C’est un pan sombre et méconnu de l’histoire canadienne qui refait surface. Le gouvernement fédéral a officiellement présenté ses excuses aux Inuits du Nunavik pour l’abattage massif de leurs chiens de traîneau par des policiers dans les années 1950 et 1960. Un geste lourd de conséquences pour ces communautés autochtones pour qui ces animaux étaient bien plus que de simples bêtes de somme.
Plus d’un millier de chiens tués, un mode de vie anéanti
Selon un rapport publié en 2010, les forces de l’ordre canadiennes auraient abattu plus de 1000 chiens appartenant aux autochtones de la région du Nunavik, dans le nord du Québec. Une tuerie d’une ampleur inouïe, menée “sans tenir compte des conséquences sérieuses et difficiles pour les propriétaires et leurs familles”, souligne le document.
Car pour les Inuits, ces chiens de traîneau n’étaient pas de vulgaires animaux. Ils étaient “essentiels pour la chasse, le piégeage et la pêche”, des activités dont dépendait la survie même de ces communautés nordiques. En les exterminant, c’est tout un mode de vie ancestral qui a été mis à mal.
Des excuses attendues depuis des décennies
Si les faits remontent à plus d’un demi-siècle, il aura fallu attendre 2022 pour que le Canada reconnaisse officiellement sa responsabilité dans ce drame. Une attente interminable pour les victimes et leurs descendants, pour qui la douleur est toujours vive.
Les actes et l’inaction qui ont conduit à l’abattage massif des chiens de traîneau ont infligé aux familles inuites des souffrances et des difficultés qu’aucune d’entre elles n’aurait dû avoir à endurer.
Gary Anandasangaree, ministre des Relations Couronne-Autochtones
Outre des excuses publiques, le gouvernement canadien a également annoncé le versement de 45 millions de dollars canadiens (30 millions d’euros) de compensation à la communauté du Nunavik. Un geste nécessaire mais qui ne pourra effacer des décennies de traumatismes.
Une réconciliation en marche
Ces excuses s’inscrivent dans un processus plus large de réconciliation entre le Canada et ses peuples autochtones. Un chemin semé d’embûches, jalonné par la reconnaissance progressive des torts historiques infligés à ces populations.
En 2019, des excuses similaires avaient été présentées aux Inuits du Nunavut pour l’abattage de leurs chiens de traîneau. Signe que le Canada s’efforce, lentement mais sûrement, de tourner les pages les plus sombres de son passé colonial.
Mais au-delà des mots, c’est par des actes concrets que se mesurera la sincérité de cette démarche. Pour les autochtones du Nunavik et d’ailleurs, le chemin vers la guérison et la confiance retrouvée sera long. La blessure, elle, restera à jamais gravée dans leur mémoire collective.