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Canal+, Havas, Louis Hachette : L’éclatement agité de Vivendi en Bourse

Les débuts agités en Bourse des sociétés issues du démantèlement de Vivendi. Canal+, Havas et Louis Hachette Group subissent des fortunes diverses pour leur première semaine de cotation. La stratégie de Vincent Bolloré sera-t-elle payante ?

Le grand empire médiatique Vivendi vient de vivre une semaine mouvementée. Son éclatement en quatre entités distinctes, Canal+, Havas, Louis Hachette Group et Vivendi SE, a suscité de vives réactions sur les marchés financiers. Retour sur une première semaine de cotation aux fortunes diverses pour ces géants de l’audiovisuel, de la publicité et de l’édition, désormais livrés à eux-mêmes.

Canal+ essuie une lourde chute

Premier constat : le bouillon le plus sévère a été pris par Canal+. Le titre du groupe audiovisuel a dévissé de près de 26% en une semaine à la Bourse de Londres. Une dégringolade encore plus spectaculaire lors de sa première journée de cotation, avec un plongeon de 29%. Du jamais vu depuis mars 2020, en pleine panique des marchés face à la pandémie de Covid-19.

Comment expliquer une telle déroute ? Selon plusieurs analystes, la scission voulue par Vincent Bolloré, l’homme fort de Vivendi, obligerait certains fonds d’investissement présents au capital à vendre leurs parts sur Canal+, faute de pouvoir les conserver avec le changement de périmètre et de place de cotation. Des ventes contraintes qui auraient alimenté la spirale baissière.

Havas et Louis Hachette Group limitent la casse

Du côté des deux autres grandes entités issues de Vivendi, le bilan est plus mitigé. Le géant publicitaire Havas a cédé 12% pour sa première semaine de cotation sur Euronext Amsterdam. Un recul significatif, mais moins violent que celui de Canal+.

Quant au nouvel ensemble Louis Hachette Group, regroupant les activités d’édition comme Hachette Livre et la presse avec des titres comme Paris Match et le JDD, il limite la casse avec un repli de seulement 4%. Une relative résistance qui s’explique notamment par son profil d’activité plus défensif et moins sensible à la conjoncture publicitaire que Canal+ ou Havas.

La nouvelle Vivendi monte, l’ancienne plonge

Fait notable : la nouvelle entité Vivendi SE, qui conserve des participations dans Universal Music Group et Telecom Italia, a vu son cours progresser de 3% pour son baptême boursier sur Euronext Paris. Une performance contrastée avec celle de l’ancienne Vivendi, dont l’action a chuté de 17% avec le lancement de la scission.

Une stratégie risquée pour Vincent Bolloré ?

Cette semaine difficile en Bourse interroge sur la pertinence de la stratégie de Vincent Bolloré. En éclatant son empire médiatique, l’industriel breton pariait sur une revalorisation de chaque activité, une fois séparée du conglomérat Vivendi. Un pari pour l’instant non gagnant au vu de la réaction des investisseurs.

On peut se demander si le marché a bien compris la logique industrielle et boursière de cette scission.

Un analyste financier

Certains observateurs pointent aussi du doigt une décote « de complexité » liée à l’organigramme touffu de l’empire Bolloré, et aux liens capitalistiques qui demeurent entre les différentes entités. Vincent Bolloré, qui n’occupe plus de fonctions opérationnelles chez Vivendi, reste en effet l’actionnaire de contrôle de l’ensemble via sa holding personnelle.

Vers un rebond des titres ?

Malgré ce démarrage en fanfare, plusieurs analystes veulent croire à un rebond des différents titres issus de Vivendi dans les prochaines semaines. Ils soulignent notamment le potentiel de croissance et les leaderships de Canal+, Havas et Hachette dans leurs secteurs respectifs.

  • Canal+ reste un acteur majeur de la télévision payante en Europe
  • Havas s’est imposé comme le premier groupe publicitaire français et le 6e mondial
  • Hachette est le 3e éditeur mondial de livres grand public et d’éducation

Des fondamentaux solides qui pourraient finir par l’emporter, une fois digérée la complexité de l’opération de scission. Vincent Bolloré est en tout cas habitué à jouer les parties d’échecs au long cours. Il faudra sans doute plusieurs mois, voire années, pour juger de la réussite ou de l’échec de son dernier coup stratégique. En attendant, les marchés gardent ces nouveaux titres sous haute surveillance.

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