Imaginez-vous au volant d’une vieille Jaguar, roulant à travers les routes sinueuses du nord de l’Italie, un verre à la main, avec deux amis qui rient à gorge déployée malgré les blessures de la vie. C’est l’image saisissante que propose Le Dernier pour la route, un film italien présenté à Cannes 2025 dans la section Un certain regard. Cette comédie dramatique, réalisée par Francesco Sossai, capture l’essence d’une amitié brute et d’une quête d’évasion, mêlant humour et mélancolie avec une finesse rare. Mais qu’est-ce qui rend ce road-trip si spécial et pourquoi a-t-il marqué les esprits sur la Croisette ? Plongeons dans cette aventure cinématographique.
Un Road-Trip Italien qui Réinvente la Comédie
Le cinéma italien a toujours su mélanger rires et larmes, et Le Dernier pour la route s’inscrit dans cette tradition avec une audace moderne. L’histoire suit trois hommes d’âge mûr, des âmes cabossées par les aléas de l’existence, qui décident de fuir leurs montagnes pour une dernière virée vers Venise. Leur périple, rythmé par des arrêts dans des bars improbables, est une ode à l’amitié et à la liberté, mais aussi un miroir des désillusions de la vie. Francesco Sossai, dans son deuxième long-métrage, réussit à capturer cette alchimie fragile avec une mise en scène inventive.
Le film s’ouvre sur une séquence mémorable : un patron d’entreprise atterrit en hélicoptère devant une usine pour offrir une montre de luxe à un employé retraité. Cette introduction, à la fois absurde et drôle, donne le ton : on rit, mais on sent déjà la critique sociale pointer sous l’humour. Ce mélange d’ironie et de tendresse évoque les grandes comédies italiennes des années 1970, comme celles de Dino Risi ou Ettore Scola.
Des Personnages Attachants et Imparfaits
Au cœur du film, on trouve trois personnages principaux, chacun portant son lot de blessures. Carlobianchi, le moustachu charismatique, est un ancien ouvrier désabusé par le système. Son acolyte, un retraité tout juste honoré d’une montre ostentatoire, cache une fragilité touchante sous ses airs bourrus. Le troisième, plus jeune, apporte une énergie impulsive à ce trio improbable. Ensemble, ils forment un microcosme d’humanité, où les failles de chacun se transforment en force collective.
« Ce film, c’est une bouteille de bon vin : il pétille, il réchauffe, mais il laisse un arrière-goût doux-amer. »
Leur alchimie est portée par des dialogues ciselés, oscillant entre blagues grivoises et confessions poignantes. Les acteurs, dont les performances ont été saluées à Cannes, incarnent leurs rôles avec une authenticité désarmante. On rit de leurs maladresses, mais on s’attache surtout à leur humanité. Ce sont des anti-héros, des hommes ordinaires qui refusent de se résigner face à l’absurdité de leur quotidien.
Un Hommage à la Comédie à l’Italienne
Ce qui frappe dans Le Dernier pour la route, c’est sa capacité à revisiter le genre de la comédie à l’italienne tout en lui insufflant une modernité bienvenue. Les thèmes abordés – la précarité, le poids des conventions sociales, la quête de sens – résonnent avec notre époque. Pourtant, le film ne tombe jamais dans le piège du didactisme. Au contraire, il préfère montrer plutôt que dire, laissant les images et les situations parler d’elles-mêmes.
La mise en scène de Sossai est un véritable atout. Les plans, souvent baignés dans une lumière dorée, capturent la beauté des paysages italiens, des montagnes du nord aux canaux de Venise. Cette esthétique soignée contraste avec la rudesse des personnages, créant un équilibre visuel saisissant. Les scènes dans les bars, où le trio enchaîne les verres, sont filmées avec une énergie presque documentaire, renforçant l’impression d’être au plus près de leur intimité.
Quelques éléments clés qui font le charme du film :
- Humour grinçant : Les dialogues oscillent entre absurde et tendresse.
- Paysages italiens : Des montagnes aux ruelles de Venise, un voyage visuel.
- Trame sociale : Une critique subtile des injustices du système.
Une Critique Sociale Sous l’Humour
Sous ses airs de comédie légère, Le Dernier pour la route porte un regard acéré sur la société contemporaine. Les trois protagonistes, exclus du monde du travail ou marginalisés, incarnent une forme de révolte douce. Leur quête d’un dernier verre à Venise devient une métaphore de leur besoin de retrouver du sens dans un monde qui les a laissés sur le carreau. Ce sous-texte social, jamais appuyé, donne au film une profondeur inattendue.
