C’est une déflagration qui secoue l’industrie automobile mondiale. Carlos Tavares, l’emblématique directeur général de Stellantis, a présenté sa démission ce dimanche 1er décembre lors d’une réunion extraordinaire du conseil d’administration. Une décision qui prend effet immédiatement, alors qu’il restait encore un an avant l’échéance de son mandat à la tête du groupe né en janvier 2021 de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler.
Divergences stratégiques en cause
Si ce départ brutal a de quoi surprendre, il intervient après des mois de tensions grandissantes au sommet de Stellantis. D’après des sources proches citées par Le Figaro qui a révélé l’information, Carlos Tavares et le conseil d’administration auraient connu des « divergences de vues » de plus en plus marquées ces derniers temps, conduisant à cette séparation prématurée « d’un commun accord ».
Des dissensions qui porteraient notamment sur la stratégie à adopter pour faire face aux immenses défis de transformation du secteur automobile, bousculé par l’électrification accélérée, le durcissement des normes environnementales et les nouveaux usages de mobilité. Le « cost killer » Carlos Tavares, connu pour sa rigueur et sa gestion sans concession, se serait heurté à une partie du conseil privilégiant une approche plus progressive et des investissements massifs.
Succession dans le flou
Signe de l’effet de sidération provoqué par cette annonce, Stellantis n’a pas été en mesure de nommer immédiatement un successeur à Carlos Tavares. Le conseil d’administration a indiqué qu’un nouveau directeur général serait désigné d’ici « le premier semestre 2025 ». D’ici là, c’est John Elkann, le président du conseil d’administration et homme fort de la famille Agnelli (premier actionnaire de Stellantis), qui assurera l’intérim à la tête d’un « comité exécutif ».
La recherche du prochain patron pour succéder à une figure comme Carlos Tavares, qui incarnait Stellantis depuis sa création, s’annonce complexe et potentiellement longue.
Une source industrielle proche du dossier
Chantiers prioritaires pour le futur patron
Quels que soient son profil et sa légitimité, le futur directeur général de Stellantis aura d’immenses chantiers à relever pour remettre le groupe sur les rails :
- Electrification : accélérer le virage vers les véhicules électriques et investir dans les batteries du futur
- Rationalisation : poursuivre les synergies entre les 14 marques du groupe, au risque de sabrer dans les effectifs
- Chine : redresser des positions commerciales extrêmement faibles sur le 1er marché mondial
- Software : rattraper le retard dans les systèmes d’info-divertissement et la conduite autonome
- Mobilités : préparer l’après-voiture individuelle avec des offres de mobilité servicielle
La gouvernance de Stellantis, fragile compromis entre capitalisme familial et managérial, sera également scrutée de près par les marchés pour éviter une crise de succession déstabilisatrice. L’avenir dira si le groupe parviendra à tenir son rang de 4ème constructeur automobile mondial sans son charismatique pilote Carlos Tavares…
