Imaginez rentrer chez vous un soir de match, excité par la performance de votre équipe nationale, pour découvrir que les bus habituels ne passent plus par votre quartier. C’est la réalité que vivent certains habitants de Bruxelles ces jours-ci, alors que la Coupe d’Afrique des Nations bat son plein au Maroc.
La passion pour le football unit des millions de personnes, mais elle peut aussi révéler des fractures sociales profondes. En Belgique, une décision récente d’une compagnie de transports publics a mis le feu aux poudres, soulignant les tensions entre sécurité, célébrations populaires et perception des quartiers multiculturels.
Au cœur de cette affaire : les matchs de l’équipe marocaine, qui suscitent un engouement massif parmi la diaspora à Bruxelles. Mais cette joie collective ravive aussi des souvenirs d’incidents passés, poussant les autorités à prendre des mesures préventives.
Une Décision Controversée pour Protéger Chauffeurs et Passagers
La société flamande de transports en commun a annoncé que plusieurs lignes de bus seraient déviées les soirs de matchs importants du Maroc lors de la CAN 2025. Concrètement, après 21 ou 22 heures, ces bus éviteront certains quartiers du nord de Bruxelles, dont une commune particulièrement touchée.
Cette mesure concerne spécifiquement les rencontres contre le Mali le 26 décembre et contre la Zambie le 29 décembre. Une vingtaine de lignes sont impactées, ne desservant plus les abords de la gare du Nord, ni des zones résidentielles populaires.
L’objectif affiché est clair : éviter que les véhicules et leurs conducteurs ne se retrouvent bloqués au milieu de rassemblements spontanés ou de potentielles échauffourées. La compagnie s’appuie sur des informations fournies par les forces de l’ordre, anticipant des célébrations qui pourraient dégénérer.
Nous voulons protéger notre personnel et assurer la fluidité du service pour les autres usagers.
Cette explication semble pragmatique pour certains, mais elle passe mal auprès des résidents concernés. Ils y voient une punition collective, fondée sur des stéréotypes plutôt que sur des faits actuels.
Les Précédents qui Pèsent Lourd dans les Mémoires
Pour comprendre cette prudence, il faut remonter à des événements plus anciens. Lors de la Coupe du Monde 2022, la victoire du Maroc face à la Belgique avait entraîné des scènes de liesse qui avaient mal tourné dans plusieurs villes européennes, dont Bruxelles.
Des groupes de jeunes avaient alors saccagé du mobilier urbain, lancé des projectiles sur les policiers, et même incendié des véhicules. Ces incidents, largement médiatisés, avaient marqué les esprits et renforcé l’idée que les célébrations footballistiques impliquant la communauté marocaine pouvaient échapper à tout contrôle.
Pourtant, lors du match d’ouverture de la CAN 2025 contre les Comores, aucun débordement notable n’a été signalé dans les quartiers bruxellois. Cela n’a pas suffi à rassurer la compagnie de transports, qui préfère anticiper plutôt que guérir.
Voici quelques éléments clés des incidents de 2022 :
- Jets de feux d’artifice sur les forces de l’ordre
- Véhicules et trottinettes endommagés
- Arrestations administratives en masse
- Intervention de canons à eau pour disperser les foules
Ces images choquantes contrastent avec les fêtes pacifiques organisées par la majorité des supporters. Mais les autorités retiennent surtout les risques pour la sécurité publique.
La Réaction Virulente du Bourgmestre Local
Le maire faisant fonction de la commune concernée n’a pas mâché ses mots. Il s’est dit abasourdi par cette décision unilatérale, qui pénalise directement les habitants quotidiens des transports en commun.
Pour lui, cette déviation suggère que les résidents de son quartier seraient potentiellement violents par défaut, une forme de stigmatisation inacceptable. Il souligne que la police locale n’a identifié aucun risque particulier pour cette édition de la CAN.
Cela laisse supposer que nos habitants sont violents de prime abord. C’est triste et stigmatisant.
