Imaginez un pays où exprimer votre opinion peut vous conduire derrière les barreaux pour des années. Au Cameroun, cette réalité touche des dizaines de personnes, arrêtées pour avoir osé manifester pacifiquement. À l’approche d’une élection présidentielle cruciale en octobre 2025, les projecteurs se tournent vers un système politique où la liberté d’expression semble compromise. Cet article explore la situation alarmante des 36 opposants détenus depuis 2020, les accusations d’injustice et les appels urgents à leur libération.
Une Répression qui Dure Depuis 2020
En septembre 2020, des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), un parti d’opposition, ont participé à des marches pacifiques pour contester le pouvoir en place. Leur tort ? Avoir exprimé leur désaccord avec un système politique dominé par le président Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quatre décennies. Ces manifestations, qui se voulaient non violentes, ont conduit à l’arrestation de 47 personnes, dont 36 restent incarcérées à ce jour.
Condamnés à des peines allant d’un à sept ans de prison, ces militants font face à des accusations graves telles que la rébellion ou la tentative d’insurrection. Pourtant, selon des organisations internationales, leur seul crime a été de revendiquer leurs droits fondamentaux. Cette situation soulève des questions brûlantes sur la démocratie et les libertés au Cameroun.
Amnesty International Tire la Sonnette d’Alarme
Dans un communiqué récent, Amnesty International a qualifié la détention de ces 36 opposants d’arbitraire et a exigé leur libération immédiate. Marceau Sivieude, directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, a dénoncé une situation où ces individus n’ont commis aucun délit, sinon celui de s’exprimer librement.
Les autorités camerounaises doivent immédiatement libérer ces personnes, qui n’ont commis aucun crime si ce n’est celui d’avoir exprimé leur opinion.
Marceau Sivieude, Amnesty International
Ce n’est pas la première fois que des voix s’élèvent contre ces détentions. Dès 2022, un groupe de travail des Nations unies avait pointé du doigt le caractère illégal des procès devant des tribunaux militaires, une pratique jugée incompatible avec les standards internationaux des droits humains.
Un Contexte Électoral Tendu
À quelques semaines de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le climat politique au Cameroun est sous haute tension. Paul Biya, âgé de 92 ans et président depuis 1982, brigue un huitième mandat. Face à lui, 11 candidats, mais l’exclusion de figures majeures de l’opposition, comme Maurice Kamto, leader du MRC, alimente les critiques.
Le rejet de la candidature de Kamto par le Conseil constitutionnel a suscité de nouvelles vagues de protestations. Début août, 54 sympathisants du MRC ont été arrêtés près du Conseil constitutionnel pour incitation à la révolte. Bien que libérés sous caution, cet épisode illustre la volonté des autorités de restreindre l’espace civique.
Quelques faits marquants :
- 2020 : Arrestation de 47 militants du MRC lors de marches pacifiques.
- 2022 : Rapport de l’ONU dénonçant des procès illégaux devant des tribunaux militaires.
- Août 2025 : Arrestation temporaire de 54 sympathisants près du Conseil constitutionnel.
Les Tribunaux Militaires : Une Arme contre les Civils ?
L’utilisation des tribunaux militaires pour juger des civils est une pratique particulièrement controversée. Selon les experts de l’ONU, ces juridictions ne garantissent pas l’équité des procès, violant ainsi les principes fondamentaux des droits humains. Les condamnations prononcées contre les militants du MRC en sont un exemple flagrant.
Un cas récent illustre cette dérive : un homme, arrêté à Douala après avoir publié des vidéos critiquant le rejet de la candidature de Maurice Kamto, a été emprisonné sur ordre d’un tribunal militaire. Cette affaire montre à quel point les autorités cherchent à museler toute forme de dissidence.
Un Espace Civique en Péril
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains a récemment exprimé ses inquiétudes face à la réduction de l’espace civique au Cameroun. À l’approche de la présidentielle, les restrictions imposées aux opposants et aux manifestants pacifiques compromettent la possibilité pour les électeurs de s’exprimer librement.
Ces restrictions ne se limitent pas aux arrestations. Les militants font face à des accusations vagues, souvent sans preuves concrètes, et les procès se déroulent dans des conditions opaques. Cette situation alimente un sentiment d’injustice parmi la population et les organisations internationales.
Paul Biya : Un Règne sans Fin ?
À 92 ans, Paul Biya est le chef d’État le plus âgé au monde. Au pouvoir depuis 43 ans, son règne est marqué par une longévité exceptionnelle, mais aussi par des accusations de répression et d’autoritarisme. La campagne électorale, qui débute officiellement ce samedi, s’annonce comme un moment clé pour évaluer la santé démocratique du pays.
Pourtant, les obstacles rencontrés par l’opposition, comme l’exclusion de Maurice Kamto, jettent une ombre sur la transparence du scrutin. Les 11 autres candidats auront fort à faire pour concurrencer un système politique solidement ancré.
Événement | Date | Conséquence |
---|---|---|
Arrestations de 2020 | Septembre 2020 | 36 opposants toujours détenus |
Rapport ONU | Novembre 2022 | Dénonciation des procès illégaux |
Arrestations près du Conseil | Août 2025 | Libération sous caution |
Que Peut-on Attendre de l’Avenir ?
Alors que la campagne électorale s’ouvre, les regards sont tournés vers les autorités camerounaises. Les appels d’Amnesty International et des Nations unies résonnent comme un avertissement : sans respect des droits fondamentaux, la légitimité du scrutin risque d’être remise en question.
Les 36 opposants toujours emprisonnés symbolisent un combat plus large pour la liberté d’expression et la justice. Leur sort, ainsi que celui des autres militants arrêtés récemment, sera un indicateur clé de l’évolution démocratique du Cameroun.
Pour les citoyens camerounais, l’enjeu est clair : auront-ils la possibilité de choisir librement leur avenir ? À l’heure où le pays se prépare à un scrutin historique, la réponse reste incertaine.
Pourquoi cette situation concerne-t-elle le monde entier ?
- Violation des droits humains universels.
- Impact sur la stabilité politique en Afrique centrale.
- Précédent pour d’autres régimes autoritaires.
En conclusion, la situation au Cameroun est un rappel poignant des défis auxquels font face les démocraties fragiles. Les 36 opposants détenus, les restrictions de l’espace civique et l’utilisation des tribunaux militaires soulignent l’urgence d’une réforme. Alors que le pays s’apprête à voter, le monde observe. La question demeure : le Cameroun saisira-t-il cette opportunité pour avancer vers plus de justice et de liberté ?