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Cameroun : Un Allié de Biya Défie la Présidentielle 2025

Un allié historique de Paul Biya se lance dans la course à la présidentielle 2025 au Cameroun. Ce choix audacieux pourrait bouleverser l'équilibre politique. Quel impact sur le scrutin ?

À trois mois de l’élection présidentielle au Cameroun, une annonce inattendue vient bouleverser le paysage politique. Bello Bouba Maïgari, figure emblématique et allié de longue date du président Paul Biya, a décidé de se lancer dans la course à la présidence. Cette décision, prise après des mois de pression des militants de son parti, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), marque un tournant majeur. Pourquoi cet homme, fidèle au pouvoir depuis des décennies, choisit-il aujourd’hui de défier le système qu’il a longtemps soutenu ? Plongeons dans les détails de cette candidature qui pourrait redessiner les contours de la politique camerounaise.

Un Vent de Changement dans la Politique Camerounaise

Le Cameroun se prépare à une élection présidentielle cruciale en octobre 2025, et l’annonce de la candidature de Bello Bouba Maïgari, ministre d’État du Tourisme et des Loisirs, ne passe pas inaperçue. À 78 ans, cet homme politique expérimenté, qui a occupé des postes clés sous le régime de Paul Biya, dont celui de Premier ministre entre 1982 et 1983, a surpris en se positionnant comme un concurrent direct. Lors d’une conférence de presse à Yaoundé, il a déclaré avoir accepté la candidature après une réunion extraordinaire du comité central de l’UNDP, son parti. Cette décision répond à une demande pressante des militants, qui dénoncent la mal-gouvernance, la corruption et les injustices du système actuel.

Après les délibérations et l’approbation du comité central, j’ai accepté d’être candidat à l’élection présidentielle en octobre 2025.

Bello Bouba Maïgari, président de l’UNDP

Cette prise de position intervient dans un contexte où d’autres figures politiques, comme Issa Tchiroma Bakary, également originaire du nord du pays, ont récemment annoncé leur candidature. Ces mouvements laissent présager une fragmentation de l’électorat dans une région clé, représentant environ 40 % du corps électoral national. Alors que Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, n’a pas encore confirmé sa participation au scrutin, les candidatures de ses anciens alliés pourraient fragiliser son parti, le RDPC.

Bello Bouba Maïgari : Un Parcours Politique Remarquable

Bello Bouba Maïgari n’est pas un novice en politique. Originaire du nord du Cameroun, il s’est imposé comme une figure incontournable depuis les années 1980. Ancien Premier ministre sous Ahmadou Ahidjo, il a ensuite rejoint le gouvernement de Paul Biya, occupant divers postes ministériels. Son parti, l’UNDP, a joué un rôle clé dans la coalition au pouvoir depuis 1997, après avoir été un adversaire de taille lors de l’élection présidentielle de 1992, où Bello Bouba s’était classé troisième derrière Biya et l’opposant anglophone John Fru Ndi.

Son expérience et son ancrage dans le nord du pays en font un acteur politique influent. Cependant, sa décision de ne pas quitter son poste ministériel tout en se présentant à la présidentielle soulève des questions. Cherche-t-il à maintenir un pied dans le gouvernement tout en défiant le système ? Cette stratégie pourrait lui permettre de conserver une certaine influence, tout en capitalisant sur le mécontentement croissant des électeurs face à la gestion du pays.

Fait marquant : En 1992, l’UNDP avait marqué les esprits en se positionnant comme une force d’opposition crédible, avant de rejoindre la majorité présidentielle cinq ans plus tard.

Pourquoi Cette Candidature Change la Donne

L’annonce de Bello Bouba Maïgari intervient dans un contexte politique tendu. Le nord du Cameroun, qui représente une part significative de l’électorat, a longtemps été un bastion du RDPC. Cependant, les candidatures de Bello Bouba et d’Issa Tchiroma Bakary, tous deux issus de cette région, pourraient diviser cet électorat. Cette fragmentation pourrait bénéficier à l’opposition, qui cherche à capitaliser sur le mécontentement populaire face à la corruption et à la stagnation économique.

Les militants de l’UNDP, en soutenant Bello Bouba, expriment un ras-le-bol face à ce qu’ils perçoivent comme une gestion inefficace du pays. Ils pointent du doigt des problèmes structurels, tels que :

  • Une mal — gouvernance généralisée, marquée par un manque de transparence.
  • Des injustices sociales qui creusent les inégal ités entre les régions.
  • Une corruption endémique qui paralyse le développement économique.

Ces griefs, partagés par une partie de la population, pourraient donner à Bello Bouba une base électorale solide, notamment dans le nord. Cependant, sa longue association avec le régime de Biya pourrait également être perçue comme un handicap par certains électeurs, qui pourraient douter de sa capacité à incarner un réel changement.

