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Canada Lance un Nouvel Oléoduc : Révolution Énergétique

Mark Carney signe un nouvel oléoduc géant pour exporter le pétrole canadien vers l’Asie et défie les écolos de son propre camp. Le Canada abandonne le plafonnement des émissions pétrolières… Mais jusqu’où ira ce virage ?

Et si le Canada venait de prendre la décision la plus controversée de son histoire récente ? Jeudi, le Premier ministre Mark Carney a paraphé un accord historique avec l’Alberta pour construire un nouvel oléoduc jusqu’à la côte Pacifique. Objectif affiché : exporter massivement le pétrole des sables bitumineux vers l’Asie et réduire la dépendance aux États-Unis.

Un virage à 180 degrés pour le Parti libéral, habituellement défenseur des ambitions climatiques. Le pays renonce même au plafonnement des émissions du secteur pétrolier. Beaucoup parlent déjà de trahison. D’autres y voient la seule solution pour relancer une économie fragilisée.

Un oléoduc pour changer la donne géopolitique

Le projet est clair : relier les immenses réserves de l’Alberta à un nouveau port en eau profonde en Colombie-Britannique. De là, les tankers pourront charger direction la Chine, le Japon ou la Corée du Sud. Fini le quasi-monopole américain qui achetait 99 % du pétrole canadien ces dernières années.

Mark Carney l’a répété devant les caméras : « Avoir un pipeline vers l’Asie est une priorité absolue. » À ses côtés, Danielle Smith, Première ministre conservatrice de l’Alberta, ne cachait pas son sourire. Pour elle, les dix dernières années sous Justin Trudeau ont été « extrêmement difficiles » pour l’industrie.

« Un grand jour pour le Canada. Cet accord va nous rendre plus indépendants, plus résilients et plus forts. »

Mark Carney, Premier ministre

Pourquoi maintenant ? La menace Trump au cœur de la décision

Personne ne s’y trompe. Si Ottawa bouge aussi vite, c’est parce que Washington redevient imprévisible. La guerre commerciale relancée par Donald Trump menace directement les exportations canadiennes. Taxes douanières, renégociation musclée de l’accord de libre-échange… le risque est réel.

Diversifier les marchés devient une question de survie. L’Asie, avec sa soif croissante d’énergie, représente l’alternative idéale. Le nouveau pipeline permettrait d’écouler des centaines de milliers de barils supplémentaires par jour vers des clients prêts à payer le prix fort.

En clair, le Canada refuse de rester l’otage énergétique de son grand voisin du sud.

Le rêve de la « superpuissance énergétique »

Depuis son élection en avril, Mark Carney répète qu’il veut faire du Canada une superpuissance énergétique mondiale. L’accord signé jeudi est la première pierre concrète de cette ambition.

Concrètement, cela signifie :

  • Augmenter fortement la production de pétrole et de gaz
  • Construire les infrastructures nécessaires pour exporter partout
  • Attirer des milliards d’investissements étrangers
  • Créer des dizaines de milliers d’emplois, surtout dans l’Ouest

Pour l’Alberta, c’est une bouffée d’oxygène. La province possède les troisièmes réserves prouvées de pétrole au monde grâce aux sables bitumineux. Mais elle souffre depuis des années d’un manque cruel d’accès aux marchés mondiaux.

Un revirement idéologique spectaculaire pour les libéraux

Le plus frappant reste le changement de cap du Parti libéral. Pendant dix ans, Justin Trudeau avait multiplié les mesures contraignantes : taxe carbone, moratoire sur les tankers, études environnementales interminables… Tout cela semble appartenir au passé.

Aujourd’hui, le gouvernement fédéral annonce carrément l’abandon du plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier, mesure pourtant votée mais jamais appliquée. Danielle Smith s’est félicitée de voir supprimer « des lois qui pèsent sur le climat d’investissement ».

Ce n’est plus un simple ajustement de politique. C’est une rupture profonde avec l’héritage Trudeau.

Le captage de carbone, la parade climatique de Carney

Face aux critiques inévitables, Mark Carney brandit un argument massue : le Canada va lancer le plus grand projet de captage et stockage de carbone au monde. Des installations gigantesques qui aspireront le CO2 directement à la sortie des usines et des raffineries pour l’enfouir sous terre.

Le message est clair : oui, on produit plus de pétrole, mais on compense avec des technologies de pointe. Le GIEC lui-même considère le captage comme une solution crédible pour décarboner les industries difficiles à électrifier.

Mais les écologistes restent sceptiques. Pour beaucoup, c’est une forme de greenwashing sophistiqué : on continue à extraire et à brûler des combustibles fossiles en promettant de nettoyer derrière.

Les Premières Nations déjà vent debout

Le tracé prévu traverse des territoires autochtones en Colombie-Britannique. Plusieurs communautés ont d’ores et déjà annoncé leur opposition farouche. Elles se souviennent du combat acharné contre le projet Coastal GasLink ou l’extension de Trans Mountain.

Le protocole d’entente prévoit des consultations, mais le calendrier est serré : proposition formelle attendue pour juillet 2026. Beaucoup craignent que la concertation soit bâclée au nom de l’urgence économique.

Un calendrier ambitieux et des obstacles prévisibles

Voici les grandes étapes annoncées :

  1. Juillet 2026 : proposition technique et tracé définitif
  2. 2026-2028 : consultations publiques et autochtones
  3. 2029-2032 : phase de construction
  4. 2033 : mise en service espérée

Mais l’histoire récente montre que ces méga-projets prennent souvent dix à quinze ans entre l’idée et le premier baril. Rien ne garantit que ce nouvel oléoduc échappe aux recours judiciaires, manifestations et blocages.

Ce que cela dit de l’état du monde en 2025

Derrière cette décision canadienne se cache une réalité brutale : malgré les beaux discours sur la transition, la demande mondiale de pétrole reste forte. L’Asie construit encore des centrales au charbon et importe massivement des hydrocarbures.

Dans ce contexte, Ottawa choisit le pragmatisme économique sur l’idéal climatique pur. C’est un pari risqué. Si les prix du pétrole s’effondrent ou si la transition s’accélère plus vite que prévu, le Canada pourrait se retrouver avec une infrastructure hors de prix et obsolète.

Mais si la demande reste soutenue encore vingt ans, ce pipeline pourrait rapporter des centaines de milliards et changer durablement la balance commerciale du pays.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Le Canada doit-il saisir cette opportunité économique au risque de compromettre ses engagements climatiques ? Ou faut-il au contraire tout miser sur les énergies renouvelables et le captage carbone pour rester un leader vert ?

Une chose est sûre : avec Mark Carney aux commandes, le pays entre dans une ère radicalement nouvelle. L’accord signé jeudi n’est qu’un début. D’autres projets du même genre pourraient suivre rapidement.

Le Canada est à la croisée des chemins. Entre indépendance énergétique et responsabilité climatique, le choix est cornélien. Mais il est fait.

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