Depuis mi-décembre, la mer Noire est confrontée à une catastrophe écologique majeure suite au naufrage de deux pétroliers russes dans le détroit de Kertch, entre la Russie et la Crimée annexée. La marée noire qui en résulte ne cesse de s’étendre, atteignant désormais la ville de Sébastopol. Face à l’ampleur des dégâts, les autorités locales peinent à contenir cette pollution marine dévastatrice.
Un accident aux conséquences dramatiques
Les deux navires échoués contenaient pas moins de 9 200 tonnes de mazout, dont au moins 26% se seraient déjà déversées dans la mer selon les estimations russes. Ce fioul lourd de type M100, particulièrement difficile à traiter, rend les opérations de nettoyage extrêmement complexes. À ce jour, près de 200 000 tonnes de sols pourraient avoir été impactées par cette marée noire.
Une faune et une flore en péril
Au-delà des dommages visibles sur les côtes, c’est tout l’écosystème marin qui est menacé. De nombreuses espèces d’oiseaux et de poissons risquent de payer un lourd tribut, comme ce fut le cas lors d’une précédente marée noire dans la région en 2007. La proximité de la mer d’Azov, aux eaux peu profondes et plus sensibles aux variations de température, suscite de vives inquiétudes quant aux répercussions à long terme de cette pollution.
Un nettoyage laborieux dans un contexte tendu
Si les autorités locales ont mobilisé des volontaires pour nettoyer les plages souillées, les moyens déployés semblent insuffisants face à l’ampleur de la tâche. Faute d’équipements adaptés, les interventions directement sur l’eau pour contenir les nappes de pétrole s’avèrent quasiment impossibles. Le contexte géopolitique tendu entre la Russie et l’Ukraine suite à l’annexion de la Crimée entrave également la coopération internationale, pourtant essentielle dans ce type de situation.
Seules les images satellites peuvent fournir un aperçu plus ou moins fiable de la situation
explique Iryna Babanina, spécialiste de l’ONG britannique Conflict and Environment Observatory
Des risques accrus avec la guerre
Selon les experts, le conflit russo-ukrainien pourrait avoir joué un rôle dans cet accident. Face aux frappes visant ses infrastructures pétrolières, la Russie aurait eu recours à des navires obsolètes et moins sécurisés pour transporter ses hydrocarbures. Les sanctions internationales limitant les exportations officielles de pétrole russe favoriseraient également l’émergence d’une « flotte fantôme » échappant aux règles de sécurité, faisant planer une menace permanente sur l’environnement.
Cette catastrophe écologique en Crimée souligne une nouvelle fois la fragilité des écosystèmes marins face aux activités humaines et aux enjeux géopolitiques. Si des accidents pétroliers de plus grande ampleur ont déjà eu lieu par le passé, les caractéristiques de la mer Noire et la complexité de la situation régionale rendent les conséquences potentielles de cette marée noire particulièrement préoccupantes. Un défi environnemental majeur qui appelle une réponse à la hauteur des enjeux.