainsi que “les usagers des ‘troisièmes’ assurant la majeure partie des recettes, il était juste d’augmenter encore leur confort”. Pourtant, quelques mois plus tard, le quotidien constate amèrement que ce sont en réalité les voyageurs de l’ex-deuxième classe qui trinquent, devant soit se rabattre sur la “classe inférieure”, soit payer plus cher pour accéder à la “classe supérieure”.

Cette réforme n’a pas été inspirée à la S.N.C.F par le souci de flatter l’usager, mais par la nécessité d’assainir ses finances. […] Une fois de plus, la classe moyenne fait seule les frais.

– Georges Ravon, éditorialiste du Figaro en 1956

Au-delà de l’aspect tarifaire, c’est bien la persistance des clivages sociaux que pointe du doigt le journal, avec ces nouvelles appellations de “classe supérieure” et “classe inférieure” considérées comme discriminantes.

Le reflet d’une société en transition

Finalement, ce que révèle cet épisode de la fin de la troisième classe, c’est une société française en pleine mutation après la Seconde Guerre mondiale. Les Trente Glorieuses se profilent, avec leurs promesses de progrès social et de prospérité. Mais les vieilles hiérarchies ont la peau dure et la marche vers l’égalité ne se fait pas sans heurts.

La SNCF, en supprimant purement et simplement une classe plutôt que d’améliorer les conditions de transport de tous, prend acte de ces contradictions. Elle répond à une demande de démocratisation tout en ménageant les intérêts financiers et les réflexes de distinction d’une partie de sa clientèle.

En définitive, ces archives nous montrent que derrière les questions a priori techniques de tarifs et de conforts, ce sont bien des enjeux éminemment sociaux et politiques qui se jouent. Un formidable exemple de ce que l’étude de l’histoire des transports peut nous apprendre sur les transformations profondes de nos sociétés !

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