Alors que la France était encore sous le choc après la mort tragique de Nahel, 17 ans, tué par le tir d’un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, une cagnotte de soutien au fonctionnaire a été lancée par Jean Messiha, déclenchant une vive polémique. Malgré une plainte déposée par la famille du jeune homme, l’enquête vient finalement d’être classée sans suite. Retour sur une affaire qui a mis en lumière les profondes fractures de la société française.
La cagnotte qui passe mal
Quelques jours seulement après la mort de Nahel, Jean Messiha, ancien porte-parole d’Éric Zemmour, a lancé une cagnotte en ligne pour soutenir Florian M., le policier mis en examen pour homicide volontaire et incarcéré. Une initiative qui a rapidement suscité l’indignation, beaucoup y voyant une provocation en pleine période de tensions. Malgré les critiques, la cagnotte a rencontré un franc succès, récoltant plus de 1,6 million d’euros.
La famille de Nahel porte plainte
Face à cette situation, la famille de Nahel, représentée par Me Yassine Bouzrou, a décidé de contre-attaquer en portant plainte contre Jean Messiha pour escroquerie en bande organisée, estimant que l’ancien haut fonctionnaire avait trompé les donateurs avec des “manœuvres frauduleuses” et des “mensonges”. Une plainte qui témoigne de la douleur et de la colère des proches du jeune homme.
“La famille de Nahel, contre toute attente, avait décidé de porter plainte contre moi pour escroquerie en bande organisée. J’avais interrogé les avocats, tout le monde m’avait dit ‘ça ne tient pas debout'”
– Jean Messiha sur CNews
Enquête classée malgré la polémique
Après plusieurs mois d’enquête, et malgré l’ampleur de la polémique, le parquet de Paris a finalement décidé de classer sans suite la plainte visant Jean Messiha, estimant que l’infraction était “insuffisamment caractérisée”. Une décision qui risque de raviver les tensions, beaucoup dénonçant un “deux poids, deux mesures” dans le traitement de l’affaire.
Une affaire révélatrice des fractures françaises
Au-delà de son aspect purement judiciaire, la polémique autour de cette cagnotte est symptomatique des profondes divisions qui traversent la société française. D’un côté, ceux qui voient dans ce soutien au policier une forme de solidarité légitime envers les forces de l’ordre ; de l’autre, ceux qui y perçoivent un manque de compassion envers les victimes de violences policières et leurs familles. Des tensions que les responsables politiques peinent à apaiser.
Cette affaire aura en tout cas marqué les esprits et les débats, bien au-delà du seul cas de Nahel. Elle pose la question de la juste place de l’émotion et des réseaux sociaux dans les affaires judiciaires, mais aussi celle de la confiance entre police et population, mise à mal par une succession de drames. Autant de défis cruciaux pour le pays, qui nécessiteront un vrai travail de fond pour retisser le lien social.