Le film aborde aussi la question de l’alcool, non pas comme un simple ressort comique, mais comme un refuge face aux désillusions. Les verres s’enchaînent, mais ils sont moins une célébration qu’un moyen d’oublier. Cette nuance, subtilement intégrée au récit, évite tout manichéisme et rend les personnages encore plus humains.
Pourquoi ce Film a Conquis Cannes ?
Présenté dans la section Un certain regard, Le Dernier pour la route a séduit le public cannois par son mélange unique d’humour et d’émotion. Contrairement à d’autres films en compétition, souvent plus austères, celui-ci offre une bouffée d’air frais. Sa capacité à parler de sujets graves – la solitude, le déclassement – tout en faisant rire en fait une œuvre universelle.
Le festival de Cannes 2025, avec sa programmation éclectique, a mis en lumière des films audacieux, et ce road-trip italien s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Les spectateurs ont applaudi la liberté de ton du film, son rythme enlevé et ses personnages attachants. Certains y ont vu une fable sur l’amitié, d’autres une réflexion sur le temps qui passe. Cette polysémie est sans doute l’une des grandes forces de l’œuvre.
« On rit, on pleure, et on a envie de prendre la route avec eux. »
Un Équilibre Parfait entre Rire et Mélancolie
Ce qui rend Le Dernier pour la route si spécial, c’est son aptitude à naviguer entre les émotions sans jamais perdre son cap. Les moments de franche rigolade – comme une dispute hilarante autour d’une bouteille de vin – côtoient des instants de pure tendresse, où les personnages se confient sur leurs regrets. Cette alternance crée un rythme captivant, qui maintient le spectateur en haleine jusqu’à la dernière scène.
La bande-son, mêlant chansons populaires italiennes et compositions originales, amplifie cette dualité. Les mélodies entraînantes accompagnent les moments de joie, tandis que des notes plus graves soulignent les instants de doute. Ce soin apporté à la musique renforce l’immersion et fait écho à la richesse émotionnelle du film.
Un Réalisateur à Suivre
Francesco Sossai, encore peu connu du grand public, signe avec ce film une œuvre qui confirme son talent. Son premier long-métrage avait déjà attiré l’attention des critiques, mais Le Dernier pour la route marque une étape décisive dans sa carrière. Sa direction d’acteurs, précise et sensible, permet à chaque personnage de briller, tandis que sa vision artistique donne au film une identité forte.
Sossai excelle dans l’art de transformer des situations banales en moments de poésie. Une simple halte dans un bar de campagne devient, sous sa caméra, une scène vibrante d’humanité. Cette capacité à sublimer le quotidien rappelle le travail de réalisateurs comme Paolo Sorrentino, bien que Sossai opte pour une approche plus intimiste.
Aspect du film | Points forts |
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Mise en scène | Inventive, visuellement riche, équilibre entre réalisme et poésie. |
Acteurs | Performances authentiques, alchimie parfaite entre les trois protagonistes. |
Thèmes | Amitié, désillusions, quête de liberté, critique sociale subtile. |
Un Film qui Parle à Tous
Si Le Dernier pour la route a séduit à Cannes, c’est aussi parce qu’il parle à un public large. Les trentenaires y verront une réflexion sur les choix de vie, les quinquagénaires un écho à leurs propres désillusions, et les plus jeunes une ode à l’amitié. Cette universalité, rare dans le cinéma contemporain, fait du film une œuvre à part.
Le voyage des trois amis, bien que géographiquement limité aux routes italiennes, devient une métaphore universelle de la recherche de sens. Qui n’a jamais rêvé de tout plaquer pour une dernière virée, un dernier verre, un dernier éclat de rire ? C’est cette question, simple mais profonde, qui donne au film sa résonance.
Un Voyage à Ne Pas Manquer
En somme, Le Dernier pour la route est une pépite cinématographique qui mêle humour, émotion et réflexion sociale avec une aisance remarquable. Francesco Sossai signe un film qui reste en tête longtemps après le générique de fin, porté par des personnages inoubliables et une mise en scène inspirée. Si vous cherchez une œuvre qui vous fasse rire, réfléchir et peut-être même verser une larme, ce road-trip italien est fait pour vous.
Alors, prêt à prendre la route avec ce trio improbable ? Ce film, présenté à Cannes 2025, est une invitation à célébrer la vie, malgré ses imperfections. Une chose est sûre : après avoir vu Le Dernier pour la route, vous aurez envie de trinquer à l’amitié, à la liberté, et peut-être même à un nouveau départ.