Une Reconfiguration du Paysage Électoral

L’entrée en lice de Bello Bouba Maïgari s’ajoute à une liste déjà fournie de candidats déclarés pour la présidentielle. Parmi eux, des figures comme Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Cabral Libii du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), Joshua Osih du Social Democratic Front (SDF) et Serge Espoir Matomba du Peuple uni pour la rénovation sociale (PURS). Cette diversité de candidatures reflète une volonté croissante de renouvellement politique, mais elle pourrait également fragmenter les voix de l’opposition.

Le tableau suivant résume les principaux candidats déclarés à ce jour :

Candidat Parti Origine régionale
Bello Bouba Maïgari UNDP Nord
Issa Tchiroma Bakary Indépendant Nord
Maurice Kamto MRC Ouest
Cabral Libii PCRN Centre

Cette multiplicité de candidatures pourrait compliquer la tâche de l’opposition, qui devra trouver un moyen de s’unir pour peser face au RDPC. En parallèle, le parti au pouvoir devra ajuster sa stratégie pour contrer l’émergence de ces nouveaux challengers, notamment dans le nord, où son influence pourrait être mise à rude épreuve.

Paul Biya : Une Candidature Toujours Incertaine

À 92 ans, Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quatre décennies, reste une figure centrale du paysage politique camerounais. Cependant, son âge avancé et les critiques croissantes contre son administration rendent sa candidature incertaine. Si le président décide de se présenter, il devra faire face à une concurrence accrue, y compris de la part d’anciens alliés comme Bello Bouba et Issa Tchiroma. Cette situation pourrait pousser le RDPC à revoir ses alliances et à intensifier ses efforts pour mobiliser son électorat.

Les candidatures de Bello Bouba Maïgari et d’Issa Tchiroma Bakary pourraient fragmenter l’électorat du nord, longtemps fidèle au RDPC.

Analyse politique

Le nord du Cameroun, avec ses 40 % de l’électorat national, jouera un rôle déterminant dans l’issue du scrutin. La popularité de Bello Bouba dans cette région, combinée à son discours critique envers la gestion actuelle, pourrait séduire les électeurs déçus par le statu quo. Cependant, sa longue association avec le régime pourrait également alimenter le scepticisme.

Quels Enjeux pour l’Avenir du Cameroun ?

La candidature de Bello Bouba Maïgari soulève des questions cruciales sur l’avenir politique du Cameroun. Dans un pays marqué par des tensions régionales, des crises économiques et des accusations de corruption, cette élection pourrait être un moment charnière. Les principaux enjeux incluent :

  • Unité nationale : Les critiques de l’UNDP sur les injustices sociales mettent en lumière les fractures régionales, notamment entre le nord et le sud.
  • Renouvellement politique : La multiplication des candidatures reflète une aspiration à un changement de leadership.
  • Stabilité économique : Les électeurs attendent des solutions concrètes pour relancer une économie fragilisée.

Pour les observateurs, cette élection pourrait marquer un tournant, avec l’émergence de nouveaux acteurs politiques et un possible affaiblissement du RDPC. Cependant, le parti au pouvoir dispose encore de ressources importantes, notamment en termes d’organisation et de contrôle des institutions.

Un Scrutin Sous Haute Tension

À mesure que la date du scrutin approche, les stratégies des différents camps se précisent. L’opposition, bien que divisée, semble déterminée à capitaliser sur le mécontentement populaire. De son côté, le RDPC devra relever le défi de maintenir son emprise sur le nord tout en contrant les critiques sur son bilan. La candidature de Bello Bouba Maïgari, en particulier, pourrait jouer un rôle de catalyseur, en obligeant tous les acteurs à repenser leurs alliances et leurs discours.

Pour les électeurs camerounais, ce scrutin représente une opportunité de faire entendre leur voix. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si cette élection marquera un véritable tournant ou si elle consolidera l’ordre établi. Une chose est sûre : avec des figures comme Bello Bouba dans la course, la campagne s’annonce intense et imprévisible.

À retenir : La candidature de Bello Bouba Maïgari, alliée à celle d’autres figures du nord, pourrait redessiner les équilibres électoraux et fragiliser le parti au pouvoir.

En conclusion, l’annonce de Bello Bouba Maïgari comme candidat à la présidentielle de 2025 est bien plus qu’un simple événement politique. Elle reflète les aspirations et les frustrations d’une population en quête de changement, tout en mettant en lumière les fissures au sein de la majorité au pouvoir. Alors que le Cameroun s’apprête à vivre une campagne électorale sous haute tension, une question demeure : cette élection marquera-t-elle la fin d’une ère ou le renforcement d’un système en place depuis des décennies ? Seule la voix des électeurs pourra trancher.

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