Il compare aussi avec l’opérateur bruxellois principal, qui n’a pris aucune mesure similaire, même lors des grands succès marocains passés. Pourquoi une différence de traitement entre compagnies ? La question reste posée.
De plus, il rappelle un épisode récent où des supporters d’un autre club avaient causé des troubles bien plus graves, sans que cela n’entraîne de déviations généralisées. Cela renforce son sentiment d’injustice.
L’Impact Concret sur les Habitants
Au-delà du débat symbolique, cette mesure a des conséquences pratiques. Les résidents des quartiers évités se retrouvent isolés en soirée, obligés de trouver des alternatives pour rentrer chez eux.
Pour les familles, les travailleurs de nuit ou les personnes âgées, cela complique la vie quotidienne. Sans compter que ces déviations renforcent le sentiment d’exclusion dans des zones déjà perçues comme défavorisées.
Certains usagers expriment leur frustration :
- Trajets allongés et plus chers en taxi
- Attentes prolongées aux arrêts alternatifs
- Sentiment d’être punis pour les actes d’une minorité
- Crainte que cela devienne permanent
À l’inverse, les chauffeurs de bus se sentent plus en sécurité, un aspect non négligeable dans un métier exposé aux incivilités.
Le Contexte Plus Large de la Diaspora Marocaine en Belgique
La Belgique accueille une importante communauté d’origine marocaine, particulièrement concentrée à Bruxelles. Cette diaspora suit avec ferveur les exploits des Lions de l’Atlas, voyant en eux un symbole de fierté et de réussite.
Les succès sportifs du Maroc, comme la demi-finale historique à la Coupe du Monde 2022, ont été l’occasion de grandes célébrations pacifiques pour la plupart. Mais les débordements minoritaires ont éclipsé cette joie collective.
Aujourd’hui, avec la CAN organisée au Maroc, l’engouement est à son comble. Le pays hôte rêve d’un premier titre majeur depuis des décennies, et ses supporters à l’étranger vibrent à l’unisson.
Cette passion est une richesse culturelle, mais elle pose des défis aux autorités pour encadrer les rassemblements sans les réprimer.
Comparaison avec D’autres Événements Sportifs
Est-ce une mesure exceptionnelle ? Pas vraiment. Lors de grands événements footballistiques, des ajustements de transports sont courants pour éviter les zones de forte affluence.
Par exemple, pendant l’Euro ou la Coupe du Monde, des villes européennes modifient des itinéraires pour fluidifier le trafic. Mais ici, le ciblage précis d’un quartier à forte population immigrée soulève des questions d’équité.
Dans d’autres pays, comme aux Pays-Bas ou en France, des incidents similaires après des matchs du Maroc ont aussi conduit à des renforts policiers, sans toujours dévier les transports.
Une approche équilibrée pourrait consister en :
- Renforcement policier sur place
- Fan zones organisées pour canaliser la joie
- Dialogue préalable avec les communautés
- Mesures proportionnées aux risques réels
Vers une Solution Apaisée ?
Cette polémique arrive à un moment où la Belgique réfléchit à sa cohésion sociale. Les quartiers multiculturels comme celui concerné font face à des défis, mais aussi à une vitalité unique.
Peut-être que cette affaire pourrait ouvrir un dialogue constructif entre transporteurs, autorités locales et représentants communautaires. L’objectif : célébrer le sport sans pénaliser les innocents.
En attendant, les matchs continuent, et avec eux l’espoir que la passion reste sur le terrain. Le football, après tout, devrait unir plutôt que diviser.
Cette histoire nous rappelle que derrière chaque décision administrative se cachent des vies réelles, des fiertés nationales et des peurs légitimes. Trouver l’équilibre n’est jamais facile, mais essentiel pour une société harmonieuse.
Réflexion finale : La sécurité est primordiale, mais elle ne doit pas se faire au détriment de la dignité des citoyens. Espérons que les prochaines célébrations se déroulent dans la joie et le respect mutuel.
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